Avec Young Millionaires, disponible le 13 août sur Netflix, Igor Gotesman signe une comédie de bande pour adolescents avec de jeunes comédiens qui crèvent l’écran : Abraham Wapler (Léo), Malou Khebizi (Samia), Calixte Broisin-Doutaz (David), Sara Gançarski (Jess), Jeanne Boudier (Victoire).
Ces amis d’enfance décrochent le jackpot à la loterie, ils sont les heureux gagnants de 17 millions d’euros. Mais en tant que mineurs, il leur est impossible d’encaisser le ticket, le premier problème d’une longue série. Divertissante, la série renouvelle le regard sur Marseille, loin des thrillers policiers, tout en abordant des sujets graves. Interview.
Marseille est un personnage de la série. D’où vient votre amour pour la cité phocéenne ?
J’ai eu l’occasion de découvrir Marseille en vacances, ça m’a plu d’être dans une grande ville en bord de mer, j’ai pris beaucoup de plaisir entre la plage, le Prado, le Panier, le Vieux-Port, on s’est baladé, on a kiffé. Je l’ai découverte encore davantage en y tournant : l’étape des repérages était très enrichissante, on a mesuré aussi toute l’étendue des paysages de la ville.
Vous portez un regard un peu différent sur Marseille, plus quotidien, qui traduit une certaine douceur de vivre, même si la mafia n’est pas très loin.
Il y a la mafia des Hollandais, ce n’est pas la mafia locale, c’est plutôt des méchants qui viennent d’ailleurs. Les méchants, c’est toujours utile dans les histoires, ça tend les enjeux. Mais on montre un Marseille agréable.
« Young Millionaires » : on n’est pas sérieux quand on a 17 ans et 17 millions d’euros gagnés au loto… Nairi Bastiera/Netflix
La série est une immersion dans le monde adolescent avec son langage, ses codes, un peu plus cash peut-être que ce qu’on a l’habitude de voir dans les séries. Est-ce votre signature ?
« Five », mon premier film, représentait bien la génération du moment. Il est devenu une Madeleine de Proust pour ceux qui l’ont connue, et une tranche de vie du moment pour ceux qui le découvrent plus tard. Alors oui, cela me tient à cœur de représenter la jeunesse d’aujourd’hui dans « Young Millionaires ». Je souhaite que mes personnages soient des « vraies gens », qu’on ne sente pas trop l’écriture. J’emploie de l’argot, des mots qui appartiennent à cette génération et déjà plus à la mienne – même si cela « déteint » sur moi -, j’aime que le français soit une langue vivante qui continue d’évoluer. C’est une cure de jeunesse pour moi de rester connecté à la jeunesse grâce à mon métier, j’ai presque 20 ans de plus que mes personnages. Je m’entends très bien avec tous mes comédiens.
La série révèle des jeunes comédiens, comment les avez-vous recrutés ?
On a lancé une grosse campagne de casting à travers la France, relayée sur les réseaux. Certains d’entre eux n’avaient jamais tourné avant. J’ai croisé Sara Gançarski (Jess) au cinéma. Elle est arrivée en faisant son show devant ses copines, elle venait de s’acheter un t-shirt et faisait semblant de faire un shooting photo pour rigoler, je me suis dit « wow, elle me fait grave penser à Jess » et je lui ai proposé de participer aux essais.
Et Malou Khebizi, la Marseillaise du casting, l’aviez-vous vue dans « Diamant brut » ?
Non, le film n’était pas encore sorti. La première fois que je l’ai vue c’était en casting à Marseille, on s’était déplacé avec ma sœur Tania (coréalisatrice, Ndlr). C’est drôle parce que Malou était persuadée d’avoir totalement raté ses essais. Alors que de mon point de vue, elle avait été super !
L’amitié, déjà au cœur de « Five », est-elle votre valeur cardinale ?
« Five » est un film sur l’amitié, la famille qu’on se choisit. Ensuite j’y ai tourné « Family Business » sur la famille dont on hérite, qu’on ne choisit pas, avec ce que ça comporte de bon et de mauvais. « Fiasco », c’était sur la famille professionnelle. Cette fois, je reviens effectivement à un pilier important dans ma vie : les amis, les gens qu’on décide d’aimer pour le bon et pour le moins bon, et qui rendent la vie meilleure.
La bande-son est marquée par le rap marseillais.
C’est vrai que le rap marseillais prend aujourd’hui une place énorme. C’est bien, ça a participé à casser un petit peu la rivalité entre Paris et Marseille, notamment grâce aux featurings entre des rappeurs des deux villes. Évidemment, dans la bande-son, on a mis des morceaux de Jul qu’on écoute beaucoup. SCH, également. Bande organisée a été un immense banger qu’on connaît tous par cœur. S’il y a une saison 2, j’espère que l’on aura l’opportunité de recouper avec d’autres rappeurs marseillais.
La série révèle quatre jeunes comédiens (de gauche à droite et de haut en bas) : Calixte Broisin-Doutaz (David), Sara Gançarski (Jess), Malou Khebizi (Samia), Abraham Wapler (Léo). Nairi Bastiera/Netflix
Notre avis
Avec Young Millionaires, qui suit le parcours de cinq lycéens qui ont décroché 17 millions d’euros au loto, Igor Gotesman (Five, Family Business, Fiasco) rafraîchit les codes de la comédie de bande et de la série pour adolescents en évitant la romance. Son écriture colle au plus près des codes et du langage des jeunes d’aujourd’hui, et de leurs aspirations. Le réalisateur est fidèle à son style cash, un peu scato mais pas trop.
En tant que spectateur marseillais, on se sent « à la maison » avec Young Millionaires, la caméra se balade dans les quartiers de la ville, elle les filme sous un jour quotidien loin des séries à la Olivier Marchal centrées sur le narcotrafic, la guerre des gangs et des polices. On respire !
Divertissante, la comédie aborde pour autant des sujets graves, le harcèlement, le chantage via les réseaux sociaux, la santé mentale des jeunes, en prônant les valeurs de l’amitié et de la sincérité. « L’argent ne fait pas le bonheur » dit le proverbe, la série l’illustre à sa façon. Elle est interdite aux moins de 16 ans, en raison de quelques scènes de sexe et de drogue.
Le 13 août sur Netflix. Interdit aux moins de 16 ans.