Politique

CHRONIQUE. Le maire de Grenoble se comporte et parle comme s’il n’était responsable en rien de l’état catastrophique de la ville qu’il gère depuis plus de dix ans. Il est vrai qu’il ne sera pas candidat à un troisième mandat de maire en 2026… Ses paroles et ses actes n’en sont pas moins symptomatiques de l’attitude d’une certaine gauche.

Publié le 6 août 2025 à 18h00

Éric Piolle pratique avec maestria l’inversion accusatoire lorsqu’il accuse les “riches” de vivre dans des “ghettos” alors qu’ils ne font que tenter de se protéger de la violence qu’il a laissé se développer. Photo © Raphael Lafargue- Pool/SIPA/2506181452

Éric Piolle pratique avec maestria l’inversion accusatoire lorsqu’il accuse les “riches” de vivre dans des “ghettos” alors qu’ils ne font que tenter de se protéger de la violence qu’il a laissé se développer. Photo © Raphael Lafargue- Pool/SIPA/2506181452

Lorsqu’on arrive à Grenoble par le pont de Catane, côté Vercors, on peut lire une pancarte installée par la municipalité indiquant à l’automobiliste qu’il entre dans une “métropole apaisée”. Quand on connaît la réalité de la criminalité et de la délinquance qui minent depuis des années cette ville, on se demande s’il s’agit d’humour noir ou de simple bêtise. Triste ironie de l’histoire, c’est d’ailleurs près de ce pont qu’a été agressée à coups de couteau une femme de 51 ans, fin juillet. Le couteau n’est d’ailleurs pas la seule arme utilisée, le CHU de Grenoble étant réputé pour son expertise concernant les blessures par balles.

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Les Grenoblois ont malheureusement intégré depuis longtemps cette insécurité. Les étudiants empruntent des parcours reliant les différents points de la ville où il est encore possible de “sortir” et évitent soigneusement les points de deal. Moyennant ces stratégies, ils peuvent rester de gauche et s’intéresser à la critique radicale du capitalisme, Science po Grenoble restant un haut lieu du gauchisme estudiantin. Ce qui ne les empêche pas de se faire racketter parfois sur le campus par les victimes du capitalisme et de la colonisation, ce à quoi ils consentent sans difficultés : c’est le prix à payer pour se repentir d’être descendants de colons !

La médiocrité de l’offre politique est le reflet de cette sociologie des élites.

On aurait tort de penser que la stupidité de la dernière déclaration d’Éric Piolle condamne son projet de devenir président de Grenoble Alpes Métropole lorsqu’il aura terminé son second mandat de maire. En déclarant à la presse locale que « casser les ghettos de riches » est la solution aux problèmes de la ville ou qu’il se « fout de l’insécurité » il tient un discours qui convient à nombre d’étudiants, d’ingénieurs et de passionnés de “nature” et d’écologie qui forment une bonne partie des “élites” locales. Grenoble est une ville que beaucoup d’entre eux choisissent comme simple “camp de base” pour gagner les montagnes et y pratiquer leurs loisirs favoris. On ferme volontiers les yeux sur ce qui s’y passe en accusant les caméras de vidéosurveillance d’être une atteinte à la liberté. À la liberté de qui ? Sans doute des voyous.

Les élites scientifiques et sportives, individualistes et dépolitisées, ont laissé sombrer la ville depuis longtemps, trop occupées d’elles-mêmes. La médiocrité de l’offre politique est le reflet de cette sociologie des élites. Si un processus de « ghettoisation » existe à Grenoble c’est à cause d’elles et de gens comme Piolle qui l’ont laissé se développer, abandonnant la population à la violence qui l’encercle. Et ce ne sont pas les riches qui subissent cette situation, mais l’ensemble de ceux qui aspirent à une vie civique normale, obligés de se retrancher derrière leurs murs pour ne pas se faire agresser au coin d’une rue, subissant la loi des quartiers les entourant. Éric Piolle inverse la cause et l’effet d’un ghetto grenoblois qu’il a lui-même contribué à produire.

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