Décidé lors de la visite d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni début juillet 2025, l’accord sur l’immigration clandestine entre la France et l’Angleterre est entré en vigueur le 6 août. Cette décision politique répond au principe du « un pour un ». Celle-ci prévoit le renvoi en France d’un migrant arrivé au Royaume-Uni en échange de l’accueil par Londres de demandeurs d’asile présents en France.

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Il est entré en vigueur, le mercredi 6 août 2025. L’accord migratoire franco-britannique suivant le principe du « un pour un » ne semble pas être au goût de tout le monde. Sur la Côte d’Opale, associations et élus locaux craignent que la situation ne se détériore. Cette décision politique a été signée par Keir Starmer, premier ministre du Royaume-Uni et Emmanuel Macron, le 10 juillet 2025, à Londres. 

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Côté britannique, l’accord avait déjà été adopté depuis mardi 5 août, avait annoncé le ministère britannique de l’Intérieur. Sa ratification a été réalisée la veille, après la signature du « texte final la semaine dernière » par la France et le Royaume-Uni et la validation par la Commission européenne. Cette dernière a « donné son feu vert à cette approche innovante pour décourager l’immigration illégale », a précisé le Home Office dans un communiqué.

Cette initiative prévoit le retour en France des migrants arrivés par « smallboats » au Royaume-Uni en échange de l’envoi d’autres migrants outre-Manche. Cet accord a pour but de dissuader les traversées de la Manche sur des embarcations de fortune via des réseaux de passeurs. 

Cette nouvelle politique migratoire permet de mettre « en place un dispositif expérimental, dont l’objectif est clair : casser les filières », a affirmé Bruno Retailleau sur X. Selon Guy Allemand, maire de Sangatte (Pas-de-Calais), « cette décision est sous-dimensionnée par rapport à ce qui se passe sur notre littoral ».

Cette décision est sous-dimensionnée par rapport à ce qui se passe sur notre littoral.

Guy Allemand, maire de Sangatte

Interrogé par Alice Rougerie au micro du ICI 12/13 de France 3 Hauts-de-France, cet élu local met en avant que plus de 25 000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l’année 2025. Il s’agit d’un chiffre record pour la période estivale.

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Depuis le début de l’année 2025, dix-sept personnes sont mortes en tentant de rallier l’Angleterre par la mer, selon le ministère de l’Intérieur français.

Le principe du « un pour un » n’est pas au goût de Guy Allemand. « Cet échange pourrait se dérouler de manière très disproportionnée par rapport au cataclysme qu’on vit sur nos côtes », insiste-t-il. Ainsi, l’élu local a l’impression de « subir le système migratoire ». 

Cette initiative, Guy Allemand n’en est pas satisfait. « Cela pourrait renforcer la pression migratoire sur notre territoire, lance-t-il. En tout état de cause, on risque d’avoir des refus migratoires sur notre territoire. »

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Du côté du collectif des maires du littoral dont fait partie le maire de Sangatte, ce n’est pas ce qui semble exigé. Dans un communiqué diffusé début avril 2025, le collectif tire la sonnette d’alarme face à la crise migratoire et réclament des mesures concrètes pour sécuriser la côte.

Si l’accord ne plaît pas aux élus locaux du littoral, il inquiète des associations venant en aide aux migrants, comme Osmose 62. Sa présidente Dany Patoux considère qu’avec dette décision politique, « on ne parle plus d’humain, mais de bétail ». 

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Pour chaque renvoi en France d’un migrant arrivant au Royaume-Uni par la Manche, Londres et Paris s’engagent à accepter une personne exilée étant en France. Cette démarche se ferait via une plateforme en ligne afin que les candidats à l’exil expriment leurs motivations de s’installer outre-Manche.

Cet accord peut sembler partir d’un bon sentiment pour lutter contre les réseaux de passeurs, mais dans les faits, il est inhumain.

Dany Patoux, présidente d’Osmose 62

« Ce n’est pas réaliste, le plus souvent les migrants n’ont pas de téléphone chargé, commente-t-elle. Cet accord peut sembler partir d’un bon sentiment pour lutter contre les réseaux de passeurs, mais dans les faits, il est inhumain. »

Quand Dany Patoux a pris connaissance du principe du « un pour un », au départ, elle n’y croyait pas. « De prime abord, cela m’a paru absurde, souligne-t-elle. C’est comme de l’esclavagisme moderne. Les migrants veulent juste se rendre en Angleterre pour échapper la misère qu’il y a dans leur pays. »

Un tag "Nous voulons juste aller en Angleterre, s'il vous plaît", dans le camp de réfugiés de Calais.

Un tag « Nous voulons juste aller en Angleterre, s’il vous plaît », dans le camp de réfugiés de Calais.

© MAXPPP

Selon France 24, jeudi 7 août 2025, l’accord a déjà été mis en application. Les autorités britanniques ont averti de la détention des premiers migrants arrivés par voie irrégulière. Ils seraient appelés à être renvoyés en France. Ainsi, ce projet « pilote » contre l’immigration clandestine a pour le moment vocation de rester en vigueur jusqu’en juin 2026.