Aprilia a connu une première moitié de championnat si mouvementée que les blessures et les questions contractuelles ont eu tendance à occulter ce qui a été réalisé sur la piste. De façon directe, car les projecteurs ont logiquement été attirés par la situation très incongrue que vivait l’équipe ayant recruté le champion du monde en titre. Mais aussi de façon indirecte au sens où toutes les ressources n’ont pas pu être mobilisées pour chercher à atteindre les résultats escomptés.

En l’absence de Jorge Martín, Marco Bezzecchi s’est retrouvé pratiquement seul pour venir à bout des points faibles qui avaient rapidement été identifiés sur la RS-GP pendant l’hiver, particulièrement la motricité et une tendance à l’instabilité. Lorenzo Savadori s’est momentanément éloigné de son programme de test pour mobiliser ses efforts sur les courses à disputer en remplacement de Martín. Dans l’équipe Trackhouse, Ai Ogura avait tout à apprendre de l’Aprilia autant que de la catégorie MotoGP. Quant à Raúl Fernández, le seul du quatuor à avoir de l’expérience avec cette moto, il a traversé un début de saison compliqué et n’a semblé sortir la tête de l’eau qu’à l’approche de la pause estivale.

À l’heure du bilan de mi-saison, Massimo Rivola n’est donc pas comblé et ne s’en cache pas. Force est de constater en effet que les changements mis en place cette année n’ont pour le moment pas apporté la concrétisation attendue. « Les changements ont été effectués pour jouer le titre, donc nous ne sommes clairement pas là où nous voulions être, même si je peux dire que nous avons quelques circonstances atténuantes », observe l’administrateur délégué d’Aprilia Racing.

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« Je pense que nous verrons la valeur d’Aprilia Racing à partir de septembre, une fois que nous aurons deux pilotes [en pleine forme] », poursuit le responsable, qui sait qu’un cap majeur a été passé avec le retour – à tous les niveaux – de Jorge Martín. Et il attend très vite des résultats de la part de l’Espagnol, que l’on a déjà revu en bonne forme à Brno pour son premier Grand Prix en trois mois.

« Je ne pense pas qu’il faudra à Jorge énormément de courses pour recommencer à se battre à nouveau pour le podium. Je ne veux pas ôter le mérite de Bezzecchi : il a fait un travail exceptionnel et si nous sommes ici, c’est grâce à lui. Mais si nous en sommes à lutter face à Márquez – et nous parlons de Márquez sur une Ducati, ce qui semblait imbattable – je suis convaincu que nous pouvons le battre. »

Quand Jorge Martín aura-t-il comblé le retard qu'il a pris ?

Quand Jorge Martín aura-t-il comblé le retard qu’il a pris ?

Photo de: Aprilia Racing

« Je n’ai pas l’impression que nous soyons très loin, en particulier sur certains circuits. L’Autriche va être un circuit clé, car ce n’est pas l’un de nos favoris. Mais quand on voit comment Marco pilote et comment il s’adapte à la moto sur des pistes très différentes, je ne peux qu’être optimiste. »

Marco Bezzecchi sert en effet de boussole à ce stade, et il n’a pas démérité au vu du contexte. Il a remporté une première victoire pour son septième Grand Prix avec Aprilia et s’est ensuite stabilisé aux avant-postes durant plusieurs week-ends. Il a dépassé ce qui était un frein pour lui en début de championnat, à savoir ses difficultés à performer sur le tour lancé et donc à bien se qualifier, et cela se ressent dans la hausse générale de ses résultats.

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Au sein de l’équipe on sait que ces progrès découlent aussi du travail mené sur la moto, pour laquelle les tests post-course de Jerez et d’Aragón ont permis de passer des caps, avec des résultats par la suite durables.

« Je crois que ce que nous avons fait va payer », croit Massimo Rivola. « C’est trop facile à dire maintenant. Il va y avoir des moments difficiles, c’est certain, car obtenir les derniers dixièmes, même de la part d’un champion du monde comme Jorge, ça ne va pas être facile. Et quand il va arriver, Marco sera peut-être agacé, mais nous voulions avoir deux super pilotes afin d’avoir un meilleur développement. J’ai hâte de vivre la seconde moitié de la saison. »

Marco Bezzecchi a offert une première victoire à Aprilia cette saison : y en aura-t-il une autre ?

Marco Bezzecchi a offert une première victoire à Aprilia cette saison : y en aura-t-il une autre ?

Photo de: MotoGP

« Techniquement, je crois que nous sommes à un assez bon niveau. Nous n’avons pas fait beaucoup de tests, pratiquement aucun, pendant la première moitié parce que notre pilote essayeur courait, mais nous allons maintenant avoir un peu plus de temps pour travailler sur des détails. Le test d’Aragón a assurément été une des clés parce que nous avons apporté beaucoup de nouvelles pièces, nous avons de mieux en mieux compris la moto. »

Une dynamique qui doit s’inscrire dans la durée

Aux changements de pilotes s’ajoutait pour Aprilia le défi de devoir aussi changer de responsable technique cette année, Romano Albesiano ayant quitté le département qu’il dirigeait de très longue date. Fabiano Sterlacchini a eu pour mission de vite cerner cette moto et de lui apporter les modifications capables de l’améliorer.

« Le travail que réalise Fabiano, avec toute l’équipe de Noale, est formidable, et ce qu’il y a de bien c’est que chaque fois que nous avons testé quelque chose de nouveau, ça a fonctionné – et je n’ai pas souvent vu cela par le passé. C’est quelque chose qui nous apporte une grande motivation pour la fin de la saison mais aussi pour 2026 », salue Massimo Rivola.

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Le patron du programme a traversé quelques mois tendus, cependant c’est avec le sourire qu’il est entré dans la pause estivale. Il ne cache pas être soulagé par l’apaisement trouvé dans l’équipe, mais aussi par la solidité et la continuité des performances, alors qu’Aprilia pâtissait d’une certaine instabilité ces dernières années.

« J’avais un ami qui disait ‘j’en ai marre d’avoir toujours raison !’ [rires] Nous avons fait une bonne course [à Brno], au Sachsenring, [Bezzecchi] est tombé alors qu’il était deuxième et on était dans le coup aussi à Assen. Je pense que nous sommes plutôt dans le coup, je suis très content du travail que nous faisons à Noale. »

« Tous ces signaux donnent une impulsion au travail que moi, je ne peux pas donner. Ce sont les pilotes qui sont les vrais protagonistes, mais derrière eux, il y a le travail de toutes ces familles qui sont prêtes à donner leur âme », conclut Massimo Rivola, revenu au rôle qu’il préfère, celui de coordinateur de cette force vive.

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