« Puis j’ai eu 39° à 40° de fièvre pendant deux jours. Et le lundi, je suis allé voir mon médecin traitant. » Quand Chantal l’informe qu’elles sont trois, dans la maison, à avoir les mêmes symptômes, son m&eacute…

« Puis j’ai eu 39° à 40° de fièvre pendant deux jours. Et le lundi, je suis allé voir mon médecin traitant. » Quand Chantal l’informe qu’elles sont trois, dans la maison, à avoir les mêmes symptômes, son médecin généraliste de Burie (17), Marie-Thérèse Hébert, décide de prescrire des analyses pour tracer le virus du chikungunya.

« Je crois qu’elle a travaillé à l’étranger et connaît assez bien ces virus tropicaux », lâche Cindy Berny. La professeure d’EPS au collège Saint Joseph à Cognac est le deuxième cas de la commune à avoir été infecté par le virus chikungunya. « J’ai reçu un appel d’un médecin de la clinique de Cognac pour me le confirmer, puis les résultats par mail dans la foulée », raconte la femme de 33 ans, voisine de Chantal.

Six personnes symptomatiques

« Je me suis levée un matin avec des douleurs articulaires aux pieds, chevilles, poignets. Impossible de marcher. Puis dès le midi, une fièvre à 39°C. Mais je n’ai pas eu d’éruption cutanée. » Contrairement à Chantal. « J’avais les jambes rouges puis violettes, et des boutons partout, des pieds à la tête. »

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Des plaques de boutons, Geneviève Rue en a eu aussi, ainsi que son mari Pascal. Le couple sexagénaire habite la troisième des habitations concernées par le foyer du virus, dans la même rue. « J’ai même été la première à avoir eu tous ces symptômes », indique Geneviève. « J’ai été malade dès la fin du mois de juin, et mon mari, deux semaines après. Cinq jours de fièvre à 40°C, puis des plaques d’urticaire sur le visage. La médecin m’a demandé de lui envoyer des photos de mon corps, couvert de boutons, qu’elle a transmis au docteur Martin, dermatologue à Cognac. Il m’a demandé de venir tout de suite. »

“Je me suis levée un matin avec des douleurs articulaires aux pieds. Impossible de marcher.”

Mais personne pour lui dire ce qu’elle a pu attraper. Sous corticoïde depuis un mois, la Saint-Sulpicienne n’a eu la visite de ses voisines que vendredi dernier. « Je ne savais pas qu’elles étaient malades elles aussi. Elles m’ont dit ‘on doit donner ton numéro à l’ARS’. Ils m’ont appelé dans la minute. »

Elle et son mari ont fait leur prise de sang il y a une semaine, et sont en attente des résultats. Comme Bernadette et la sœur de Chantal, qui vivent toutes deux dans la maison de celle-ci. « Cela fait six personnes symptomatiques en tout », confirme Jean-Marc Girardeau, maire de la commune, qui les a toutes rencontrées en présence des médecins et infirmières de l’ARS, toujours sur place.

Dans le village, les habitants ne semblent pas particulièrement inquiets. « Sauf pour les opérations de démoustication », souffle Alain, l’ancien forgeron qui vit à Saint-Sulpice depuis « que j’y suis né, il y a 64 ans. Et je n’ai eu aucune info de personne. J’habite pourtant à 300 mètres des Chaudroles. Il faut croire que c’est trop loin ».

Joel Grollier vit aussi sur la commune. « Le virus, on s’en fiche un peu. Si ce n’est pas contagieux et qu’il n’y a qu’un moustique porteur pour le transmettre, on ne peut pas vraiment s’en prémunir. Mais leur pulvérisation, là, on ne sait absolument pas ce qu’il en est », s’inquiète-t-il.

Un périmètre de démoustication de 150 mètres autour du foyer

« Les autorités sanitaires ont défini le périmètre à traiter à 150 mètres autour de la zone d’identification du premier cas », rassure Jean-Marc Girardeau. « Cela concerne une vingtaine de maisons et nous n’avons pas jugé utile d’alerter au-delà, au risque d’inquiéter outre mesure. »

L’opération de démoustication, prévue ce vendredi à 23h, n’est pourtant pas sans risque. Le produit généralement utilisé et sa substance active, la deltaméthrine, également pulvérisés lors des opérations de lutte contre la dengue et zika, comporte le risque d’empoisonner des espèces non-cibles, voire certains prédateurs naturels des moustiques, comme les chauves-souris, les oiseaux ou les amphibiens.

Les autorités sanitaires conseillent par ailleurs aux riverains, avant ces opérations, de « ramasser le linge, rentrer le mobilier de jardin, les jouets ou les couvrir ». De « ne pas s’exposer directement au nuage de pulvérisation et rentrer chez soi, et maintenir l’habitation fermée pendant une à deux heures après l’intervention. Et après traitement, de rincer à l’eau le mobilier de jardin et les jeux d’enfants qui n’ont pas pu être mis à l’abri ».

« Je suis allé ramasser mes prunes ce matin. Je crois que j’ai bien fait », ironise Alain. « Il n’y a pas de grosses concentrations de produits », rappelle Sylvie Manguin, directrice de l’institut de recherche et développement à Montpellier. « Il vaut mieux cela et ne pas avoir la dengue ou le chikungunya. »