Abdoulaye Gandema, qui sera présent à Chalais le 9 et 10 août pour une démonstration au salon des métiers d’art, a grandi dans un environnement où l’art et la créativité sont omniprésents.
Hébergé à Barbezieux pendant son séjour en France, le Burkinab…
Abdoulaye Gandema, qui sera présent à Chalais le 9 et 10 août pour une démonstration au salon des métiers d’art, a grandi dans un environnement où l’art et la créativité sont omniprésents.
Hébergé à Barbezieux pendant son séjour en France, le Burkinabé était présent ce week-end à Echallarts, dans le Rouillacais.
Son père, Mamadou Gandema, est un sculpteur réputé, connu pour avoir initié une nouvelle ère de la sculpture en bronze au Burkina Faso. Dans ce milieu propice à l’épanouissement artistique, Abdoulaye Gandema découvre très tôt le monde de la sculpture. « Je peux dire que je suis tombé dedans dès ma naissance. Depuis l’âge de 7 ans je travaille le bronze avec mon père ».
« Libérer la cire au profit du bronze à 1 200 degrés. »
Dès 15 ans, Abdoulaye Gandema prend une décision audacieuse en quittant l’école pour se consacrer entièrement à la sculpture. Cette initiative, loin d’être un abandon, constitue en réalité le choix d’un destin, celui d’un homme qui désire ardemment s’approprier l’héritage familial et développer ses propres idées artistiques. Sa première exposition à 18 ans marque le début d’une carrière prometteuse, affirmant son identité artistique tout en rendant hommage à la tradition familiale.
Au cœur de son travail se trouve la technique de la cire perdue, un processus vieux de plusieurs millénaires.
Interrogé sur sa technique, il explique : « Je sculpte le modèle à la cire et la recouvre d’argile et de crottin. Le moule est ainsi chauffé afin de libérer la cire au profit du bronze à 1 200 degrés. Je pratique un travail de ciselure et de patine avec oxydes et pigments qui donnent vie aux œuvres. »
La femme thème récurrent
Un des thèmes récurrents dans l’œuvre d’Abdoulaye Gandema est la représentation de la femme, qu’il interprète sous divers angles. Que ce soit à travers sa vision de la femme libérée ou par son exploration des rôles historiques et sociaux attribués aux femmes dans son pays, Abdoulaye Gandema parvient à capturer l’essence même de la féminité.
Ses sculptures ne se contentent pas de reproduire des formes ; elles racontent des histoires et expriment des émotions, offrant une réflexion sur la condition féminine au Burkina Faso. « Dans un monde où les femmes sont souvent représentées de manière stéréotypée, je souhaitais inverser cette tendance en produisant des œuvres qui célèbrent la force, la beauté et la résilience féminine » explique celui dont les sculptures deviennent des emblèmes de fierté et d’émancipation, tout en portant en elles une part de l’histoire et de l’identité de son peuple.
Au-delà de l’esthétique, l’art d’Abdoulaye Gandema est également un moyen d’engagement social. En abordant des thématiques telles que la justice sociale, la mémoire historique et l’identité culturelle, il donne une voix à des luttes souvent ignorées.
Persuadé par l’idée que l’art peut servir de pont entre les communautés et susciter des réflexions collectives sur des enjeux contemporains, l’artiste n’hésitera pas ce week-end à Chalais à partager non seulement ses œuvres, son savoir-faire mais aussi l’histoire et les traditions de son pays. « Ces échanges contribuent à un enrichissement mutuel, tant pour moi que pour les spectateurs, générant un dialogue interculturel essentiel à notre époque » témoigne le bronzier.