« Ça fait un peu mal… » Malia sort du parking de l’hôpital Sainte-Musse à Toulon et vient de s’acquitter du paiement de ses 3h40 de stationnement, après un passage aux urgences: 5,50€. Elle se serait bien passée de ce règlement, « pas tant pour la somme que le principe ».

Estimant que sa situation n’est « pas catastrophique », la jeune femme dit surtout penser « aux personnes qui doivent venir longtemps et régulièrement, pour elles ou des proches ».

C’est aussi ces personnes que Stéphane Hablot a en tête. Député PS de Meurthe-et-Moselle, il porte une proposition de loi visant à garantir la gratuité des parkings dans les hôpitaux publics pour les patients, leurs visiteurs de courte durée et les personnels hospitaliers.

Pour sensibiliser les chefs d’établissement, les convaincre de son projet, mais aussi entendre leurs arguments, il effectue un tour de France et sera, ce jeudi 8 août dans la matinée, au centre hospitalier intercommunal de Fréjus-Saint-Raphaël, puis l’après-midi à celui de Toulon-La Seyne.

Mauricette en tête

« Dans un département comme le Var, beaucoup de personnes viennent de loin pour se faire soigner, décrit le parlementaire lorrain, et doivent en plus payer le stationnement. Pareil pour ceux qui viennent visiter les malades: familles, amis et même bénévoles! »

Une situation dont Mauricette, une habitante de sa région qui débourse chaque mois plus d’une centaine d’euros pour rendre visite à une proche hospitalisée de longue date, lui a fait prendre consciente.

En février dernier, Stéphane Hablot a ainsi interpellé le ministre de la Santé Yannick Neuder. Celui-ci a alors promis d’intervenir pour que les parkings dans les hôpitaux limitent, dans certaines conditions, leurs frais de stationnement.

Depuis, pas grand-chose, si ce n’est, peut-être, l’écriture d’une charte éthique. Le député dépose alors sa proposition de loi, enregistrée à la présidence de l’Assemblée nationale le 11 juillet dernier.

Logique de rentabilité?

Le texte dénonce une logique de rentabilité « au détriment de l’humanité et de l’équité, dans un contexte de sous-financement chronique des hôpitaux et de faible pouvoir d’achat ». Il souligne « les conséquences sociales graves: consultations reportées, visites réduites, isolement accru ».

Concrètement, l’élu propose donc « la gratuité pour les patients pendant leur prise en charge, deux heures gratuites par jour pour les visiteurs, et la gratuité totale pour les personnels sur leur temps de travail ». Un plafonnement des tarifs est aussi prévu: 15 euros/jour et 100 euros/mois.

Déjà de la gratuité… temporaire


Stéphane Hablot, député de Meurthe-et-Moselle, ici lors de sa question au ministre de la Santé, en février dernier à l’Assemblée nationale. Photo DR.

C’est ce que Stéphane Hablot présentera ce jeudi matin à Frébonie Tricheux, directrice adjointe de l’hôpital Bonnet à Fréjus, puis l’après-midi à Élisabeth Coulomb, directrice adjointe à l’hôpital Sainte-Musse de Toulon. Celles-ci pourront à leur tour lui exposer les politiques de leurs établissements en matière de stationnement.

Si leurs parkings, tous deux gérés non pas par un opérateur privé mais en interne, sont payants, ils proposent une heure de gratuité. « Ça permet aux personnes d’aller rendre visite à un proche, d’aller régler une facture », indique Géraldine Guillon, également directrice adjointe à Fréjus- Saint-Raphaël.

Dans une note, la direction de l’hôpital Bonnet précise: « Contraint par un objectif de retour à l’équilibre budgétaire, le centre hospitalier a cherché à adapter la tarification du parking au plus juste, afin de compenser les coûts de fonctionnement et les besoins d’investissements de celui-ci. »

Autrement dit, l’entretien des espaces de stationnement est permis par leur caractère payant. Et dès lors, les établissements peuvent concentrer leurs investissements sur leurs activités de soins.

Compensation financière

Mais là aussi, la loi de Stéphane Hablot prévoit « un mécanisme de compensation financière pour les établissements respectant ces règles, assorti d’un système de bonus-malus ». Irrésistible? Pas sûr, car le maintien en service des parkings n’est pas le seul argument des hôpitaux.

À son tour, Élisabeth Coulomb, à Toulon, cite « la nécessité de garantir le stationnement aux usagers, ainsi qu’un turn-over régulier, mais aussi d’éviter les voitures ventouse ».

Bref, aucun engagement ne sera pris ce jeudi. Pour l’heure, tout ce que peut espérer le député de Meurthe-et-Moselle, c’est « une prise de conscience pour que l’hôpital de demain soit accueillant et attractif ».