Dans la nuit du 4 au 5 août, une femme sans-abri a accouché dans la salle de jeux d’un centre d’hébergement d’urgence à Grenoble. Aidée par une autre résidente, elle a donné naissance à une petite fille. La mère et l’enfant vont bien.

La Quotidienne Société

De la vie quotidienne aux grands enjeux, recevez tous les jours les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.

France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter « La Quotidienne Société ». Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

« Je suis très heureuse d’avoir mon bébé dans les bras », confie Bintou, la voix encore émue au téléphone. Ce mercredi 6 août, cette maman de 31 ans s’apprête à quitter l’hôpital avec sa petite fille, née dans des conditions pour le moins inattendues.

Dans la nuit du lundi 4 au mardi 5 août, la jeune femme de nationalité ivoirienne et sans domicile, a accouché dans la salle de jeux d’un accueil de nuit pour personnes sans solution d’hébergement à Grenoble. Les premières contractions ont commencé aux alentours de 1h du matin. « Ce n’était pas facile, mais ça a été rapide. Ça a duré jusqu’à 5 heures du matin », raconte-t-elle.

Je l’ai allongée sur des vêtements à même le sol. Ensuite, elle s’est mise à pousser et en cinq minutes, le bébé était là.

Gaëlle, une résidente de l’accueil de nuit

« Elle a accouché à 5h15 exactement d’une fille d’un peu plus de 2 kilos », précise Gaëlle, une autre résidente du centre qui l’a aidée à mettre son enfant au monde. « Je la connais bien, on discute souvent. Cette nuit-là, je revenais des toilettes quand je l’ai croisée. Elle m’a dit qu’elle ne se sentait pas bien », se souvient-elle.

Vers 4 heures du matin, la situation s’est précipitée. La poche des eaux se rompt, l’arrivée du bébé est imminente. « J’ai immédiatement appelé les pompiers, mais il était déjà un peu tard », explique Gaëlle qui, sans matériel médical, s’est improvisée accoucheuse.

« Je l’ai allongée sur des vêtements à même le sol. Ensuite, elle s’est mise à pousser et en cinq minutes, le bébé était là. J’ai pris la petite et je l’ai posée sur le ventre de sa maman, puis je l’ai couverte avec un pagne. Nous n’avions rien d’autre, même pas une serviette », détaille-t-elle avant d’ajouter :  » J’ai eu très peur car je n’avais jamais fait ça avant. En tant que maman, je me suis souvenu des gestes des sages-femmes lors de mes propres accouchements. »

Les secours sont arrivés peu après et ont pris en charge la mère et son nourrisson, tous deux ont été transportés à l’hôpital Couple-Enfant de Grenoble. « A leur arrivée, les infirmiers ont examiné la mère et l’enfant et m’ont fait l’honneur de couper le cordon », confie Gaëlle.

L'accouchement a eu lieu dans un accueil de nuit à Grenoble rue Léon Jouhaux.

L’accouchement a eu lieu dans un accueil de nuit à Grenoble rue Léon Jouhaux.

© Pierre-André Delbecq

Déjà mère de deux enfants, la jeune femme ne s’attendait pas à un accouchement aussi rapide. « Pour ma première, les contractions avaient commencé à 21 heures, et j’avais accouché le lendemain matin. Là, j’ai cru que ça pouvait attendre surtout que j’avais un rendez-vous médical prévu le matin », explique-t-elle.

La petite fille, prénommée Mawa, pèse un peu plus de deux kilos. Un prénom chargé de sens : « C’est celui de ma mère. Il représente beaucoup pour moi. L’amour que je lui porte, mais aussi tout mon parcours de migrante », fait-elle savoir

La mère et l’enfant, en bonne santé, devaient bientôt sortir de l’hôpital. « Je n’aurais jamais imaginé accoucher dans ces conditions. L’accouchement était prévu entre fin août et début septembre. Mais Mawa en a décidé autrement », conclut la maman.