Par

Hervé Pavageau

Publié le

6 août 2025 à 18h16

Client-adhérent de l’enseigne depuis 15 ans, Julien Carlier est vice-président, élu au conseil d’administration, de la coopérative de produits bios, Chlorophylle. L’enseigne, présente qu’en Loire-Atlantique, regroupe 50 000 foyers dans le département. Et a ouvert sept magasins dans la métropole nantaise. Dont celui de la zone Pôle Sud à Basse-Goulaine. Fin juillet, la coopérative a pris une position publique « pour la première fois de son histoire », en rejetant la loi agricole Duplomb. Dans un communiqué, Chlorophylle explique sa position.

Acteur qui participe depuis 40 ans « à l’essor d’une filière bio de qualité », la coopérative est persuadée que :

Cette loi Duplomb n’apporte aucune réponse pertinente aux difficultés du monde agricole, à la qualité des produits ni aux enjeux environnementaux. Nous avons la conviction qu’elle est contraire à l’intérêt général.

La démarche politique est portée par le conseil d’administration.

On représente nos 50 000 foyers mais on ne porte pas la parole de nos 50 000 adhérents.

Julien Carlier, vice-président et administrateur de la coopérative Chlorophylle

« Une agriculture biologique malmenée »

Pour la coopérative*, la loi Duplomb est « un peu la goutte d’eau », révélatrice de quelque chose « de plus profond ».

Depuis le Covid, « l’agriculture biologique est malmenée », souligne l’administrateur qui vit au Landreau et travaille au Loroux-Bottereau.

« Les soutiens à la filière sont dramatiques. La filière bio représente 10 % de l’agriculture. En 2023, à titre d’exemple, elle n’a obtenu que 10 millions, alors que l’agriculture conventionnelle recevait dans le même temps 2,37 milliards d’euros. Il a fallu se mobiliser pour que l’État revoie ses arbitrages et accompagne l’agriculture biologique à hauteur de 80 millions d’euros », illustre Julien Carlier, pour qui le positionnement de la coopérative est « légitime ».

Chlorophylle appartient à ses 50 000 foyers adhérents. Il n’y a pas d’actionnaires, pas de propriétaires. Tout est réinvesti dans la coopérative. Cette organisation économique et humaine qui promeut le respect et le partage se définit dans l’agriculture biologique de qualité, territoriale et locale que la coopérative soutient historiquement

Julien Carlier

Une nouvelle délibération demandée

Celui qui passe 10 heures par semaine à cuisiner pense aussi, à titre plus personnel, que le changement passera par une remise en question du consommateur.

« Sur les dix produits les plus consommés dans un panier moyen, les huit premiers sont des boissons : alcool et soda. Il y a un besoin d’éducation populaire. Se réapproprier son alimentation, c’est réapprendre à cuisiner.

Julien Carlier

Dans son communiqué de presse, Chlorophylle a conclu en appelant la présidence de la République à demander une nouvelle délibération au Parlement.

La coopérative souhaite « une véritable loi d’orientation agricole, qui aide le monde agricole à vivre dignement de son travail, à s’adapter aux conséquences du changement climatique, en respectant l’environnement et en continuant à améliorer la qualité de ses produits, pour la santé de celles et ceux qui les produisent et les consomment ».

L’appel local de Chlorophylle vient rejoindre une importante mobilisation nationale.

La pétition contre la loi Duplomb a dépassé les deux millions de signatures.

* La coopérative Chlorophylle regroupe une centaine de salariés et réalise 23 millions d’euros de chiffre d’affaires.

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