Par

Léa Pippinato

Publié le

7 août 2025 à 10h30

Ce mercredi 6 août 2025 à 16h30, une vaste opération de police s’est tenue au niveau du centre commercial Saint-Paul, dans le quartier de la Mosson, à Montpellier. Trente policiers nationaux de l’Hérault, épaulés par trente membres d’une CRS nouvelle génération, la FAR (force d’appui rapide), ont investi les lieux. L’opération visait plusieurs objectifs : sécuriser le secteur, contrôler des personnes connues des services de police, mais surtout appliquer un nouvel outil de lutte contre le narcotrafic, encore inédit en France.

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Un point de deal actif et connu de longue date

Le quartier Saint-Paul est bien connu des forces de l’ordre. En octobre, dix jours de violences, dont plusieurs échanges de tirs, ont secoué le secteur. Les auteurs de ces violences viennent d’être condamnés. Thibaut Félix, directeur de cabinet du préfet de l’Hérault, le résume clairement : « On est ici sur un point de deal particulièrement emblématique de Montpellier, parce qu’il tourne de façon très régulière, il est lucratif, il est actif, on le sait. Il y a eu un très gros travail judiciaire, mais ce qu’on voit, c’est que malgré tout le travail judiciaire qu’il peut y avoir, en réalité, les points de deal continuent à fonctionner. Ça n’épuise pas le problème. »

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Face à cette persistance, les services de l’État s’appuient désormais sur une panoplie d’outils administratifs introduits par la loi narcotrafic. Cette dernière permet notamment de prononcer davantage de fermetures administratives d’établissements liés au trafic, avec de nouveaux motifs légaux. Depuis janvier, 56 commerces ont été fermés à Montpellier par la préfecture, dont 29 épiceries de nuit. Autre outil désormais facilité : l’expulsion des locataires du parc social impliqués dans des trafics ou causant des troubles graves. Mais la nouveauté la plus marquante reste la possibilité de prononcer des interdictions de paraître. « À un moment, on a certains individus, dont on sait par leurs antécédents judiciaires, parce qu’on les a déjà interpellés plusieurs fois en train de trafiquer sur le point de deal, qu’ils contribuent à l’organiser. On leur notifie un arrêté préfectoral qui leur interdit de paraître sur le point de deal, qui dessine un périmètre, et pendant un mois ils n’ont plus le droit d’y aller. »

Vidéos : en ce moment sur ActuUne application immédiate et déjà efficace

Ce mercredi, à Saint-Paul, six personnes ont reçu leur interdiction de paraître. Le périmètre interdit englobe l’arrêt de tramway et le centre commercial. L’un d’eux a été retrouvé sur les lieux pendant le contrôle. « Ce qui est fort, c’est que dans l’opération de police qui vient de commencer, l’un de ces individus à qui on avait notifié une interdiction de paraître a été trouvé sur le point de deal. Donc là, c’est un délit pénal. Il va aller en garde à vue, et il encourt jusqu’à six mois de prison », précise François Bargel, commissaire divisionnaire et adjoint du directeur interdépartemental de la police nationale de l’Hérault. Thibaut Félix assure que les personnes visées ne sont pas choisies au hasard : « On ne fait pas d’erreur. On ne vise pas des gens qui sont venus à la pharmacie. On vise des gens qui, à plusieurs reprises, se sont retrouvés là alors qu’ils n’avaient rien à y faire, avec de la drogue, en train d’en vendre. »

Un périmètre autour du centre commercial a été défini pour faire appliquer la mesure.
Un périmètre autour du centre commercial a été défini pour faire appliquer la mesure. (©Métropolitain / LP)

Les autorités savent que le point de deal de Saint-Paul cherche toujours à se reconstituer. « On voit bien que le point de deal s’est réinstallé avec de nouvelles personnes », reconnaît François Bargel. Mais il refuse toute résignation. Je suis d’accord que c’est une lutte extrêmement compliquée, longue. Il y a des consommateurs, certains sont complètement addicts. Bien sûr que le combat est difficile, mais les résultats sont quand même extrêmement importants. » Cinq hommes ont été interpellés lors de l’intervention. Deux d’entre eux faisaient l’objet de recherches. Un troisième était sous le coup d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français). Un quatrième a été trouvé en possession de cocaïne. Enfin, un dernier, faisant l’objet d’une interdiction de paraître dans le périmètre du centre commercial Saint-Paul, a été repéré sur place, en violation directe de l’arrêté préfectoral.

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