D’abord, une mauvaise nouvelle. Dans un contexte budgétaire national compliqué et marqué par une baisse drastique des financements à la culture , la réduction des subventions accordées par la Région Grand Est, la Direction régionale des affaires culturelles et la Collectivité européenne d’Alsace au Festival européen du film fantastique de Strasbourg (Feffs) ne se fera pas, hélas, sans un peu de casse.

« Toutes les collectivités locales, à l’exception de la Ville de Strasbourg, ont baissé leur aide à l’événement cette année, confirme le directeur de la manifestation, Daniel Cohen. Il a donc fallu faire des choix pour préserver l’essentiel, à savoir consolider notre programmation dans les salles et l’augmentation de la fréquentation liée. On a fait 5000 entrées de plus en deux ans, à un moment où les exploitants souffrent d’une baisse de leur activité. C’est cette dynamique que nous souhaitons soutenir. »

Grande victime de ce parti pris, la traditionnelle séance en plein air au pied de la cathédrale, sur la place du Château, devra ainsi rendre les armes en 2025 – après avoir célébré le classique Piège de cristal en compagnie de son réalisateur, le génial John McTiernan , l’an passé. Un choix douloureux mais cohérent, d’autant que « ce type de projections anime à présent les soirées d’été », relève le directeur du Feffs, qui préfère privilégier la venue d’équipes de tournage et les rendez-vous forts à l’intérieur des salles de ciné, à nouveau très largement mobilisées.

La promesse d’un rendez-vous « insolite »

La contrepartie de ce sacrifice, ce sera le grand retour de la « séance insolite », ce rendez-vous qui installait la projection de classiques du cinéma de genre dans des espaces inattendus de la capitale alsacienne. Blair Witch Project en lisière d’un bois au port du Rhin, Les Dents de la mer dans les bassins des bains municipaux, Les Blues Brothers façon drive-in sur le toit du parking Wilson, L’Exorciste dans les murs de l’église Saint-Guillaume… Autant de bons souvenirs et de coups médiatiques qui avaient posé l’identité du festival strasbourgeois face aux autres rendez-vous européens du cinéma de genre.

Il faudra néanmoins faire preuve d’un peu de patience pour savoir ce que les organisateurs des Films du Spectre ont concocté cette année, le secret restant bien gardé. Quelques indices ? La pellicule sera en noir et blanc et la séance accompagnée d’un véritable show d’artistes, dans un environnement que le Feffs n’avait encore jamais mis en scène. Plus d’informations, sur ce dossier, dès la rentrée. En même temps que le nom de l’invité d’honneur de l’édition, peut-on préciser…

La programmation partiellement révélée

Après avoir levé le voile sur son affiche et sa principale rétrospective , « FasciFiction », au début de l’été (https://c.dna.fr/culture-loisirs/2025/07/23/antifasciste-et-dystopique-le-festival-du-film-fantastique-revele-l-affiche-de-sa-18-e-edition), le Feffs vient par ailleurs de présenter une première salve de longs-métrages qui nourriront sa programmation fin septembre. S’y dévoilent une quinzaine de pellicules conformes à l’ADN de l’événement, résolument universel et curieux.

Au menu, entre autres, une découverte de la dernière Berlinale, Honey Bunch de Madeleine Sims-Fewer et Dusty Mancinelli, une pépite de la Quinzaine des cinéastes à Cannes ( Que ma volonté soit faite , de Julia Kowalski), des incursions asiatiques prometteuses ( New Group du Japonais Yuta Shimotsu ou Old Woman with a knife du Coréen Min Kyu-dong), une pincée de thriller ibérique ( Luger , de l’Espagnol Bruno Martin), mais aussi pas mal d’animation ( Dog of God , de Raitis et Lauris Abele, ou Planètes , de Momoko Seto…) et quelques propositions plus extrêmes de la section « Midnight Movies ». Les fans de barbares et de nécromanciens se jetteront, ainsi, sur le Deathstalker de Steven Kostanki tandis que les adeptes de cinéma no limite et déjanté devraient être comblés avec Fuck My Son ! de Todd Rohal. Une belle histoire d’amour maternel façon control freak à découvrir sur les écrans strasbourgeois du 26 septembre au 5 octobre !