Alors que trois grands constructeurs européens sont déjà présents sur la grille MotoGP (Ducati, KTM et Aprilia, appartenant au groupe Piaggio), l’absence du géant allemand BMW a toujours eu l’air d’une anomalie. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui que la marque est présente en WorldSBK et y connaît le succès avec Toprak Razgatlioglu, en tête du championnat.

Pourtant, BMW a bien tenté d’intégrer le MotoGP, et ce dès la création de la catégorie qui a pris la suite des Grands Prix 500cc d’antan, en 2002. À l’époque, toutefois, le projet bavarois n’avait pas dépassé le stade de la maquette grandeur nature.

Une autre opportunité s’est présentée il y a trois ans, lorsque Suzuki a décidé de quitter le championnat au beau milieu de son contrat, libérant deux places inattendues sur la grille. À cette époque, plusieurs personnalités du paddock ont tenté de convaincre le constructeur allemand d’acheter la structure de l’équipe japonaise, cependant cette tentative a été bloquée par Dorna.

La dernière initiative, menée en toute discrétion, a consisté à tenter d’acquérir la division course de KTM au début de cette année. Cependant, la vente ne s’est jamais concrétisée, car Bajaj Auto, le nouveau propriétaire, a finalement donné son feu vert pour poursuivre le programme de KTM en compétition.

Lire aussi :

Après ce dernier revers, BMW semble avoir mis sur pause tout projet de rejoindre le MotoGP à court terme, et ce d’autant plus après la décision de Toprak Razgatlioglu de passer chez Yamaha pour réaliser, de son côté, son propre rêve de Grand Prix. Cela a été un coup dur pour le constructeur allemand, dont la réflexion reposait en grande partie sur le pilote turc, censé être la pièce maîtresse de ce programme s’il s’était concrétisé.

Déjà trop tard pour 2027 ?

Markus Flasch, PDG de BMW Motorrad, a pourtant laissé la porte entrouverte lors d’une interview accordée à Australian Motorcycle News, début juillet. « La question du MotoGP pour BMW a été un sujet de discussion depuis longtemps, et je vous assure que nous n’avons pas encore de réponse définitive », a-t-il d’abord déclaré lorsqu’il lui a été demandé si BMW allait intégrer le MotoGP lors du changement de règlement prévu en 2027.

Par cette réponse, le dirigeant allemand a laissé une lueur d’espoir, précisant par ailleurs que le groupe continuait d’évaluer sa stratégie pour définir son implication en compétition.

« Nous allons d’abord prendre la décision stratégique, et ensuite nous définirons la voie technique que nous allons suivre. Il n’est clairement pas possible pour nous de venir en 2027 », a-t-il affirmé.

« Nous travaillons constamment sur notre stratégie en sports mécaniques – le MotoGP est une option, le offroad en est une autre ; le WorldSBK n’est pas une mauvaise chose non plus, c’est juste très européen. Donc, s’il-vous-plaît, laissez-nous quelques mois de plus et nous reviendrons avec une réponse ! », a ajouté Markus Flasch.

BMW gagne aujourd'hui en WorldSBK avec Toprak Razgatlioglu.

BMW gagne aujourd’hui en WorldSBK avec Toprak Razgatlioglu.

Photo de: Gold and Goose

Seulement, si BMW envisageait véritablement de rejoindre le MotoGP dans un an et demi, son projet serait déjà considérablement en retard compte tenu de l’ampleur de la préparation à mener, à commencer par un prototype à projeter et créer. La catégorie reine des Grands Prix adoptera en 2027 une cylindrée de 850cc, avec une réduction de l’aérodynamique, le bannissement des correcteurs d’assiette, en plus d’un changement notable de manufacturier pneumatique.

C’est un tel changement que cela constituerait le scénario idéal pour toute marque désireuse de se lancer, cependant les projets sont déjà bien avancés pour tous les constructeurs intéressés. Markus Flash a beau laisser la porte entrouverte pour une décision qui pourrait encore être prise dans « quelques mois », la période de développement technique serait considérablement réduite dans l’éventualité où BMW envisageait véritablement d’être sur la grille en 2027.

Qu’est-ce qui freine BMW ?

Au-delà du départ de Razgatlioglu, une autre raison probable pour laquelle BMW hésite à s’engager est la décision de la Dorna, de limiter le nombre de MotoGP sur la grille à 22 à la suite du départ de Suzuki, ce qui correspond aux 11 équipes actuelles. Parmi celles-ci, cinq sont des équipes d’usine et six sont des équipes indépendantes. Tous les constructeurs ont au moins un team satellite partenaire – Ducati fait exception en en ayant deux.

Or, lors de ses discussions avec BMW, le PDG de Dorna Sports, Carmelo Ezpeleta, a toujours soutenu que si le constructeur allemand souhaitait rejoindre le MotoGP, il devrait le faire en s’associant à l’une des équipes privées existantes. C’est ce qu’a fait Aprilia au moment de relancer son programme en Grand Prix : la marque s’était appuyée sur l’équipe Gresini Racing en 2015, dans un partenariat qui a ensuite duré jusqu’en 2022, date à laquelle la marque italienne a obtenu ses propres places et où Gresini est redevenue pleinement une équipe indépendante.

Par conséquent, même si le PDG de BMW Motorrad affirme que 2027 n’est pas une date viable, la possible vente de l’équipe Tech3 à un groupe d’investissement dirigé par Günther Steiner pourrait représenter la dernière chance, bien que minime, pour le constructeur bavarois d’entrer en MotoGP dans le cadre de ce changement de règlement qui interviendra dans seulement 18 mois.

Lire aussi :

Dans cet article

Soyez le premier informé et souscrivez aux alertes mails pour recevoir les infos en temps réel

S’abonner aux alertes de news