L’art de l’enluminure a connu un développement tout à fait remarquable en Occident tout au long du Moyen Âge jusqu’à ce que l’invention de l’imprimerie au XV e siècle n’en sonne le glas. Un amour immodéré du livre, une spiritualité essentiellement fondée sur la méditation des Écritures, ou lectio divina , et la diffusion des livres d’heures qui contenaient les offices de la journée et qui étaient souvent enluminés, voici, parmi d’autres, quelques raisons qui expliquent ce développement tout à fait unique.
L’image, dans l’aire chrétienne occidentale, avait le plus souvent pour but de magnifier le texte et d’accompagner la méditation et la dévotion du fidèle. Au VIe siècle, pour corriger l’attitude violemment iconoclaste de Sérénus, évêque de Marseille, le pape Grégoire le Grand rédige une lettre dans laquelle il fixe, sans doute à son insu, ce qui deviendra la règle dans la manière dont l‘Église d’Occident envisagera le rôle de l’image : enseigner les ignorants, faire mémoire des événements du Salut et conduire le fidèle à la contemplation des réalités divines. Véritable commentaire visuel, l’enluminure va progressivement s’affranchir des canons iconographiques importés d’Orient pour conquérir une liberté, voire une fantaisie, qui favorisera sa laïcisation.
Une trentaine d’enluminures
L’exposition « Lumière d’Occident » proposée jusqu’au 15 août en l’église collégiale Saint-Pierre-le-Jeune par l’artiste Didier Chanut a pour ambition de faire découvrir aux visiteurs cet art disparu, souvent méconnu, qui pourtant marqua d’une empreinte majeure l’histoire de l’image en Europe, à travers une trentaine d’enluminures, copies de pages remarquables extraites de manuscrits du Moyen Âge.
Didier Chanut est peintre enlumineur à Strasbourg, professeur d’arts plastiques et professeur documentaliste. Il est spécialisé dans la copie de manuscrits anciens et travaille selon les techniques traditionnelles de l’enluminure médiévale : peinture à la détrempe sur parchemin avec rehauts d’or à la feuille ou à la coquille.
Exposition Lumière d’Occident, jusqu’au 15 août à l’église Saint-Pierre-le-Jeune, place du même nom à Strasbourg. Accès du mercredi au samedi de 10 h à 18 h.