Sans être tabou, la question des salaires des pilotes en sport moto reste un sujet très secret. Il est difficile d’avoir des réponses précises sur qui gagne combien. Nous avons sollicité plusieurs sources des différents paddocks pour tenter d’y voir plus clair et avoir une idée des montants au sein des différents championnats MotoGP, Moto2, Moto3, Endurance EWC, World Superbike. Alors Marc Marquez est il le mieux payé ? Et les français Fabio Quartararo et Johann Zarco ?

MotoGP : de 300 000 € à 12 millions d’Euros

Il n’existe pas de grille de salaire spécifique au MotoGP et d’énormes disparités subsistent entre les pilotes selon leur expérience, leur palmarès et leur niveau de performance. Deux coéquipiers peuvent également avoir des émoluments totalement différents. Les teams officiels restent bien entendu les équipes qui payent le mieux, même si certains pilotes disposent de contrats d’usine intéressants tout en évoluant au sein d’équipes indépendantes. Il faut également prendre en compte les contrats de sponsors personnels des pilotes, qui peuvent représenter des sommes très importantes en MotoGP, sans parler des contrats casques et cuir. Enfin, certains pilotes disposent d’un salaire fixe moins important que d’autres, mais avec de gros bonus en cas de podiums ou victoires. L’époque des pilotes payants en MotoGP est en tout cas révolue depuis 5 ou 6 ans.

Présentation MotoGP Bangkok 2025

Fabio Quartararo domine son coéquipier sur la piste comme chez le banquier, mais le pilote tricolore possède un palmarès plus éloquent et fait partie du sérail des champions du monde en MotoGP.

Les plus bas salaires en catégorie reine débutent autour de 250 000 / 300 000 €. Les pilotes officiels gagnent eux au moins un million d’euros tandis que l’addition s’envole pour les meilleurs éléments de la grille avec les pilotes officiels Ducati Francesco Bagnaia et Marc Marquez qui s’approchent des 10 millions d’euros par an et un Fabio Quartararo qui dominerait ce classement avec un salaire estimé à 12 millions d’euros par an. Ceci signifie que le pilote le mieux payé du plateau touche environ 40 fois plus que le moins payé, un gouffre… Mais qui se mesure aussi avec la popularité de chacun via la vente des articles de merchandising. Lors du dernier GP de France 2024, il y a eu pénurie des casquettes à l’effigie de Fabio Quartararo. Soulignons aussi que ce genre d’écarts de salaire se retrouve aussi au sein d’autres sports. En football, les stars comme Kylian Mbappé sont payés six à dix fois plus que le second plus haut autre salaire de l’équipe et l’écart devient abyssal avec les équipes les moins fortunées.

Marc Marquez, Aragon GP

Marc Marquez avait « quasiment » accepté de courir pour presque rien en s’alignant chez Ducati-Gresini en 2024 afin de relancer sa carrière, mais sa fortune étant faite…

Moto2 : 50% des pilotes ne perçoivent pas de salaire versé par leur équipe

Environ la moitié des équipes de la grille paye leurs pilotes, avec des montants assez variables. On est loin des sommes vues en MotoGP, mais cela permet de vivre de son sport. Pour la deuxième moitié des équipes moins argentées, soit le pilote roule gratuitement, soit il doit malheureusement amener de l’argent. Des sommes qui peuvent aller jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros.

Moto3 : certains pilotes en Moto3 s’endettent pour courir

Environ un tiers du plateau paye ses pilotes. Ce sont les teams qui ont les plus gros sponsors (Red Bull, Leopard, CFMoto…). Un autre tiers ne paye pas ses pilotes mais ne leur demande pas d’argent et les laisse afficher leurs sponsors personnels. Enfin, le dernier tiers composé des équipes les moins fortunées est obligé de demander un apport financier à ses pilotes pour boucler la saison. Parfois plusieurs centaines de milliers d’euros. À noter que la plupart des équipes prennent également en charge les vols et hôtels des pilotes, ce qui représente environ 50 000 € la saison pour un pilote et son accompagnateur.

Superbike – WSBK : les salaires plus faibles qu’en MotoGP sont aussi le reflet des audiences comparées entre le MotoGP et le WSBK

Comme en MotoGP, les écarts entre les pilotes les mieux payés et les autres sont de plus en plus importants. Payés environs 700 000 € ces dernières années, Jonathan Rea et Toprak Razgatlioglu ont plus que doublé leur salaire pour se porter autour de 1,5 million pour le pilote Yamaha et 2 millions pour son adversaire chez BMW. Andrea Locatelli serait lui récompensé de 500 000 € par saison tandis que les premiers salaires pour un pilote d’usine se situent autour des 200 000 €. À noter qu’une bonne partie des pilotes de structures satellite se situent également autour de ce niveau de revenus car ces équipes sont soutenues par les constructeurs qui payent les salaires des pilotes. Seuls les pilotes de fond de grille amènent aujourd’hui de l’argent pour rouler. Nous sommes tout de même très loin des salaires des tops pilotes du MotoGP.

Toprak Razgatlioglu, Jerez WSBK

Le funambule et attaquant Toprak Razgatlioglu possède fort logiquement l’un des plus hauts salaires de la catégorie. Rien d’anormal vu ses performances et il fait aussi venir du public avec son pilotage démonstratif.

Supersport : seulement quelques pilotes parviennent à vivre de leur statut

La situation est totalement inverse au Superbike. Hormis quelques exceptions comme Luca Mahias, Stefano Manzi ou Michael Rinaldi, la quasi-totalité des pilotes engagés en mondial Supersport paye sa place ! Y compris d’anciens pensionnaires du Superbike comme Philipp Oettl, ou Valentin Debise pourtant quatrième du championnat en 2024. Clairement, le mondial Supersport n’est pas très lucratif pour un pilote… S’il est votre voisin, considérez qu’il ne gagne pas sa vie comme un bon footballeur ou un joueur de tennis connu, loin de là…

Endurance

Essentiellement composé d’amateurs, le championnat du monde d’endurance est aussi investi par cinq ou six équipes de pointe qui payent plus ou moins confortablement leurs pilotes. Et ce sont en tout une petite dizaine d’équipes qui versent au moins de petites primes à la participation à ses pilotes. Car pour la plupart de ces contrats, un pilote va toucher de l’argent à la course. Certains 2000 €, d’autres 10 000 ou 15 000 €. Sans oublier les bonus selon les résultats. Nous sommes loin des salaires du MotoGP, mais la plupart des pilotes officiels peuvent vivre correctement de leur passion. Pour les amateurs en revanche, il faut souvent mettre la main à la patte et au porte-monnaie pour faire vivre l’équipe.

Bol d'Or 2024

Il y a quelques années, une victoire au Bol d’Or ou aux 24 Heures moto faisait vendre des motos. Les importateurs en étaient les témoins. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et cela n’aide pas à mieux valoriser les pilotes et les équipes, malgré le fait que ces courses restent très belles.

Tous les chiffres de cet article ne sont que des estimations et des ordres de grandeur destinés à y voir plus clair sur les montants en jeu dans les différentes catégories du sport moto. Ils ont été récoltés auprès d’acteurs des différents paddocks mais ne constituent pas une vérité absolue, le sujet restant très secret.