Le prince Paul de Roumanie, visé par un nouveau mandat d’arrêt européen émis par Bucarest qui le réclame pour exécuter une peine de prison, a été remis en liberté par la cour d’appel de Paris mercredi. Paul Philip Al Romaniei, dit Paul de Roumanie, âgé de 76 ans, avait été interpellé à son domicile à Paris puis incarcéré le 7 avril dans le cadre d’un nouveau mandat d’arrêt européen émis le 30 janvier par les autorités roumaines.

La chambre des extraditions de la cour d’appel de Paris a ordonné sa remise en liberté et son placement sous contrôle judiciaire avec notamment l’interdiction de quitter le territoire. «Cette décision confirme que la France, comme d’autres juridictions européennes, refuse de devenir l’instrument d’un acharnement judiciaire et politique orchestré par l’État roumain dans le seul but de l’empêcher de faire valoir ses droits dans la succession royale», a réagi auprès de l’AFP son avocate, Me Miriame Laïchi.

«Le droit a parlé. Les droits humains du prince Paul doivent être respectés. Ce harcèlement de l’État roumain, contraire aux valeurs européennes, doit cesser immédiatement», a-t-elle ajouté. L’avocat général avait requis sa remise en liberté compte tenu de son âge, «des raisons médicales objectivées dans le dossier» et «des garanties de représentation» de Paul de Roumanie, qui s’est présenté en chemise blanche et chancelant dans le box.

«Ils savent que je suis innocent»

Bucarest le réclame pour exécuter la peine de trois ans et trois mois de prison pour trafic d’influence et complicité prononcée par la Haute Cour de cassation roumaine en décembre 2020. Le prince est accusé d’avoir œuvré avec une bande d’escrocs, entre 2006 et 2013, pour récupérer des propriétés qu’il revendiquait en tant qu’héritier de la famille royale. Dans cette affaire, 18 personnes ont été condamnées et le préjudice pour l’État a été estimé par les procureurs à 145 millions d’euros.

Une audience pour examiner ce nouveau mandat d’arrêt est prévue le 14 mai à la chambre des extraditions. «C’est incroyable qu’ils aient refait un mandat d’arrêt alors qu’ils savent que je suis innocent», a déclaré à l’audience Paul de Roumanie, se disant «très déçu de (son) pays». Un premier mandat d’arrêt européen avait été émis le 18 décembre 2020, au lendemain de sa condamnation en appel.

Mais la chambre des extraditions avait refusé en novembre 2023 de remettre à Bucarest ce descendant du roi Carol II, l’un des derniers rois de Roumanie, «en raison d’un risque réel de violation de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne». À Malte, où le prince s’était rendu en avril 2024 pour une cérémonie officielle, la justice avait également refusé sa remise aux autorités roumaines. Le père du prince, Carol Mircea Grigore, né en 1920, était un des fils de Carol II, roi de Roumanie de 1930 à 1940. En 1947, la famille royale a été chassée de Roumanie par les communistes et ses propriétés ont été confisquées. Des conflits perdurent sur les biens issus de la succession.