Si la pluie est revenue dans le paysage forézien, Michel Celle, le jardinier pontrambertois, déclare : « Ce n’est pas le niveau des précipitations qui pose problème, mais l’élévation des températures. On a une évaporation très importante et beaucoup de vent, ce qui dessèche davantage. À cause de cela, nous vivons une période compliquée pour avoir dans nos jardins des fruits et des légumes. »

L’été, Michel Celle consacre beaucoup plus d’heures à son potager comme il l’explique : « La hausse des températures suppose de mettre en place des techniques pour éviter la consommation d’eau et aussi mettre en place des variétés et des espèces plus résistantes à la sécheresse qu’autrefois. »

Paillage, oyas, jardin trou de serrure… comment économiser de l’eau ?

Le Pontrambertois nous livre ses astuces pour économiser l’eau. Tout d’abord, il utilise le paillage de façon importante. C’est-à-dire une couche de 20 centimètres en surface avec différents matériaux : de la paille, du foin, des feuilles… mais cela ne suffit pas.

Dans sa petite serre, à la base des plants de tomates, on découvre des oyas enfoncés dans la terre. Ce sont des pots en céramique remplis d’eau qui laissent échapper l’humidité dont les tomates ont besoin. À côté, on trouve son jardin trou de serrure composé de différentes couches de compost qui nourrit le sol et permet de garder la fraîcheur.

« Contrairement aux autres plants de tomates que je dois arroser tous les jours, lui, je l’arrose seulement deux fois par semaine » précise le jardinier.

« La plante a besoin d’énergie »

Autre technique qu’il utilise c’est la rigole. Michel Celle explique le concept : « La rigole permet d’arroser en plus grande quantité. Le long des rangs de légumes. En modelant deux buttes, je crée des rigoles et le soir, je mets le tuyau d’arrosage dans le rang pour que cela profite aux plants. »

Mais face aux fortes chaleurs, arroser même deux fois par jour n’est pas suffisant. Le jardinier informe que « La plante a besoin d’énergie. Il faut lui apporter régulièrement du compost, du fumier décomposé, du purin d’ortie riche en azote et du purin de consoude, riche en potasse. »

« Tout n’est pas noir, mais tout est différent d’avant »

S’occuper correctement de son jardin demande de la patience, du temps et aussi une certaine connaissance de sa terre. « Oui, il est important d’avoir une bonne connaissance de son sol. Savoir s’il est argileux, sableux… cela a beaucoup d’importance. À Saint-Just-Saint-Rambert, il est très léger, il ne retient pas l’eau. Alors que mon deuxième jardin à Unieux est argileux, il retient l’eau. Donc j’utilise des variétés de haricots différentes selon la composition du sol. »

Au final, le changement climatique qu’il observe aujourd’hui nécessite beaucoup de travail dans son jardin et beaucoup plus de manipulations, « quand il fait chaud, tout va très vite, tout s’accélère. Donc il faut ramasser les courgettes tous les jours, les haricots tous les deux jours… Avec une surveillance accrue, quand il fait plus chaud, les maladies se prolifèrent et il y a plus d’insectes. Je plante aussi mes pommes de terre plus tôt afin qu’elles aient le temps de pousser » explique-t-il.

Fataliste, le jardinier conclut : « Tout n’est pas noir, mais tout est différent d’avant. »