Devenu président du panel de commissaires MotoGP à la suite de Freddie Spencer, Simon Crafar a voulu marquer un changement avec son prédécesseur, souvent contesté. Ses premiers mois d’exercice lui ont permis de s’attirer les louanges de pilotes jusqu’ici souvent échaudés par des décisions qu’ils jugeaient erratiques. Il a voulu orienter son rôle vers plus de dialogue, quitte à surprendre comme au GP d’Italie lorsque Marc Márquez et Pecco Bagnaia ont été convoqués simplement pour expliquer un contact n’ayant pas donné lieu à la moindre sanction.
Simon Crafar parle aussi à la presse, et c’est également un changement. C’est donc dans une longue interview accordée à GPOne peu avant la pause estivale qu’il explique être lui-même positivement surpris par ses débuts. « J’étais convaincu qu’il allait me falloir un ou deux ans pour ne serait-ce que me sentir bien, mais la vérité c’est que je me suis tout de suite senti très bien. Et je m’amuse, car je peux exploiter au maximum tout ce que j’ai appris dans le passé », se félicite-t-il.
Ancien pilote, vainqueur d’un Grand Prix 500cc en 1998 et monté une dizaine de fois sur le podium en WorldSBK, Simon Crafar a aussi été commentateur pour le site officiel du MotoGP ces dernières années. Initialement mal à l’aise dans ce rôle, il y a finalement appris à écouter et comprendre les points de vue de tous, et à correctement exprimer ce qu’il souhaitait dire, apprécié notamment pour la qualité de ses analyses techniques. Aujourd’hui, à 56 ans, c’est avec l’ensemble de ce bagage qu’il essaye d’enrichir son nouveau rôle, qu’il opère aux côtés de deux autres commissaires nommés comme lui par la FIM, Andrés Somolinos et Tamara Matko.
« Bien sûr, je connaissais et je comprenais déjà les dynamiques d’un accident, mais avec mon travail précédent j’ai appris comment communiquer certaines choses, comment maintenir une très bonne communication avec les pilotes et les équipes. C’est très important, parce que si on ne communique pas bien avec eux, ils vont ensuite difficilement comprendre leur pénalité et on se retrouve alors avec des personnes en colère face à soi », observe-t-il.
Beaucoup voient mon rôle comme celui qui punit. Pour moi, c’est un travail qui vise à protéger les pilotes.
« Avec ces motos, tout est difficile, et c’est aussi pour cela qu’il est devenu encore plus important de parler avec les pilotes », poursuit le Néo-Zélandais. « Ils ont des informations que nous, en tant que juges, nous n’avons pas. Je les entends toujours avant d’émettre le moindre jugement, avec mes collègues. »
« Il arrive souvent des choses aux pilotes qu’on ne peut pas savoir. On se retrouve parfois face à des incidents qui peuvent avoir été causés par des problématiques techniques sur la moto, ce qu’on ne peut pas savoir sans parler avec les pilotes. Ça fait toujours beaucoup réfléchir parce que nous savons que, derrière certains incidents, il faut prendre en compte des hypothèses techniques et c’est précisément pour cela que nous parlons beaucoup avec les pilotes avant de juger. »
Déjà à l’aise à la tête du panel de commissaires, Simon Crafar se perçoit comme quelqu’un qui éduque les pilotes, à commencer par les plus jeunes, plus que comme un punisseur : « Beaucoup voient mon rôle comme celui qui punit, qui distribue des sanctions. Moi, je vois les choses différemment. Pour moi, c’est un travail qui vise à protéger les pilotes. »
Augusto Fernández est l’un des derniers pilotes à avoir été sanctionné, après avoir fait chuter Takaaki Nakagami à Brno.
Photo de : Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
« Les règles sont rédigées comme elles le sont afin de protéger les pilotes des dangers, et je pense qu’une part de mon travail sert précisément à éviter que les pilotes commettent plusieurs fois les mêmes erreurs. Mais il s’agit aussi de les protéger de dangers qui peuvent potentiellement avoir de graves conséquences. Je crois que mon rôle va au-delà du fait de simplement être celui qui punit tel ou tel pilote. »
« Je savais qu’éduquer les jeunes faisait partie de mon travail, mais je n’avais pas réalisé à quel point cet aspect était important pour nous, et ça me plaît énormément. Nous cherchons à bâtir un avenir plus sûr pour ces pilotes une fois qu’ils arrivent dans les catégories supérieures. »
Lorsque son prédécesseur est évoqué, Simon Crafar apporte un regard différent sur celle qu’a été sa situation. En dépit des critiques qu’aura essuyées Freddie Spencer durant des années, le Néo-Zélandais souligne avoir trouvé en arrivant une situation bien plus simple qu’elle ne l’était quelques années auparavant.
« Quand Freddie est arrivé, le travail à faire était assez différent. Je m’estime chanceux parce qu’il a apporté de nombreux changement lorsqu’il était en poste. Je n’ai pas eu les mêmes problèmes que lui », argumente-t-il. « Au début, il était dans la même pièce que la direction de course, mais les équipes étaient différentes. Il a littéralement bâti une équipe et il a fait du très bon travail car elle est formidable. J’ai simplement eu de la chance d’arriver aujourd’hui et non à cette époque-là. »
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