Ce mercredi soir à la Maison du patrimoine, Dominique Tapie était l’invitée du Comité de liaison des associations bruscaines (CLAB) pour une rencontre littéraire. Venue présenter son livre Bernard, la fureur de vivre, elle a attiré une foule nombreuse. En marge de l’événement, elle s’est confiée sur ce livre écrit sans détour, pour revenir sur cinquante ans de vie aux côtés de Bernard Tapie.

 » Il fallait lui tenir tête »

Ce n’est pas un hommage. Ce n’est pas non plus un règlement de comptes. Dominique Tapie le précise dès les premières minutes: « Je suis sans concession. Je connais bien ses défauts. On peut aborder tous les sujets. Je dis la vérité. » Le récit revient sur cinquante années de vie commune avec un homme qu’elle décrit comme doté d’une intelligence « supérieure », mais avec lequel il fallait sans cesse composer. Elle parle d’une « relation de négociation permanente », y compris dans des décisions aussi intimes que celle de garder l’enfant qui s’est invité dans son ventre. « Il fallait lui tenir tête. C’est ce qui fait que notre histoire a duré. »

Ce refus de la soumission, elle l’a maintenu même lorsque Bernard Tapie l’a engagée dans ses affaires contre son gré. Elle explique que sa secrétaire signait certains documents à sa place. Elle se retrouve impliquée dans des engagements qui ne sont pas les siens. Jusqu’à devoir vendre l’appartement de sa grand-mère.

« Ils l’ont fait passer pour un escroc »

À la mort de Bernard, elle hérite d’une dette colossale. « Je lui en veux profondément. » Mais c’est en écrivant que quelque chose se dénoue. Le travail d’écriture est une thérapie, un point d’apaisement: « Je me suis réconciliée avec lui, parce que fâchés nous n’avions jamais été heureux. »

À la question de son pire souvenir avec la presse, elle évoque immédiatement l’affaire du Crédit Lyonnais, « la manière dont il a été vilipendé par les journalistes ».

Dominique Tapie parle d’un homme issu d’un milieu pauvre, qui voulait montrer qu’il avait réussi, sans jamais faire de l’argent une fin en soi. « Il faisait “tapis » à chaque fois qu’il plongeait dans une nouvelle aventure. Ce qu’il voulait, c’était montrer qu’on pouvait s’élever. Et ils l’ont fait passer pour un escroc, alors que c’est la banque qui l’a escroqué. »

L’exposition médiatique ne s’est pas arrêtée aux affaires. Dominique Tapie se souvient de l’annonce d’une prétendue idylle entre son mari et Ophélie Winter. Elle ne dit rien et plante la couverture du magazine dans le bois de la porte de leur chambre, à l’aide d’un couteau de cuisine! Un autre article, paru dans Paris Match, énumère ses sacs à main: il entraînera une nouvelle saisie.

« La politique, il en est sorti laminé »

Sur la question politique, elle est catégorique. Pour elle, c’est là que tout a basculé. « Comme par hasard… Il est rentré en politique, il était immensément riche. Il en est sorti laminé. Il a fait l’inverse des autres, dit-elle en riant. Mis en faillite alors que ses comptes allaient bien à la base. Il y a eu une machination, et c’est ça que je n’arrive pas à oublier. »

Dominique Tapie évoque aussi l’incarcération dans l’affaire du match OM-Valenciennes. Elle ne le défend pas: « J’ai dit tant pis pour lui. Il a voulu jouer avec le feu… Son équipe, c’était son bébé. Mais il a pris trop de risques. » Et elle ajoute: « Je signale quand même qu’il ne s’est pas enrichi avec cette histoire. »

Elle mentionne aussi un chapitre de leur vie plus méconnu: la menace terroriste avec la bande à Baader. Sur une liste retrouvée figure le nom de Bernard Tapie. Les services spéciaux lui proposent une protection. Il refuse mais demande un garde du corps pour leur fils, alors au lycée. Elle, dit-elle, ne l’a pas pris au sérieux. « Vous savez, il y a eu tellement de choses dans ma vie… (rires). »