Un peu plus de quinze jours se sont écoulés depuis son dernier passage dans le box des prévenus. Le 18 juillet dernier, le quinquagénaire avait été reconnu coupable de violence aggravée, après avoir asséné, en mai dernier, un coup de poing au visage à une interprète en langue roumaine du tribunal judiciaire de Nice. Et condamné à une peine de 10 mois d’emprisonnement assortis d’un sursis simple et l’interdiction d’approcher la plaignante. Cette fois, il a été jugé pour avoir violé à plusieurs reprises cette interdiction judiciaire.

Des interdictions ignorées

Les faits les plus récents remontent au 2 août, lorsqu’il est interpellé à 14h30 par la police, en bas du domicile de la plaignante. « Je n’y étais pas tous les jours, mais souvent », a-t-il admis à la barre. A l’audience, l’homme a justifié sa présence en expliquant avoir voulu s’excuser, tout en continuant d’accuser de manière confuse l’interprète de l’avoir envoyé en prison dans une précédente affaire dans laquelle, elle l’avait accompagnée.

« Madame ne fait que traduire vos propos », a sèchement rappelé la présidente du tribunal, Isabelle Demarbaix. La victime, visiblement éprouvée, raconte que « tous les jours il était là. Je prenais des photos et des vidéos. Récemment, il m’a hurlé les pires injures depuis le bas de mon immeuble. » Et de conclure: « Je suis fatiguée physiquement et moralement. Je ne veux pas lui donner satisfaction, mais j’ai envie de pleurer ». Maître Emilie Farrugia, sur le banc de la partie civile, rappelle que depuis mai, le prévenu a été vu à plusieurs reprises jusque dans les étages de l’immeuble.

Un profil inquiétant?

Arrivé en France il y a deux ans, le prévenu est sans domicile fixe et dit survivre en faisant la manche. Il est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français depuis mai 2025, qu’il n’a pas non plus respectée. « Je n’ai pas les moyens pour partir », a-t-il expliqué.

Une expertise psychiatrique a conclu à l’absence de trouble pouvant altérer son discernement. Pour la procureure Sabine Neale, cette absence de pathologie mentale renforce « la dangerosité du prévenu ». Elle a requis 6 mois d’emprisonnement ferme avec mandat de dépôt, ainsi que la révocation de 6 mois de sursis. « On a l’impression qu’il se moque de nous. Pour la victime, cette situation est un cauchemar qui dure depuis mai », appuie-t-elle.

La défense dénonce une impasse

De son côté, Maître Sofyène Jamai, en défense, a reconnu la marginalité de son client: « Un homme ivre du matin au soir, un déchet de la société. » Il a plaidé pour une reconduite à la frontière plutôt qu’une incarcération: « Qui va payer? C’est vous, c’est moi! La peine doit être utile, pas seulement punitive. » Le tribunal a suivi, en partie, les réquisitions du parquet et condamné le prévenu à 6 mois de prison ferme, assortis d’un mandat de dépôt.