Après avoir signé sa plus belle saison à Toulon, le troisième ligne va marcher dans les pas de son père, Grégory. Tout en traçant sa propre voie.

Lorsqu’il résonnera pour la première fois dans les enceintes du stade Aimé-Giral, son nom convoquera bien des souvenirs : Mattéo Le Corvec s’apprête à marcher dans les pas de son père. « À Toulon, d’où il est originaire, j’ai su me faire un prénom, me détacher de ça, de cet héritage, raconte l’héritier de celui qui avait combattu douze ans durant en sang et or. À Perpignan, là, c’est vraiment un retour à zéro. Il va falloir que je prouve, tout simplement. »

Ce passé familial ne constitue que la toile de fond d’une toute nouvelle histoire. La sienne, celle d’un jeune joueur des plus prometteurs, décidé à poursuivre sa progression sous de nouvelles couleurs : « À 24 ans, on a envie de vraiment compter dans un groupe, d’exister davantage comme joueur à part entière, et pas juste comme un jeune. Je voulais jouer davantage, enchaîner les matchs. C’est ce qui m’a un peu manqué en début de saison dernière à Toulon. Le début de saison était un peu en dents de scie. Je jouais peu, je n’arrivais pas vraiment à construire ma confiance… » Puis tout s’est enchaîné : son choix de l’Usap, la blessure de Charles Ollivon… : « Il me restait 8-9 mois sous le maillot rouge et noir, je me suis dit : « Il faut que je sois moi-même, que je sois vraiment relâché au maximum » ; et ça m’a permis de pouvoir vraiment me montrer davantage ». Aussitôt dit, aussitôt fait, ou presque : le flanker a cumulé 21 matchs, quatre essais et des prestations convaincantes. Avec une implication croissante en attaque : « C’est ma meilleure saison, celle où j’ai le plus joué, le plus marqué. Il est nécessaire de faire le travail de l’ombre mais, pour apporter un maximum à l’équipe, il faut aussi avoir envie d’avancer, de marquer. J’ai pris l’opportunité de toucher le ballon, de me montrer plus et c’est en enchaînant les matchs que je me suis débloqué. »

« Je ne dis pas que j’aurai plus de temps de jeu… »

Autour de la rade, son départ en a frustré plus d’un. Lui a tourné le dos à Mayol avec un pincement au cœur, après une demi-finale de Top 14 perdue : « Toulon a été mon club pendant treize ans, j’y ai passé tous mes moments rugbystiques très importants, j’y ai connu mes premières feuilles de match en professionnel. La vie est faite de choix et il faut les respecter et les assumer. » Du côté de Perpignan, la montée en puissance de Mattéo Le Corvec a justifié toute la confiance placée en lui par Franck Azéma et suscité des espoirs chez les adeptes du club sang et or. Le Perpignanais d’origine, de retour dans sa ville natale treize ans après son départ, sera un prétendant sérieux aux numéros 6 et 7 : « Je ne dis pas qu’en venant à l’Usap, j’aurai forcément plus de temps de jeu qu’à Toulon, parce qu’il y a énormément de monde en troisième ligne. Je vais essayer de me nourrir des autres, parce que je suis encore assez jeune, et il faut que je progresse encore. Mais je compte apporter mon sérieux, mon abnégation. »

Pour être digne du paternel, en un sens, mais surtout à la hauteur de ses ambitions et des attentes : « Mon père ne m’a ni poussé ni aiguillé dans mon choix. Il m’a dit que, dans tous les cas, mon choix serait le bon, qu’il fallait que je suive mon instinct. C’est un défi très important pour moi. » Et le début de ce qui pourrait être une très belle histoire entre lui et le peuple sang et or.