L’ancien président américain Bill Clinton et son épouse, Hillary, “font partie des personnalités de premier plan” à avoir reçu mardi une assignation à comparaître devant le Congrès américain, à la demande de la puissante commission parlementaire de supervision, qui enquête sur le défunt délinquant sexuel Jeffrey Epstein, rapporte la BBC.
“Au cours des 200 dernières années, seuls quatre autres anciens présidents ont reçu des assignations à comparaître de la part de commissions du Congrès, et seulement deux ont témoigné”, observe le diffuseur britannique.
Hillary Clinton est convoquée le 9 octobre prochain, son époux cinq jours plus tard. Mais “les assignations à comparaître constituent souvent le point de départ de négociations” au Congrès et “sont parfois repoussées” ou “contestées”, au gré des aléas “politiques et juridiques” autour des enquêtes, souligne CNN.
Voyages avec Epstein
La commission transpartisane, à majorité républicaine, a “ciblé” le couple Clinton pour “son association avérée” avec M. Epstein, explique la chaîne américaine : “De votre propre aveu, vous avez voyagé à bord de l’avion privé de Jeffrey Epstein à quatre reprises en 2002 et 2003”, affirme ainsi la lettre adressée à Bill Clinton par James Comer, le chef de la commission.
“Vous auriez également été proche de [l’ancienne compagne et complice de M. Epstein, Ghislaine] Maxwell, et auriez assisté à un dîner intime avec elle en 2014, trois ans après des informations publiques sur son implication dans les abus sexuels sur mineurs commis par M. Epstein”, ajoute en outre le courrier.
Quant à Hillary Clinton, elle est convoquée pour fournir aux parlementaires des explications sur “l’embauche du neveu de Maxwell pour sa campagne de 2008”, précise la chaîne.
Pression sur l’administration Trump
Outre les Clinton, la commission a convoqué six ex-ministres de la Justice, deux anciens chefs du FBI, et – en tant que personne morale – l’actuel ministère de la Justice, sommé de remettre les “dossiers Epstein complets, non expurgés […] au plus tard le 19 août 2025”, rapporte NBC News.
“Si le ministère de la Justice ne respectait pas ce délai, cela pourrait déclencher un affrontement très médiatisé entre l’administration Trump et le Congrès sur une question qui divise profondément les républicains”, analyse The New York Times.
“Au total, Comer a émis onze assignations à comparaître pour obtenir des documents et des témoignages couvrant deux décennies d’enquêtes antérieures sur Epstein”, résume The Washington Post. “Ses exigences ne font qu’accroître la pression sur l’administration Trump, qui se débat pour contenir les réactions négatives suscitées par son refus de publier des documents liés à ces enquêtes antérieures”, ajoute le titre.
Promesses de campagne non tenues
“Donald Trump tente actuellement de limiter les conséquences de sa décision de ne pas publier les dossiers gouvernementaux sur Epstein, en dépit de ses promesses répétées pendant sa campagne”, confirme la National Review.
Le magazine conservateur rappelle que le ministère de la Justice avait publié le mois dernier une note assurant qu’un examen systématique avait révélé l’absence de “liste de clients” incriminante. “Aucune preuve crédible n’a été trouvée qu’Epstein ait fait chanter des personnalités importantes dans le cadre de ses activités. Nous n’avons pas découvert d’éléments permettant d’ouvrir une enquête contre des tiers non inculpés”, avait affirmé le ministère.
Quoi qu’il arrive in fine, la simple décision de la commission d’envoyer ces assignations “intensifie l’examen transpartisan de la gestion de l’affaire Epstein par le ministère de la Justice et signale un regain d’intérêt pour d’éventuels liens avec des personnalités de haut rang”, juge Newsweek.