La comédienne Emmanuelle Riva pour les dialogues, l’autrice du scénario Marguerite Duras pour les commentaires : une lecture d’une grâce inouïe, enregistrée en 1966. À écouter jusqu’au bout de la nuit… 
Emmanuelle Riva dans « Hiroshima, mon amour », d’Alain Resnais (1959). Argos Films
Publié le 07 août 2025 à 17h00
Mis à jour le 07 août 2025 à 19h45
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«Tu n’as rien vu à Hiroshima »… La phrase, lancinante, énoncée par la voix un peu blanche et tout à fait subjuguante d’Emmanuelle Riva, résonne à jamais dans les mémoires des cinéphiles. Hiroshima, mon amour, dont elle est évidemment extraite, était le premier long métrage d’Alain Resnais, sorti sur les écrans en 1959. Il allait marquer l’histoire du cinéma, bousculant les codes classiques de la narration, interrogeant la force du souvenir et la capacité des arts et des médias à retranscrire un événement d’une telle ampleur dramatique — questionnement qui reste toujours aussi pertinent.
Alors que l’on commémore les 80 ans des bombardements atomiques de Hiroshima (le 6 août 1945) et de Nagasaki (le 8 août), France Culture vient d’avoir l’idée lumineuse d’exhumer de ses archives une émission de 1966, Histoire sans images, produite par un certain Michel Polac et largement consacrée au film de Resnais. Une rediffusion en deux parties, proposée dans le cadre des Nuits de France Culture et disponible en ligne.
On y entend un long entretien avec le cinéaste mais aussi, surtout, son scénario interprété par Emmanuelle Riva, avec en contrechamp les didascalies lues par Marguerite Duras, autrice du texte. La musicalité du verbe de Duras, portée par une comédienne qui réussit la gageure de s’avérer aussi hypnotisante qu’évocatrice, fait de cette lecture un objet hautement poétique. Où les images ainsi suggérées se superposent à nos souvenirs du film, dans un jeu de miroirs et de perspective sans fin. Prolongeant le questionnement premier de Hiroshima, mon amour, et associant d’une façon troublante la magie de la littérature, de la radio et du cinéma.
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