Valdson Vieira Cotrin, qui a travaillé près de vingt ans pour Jeffrey Epstein à Paris, affirme que le financier « aimait trop la vie pour se suicider ». Il raconte ses derniers jours, la minute manquante dans les vidéos de surveillance et confie qu’Epstein lui aurait parlé d’une proposition de poste faite par Donald Trump en 2016.

À l’écouter, la thèse du suicide ne tient pas. « Je n’y crois pas. Il aimait trop la vie », lâche Valdson Vieira Cotrin, 65 ans, dans un entretien au Telegraph. Pendant dix-huit ans, ce Brésilien naturalisé français a tenu les clés de l’appartement de Jeffrey Epstein, avenue Foch, à Paris. Majordome, chauffeur, cuisinier, homme à tout faire, il l’a vu partir et revenir, accueillir ses invités, préparer ses bagages… et le conduire, pour la dernière fois, à l’aéroport du Bourget.

Quelques jours avant son arrestation, en juillet 2019, Epstein lui parlait encore d’investissements, d’îles à développer, de séjours prolongés à Paris. « Il m’a dit qu’il allait négocier sa libération sous caution. Il était confiant. » Cotrin ne l’a jamais revu. À l’arrivée à New York, la police l’attendait. Moins d’un mois plus tard, il était retrouvé mort dans sa cellule du Metropolitan Correctional Center.

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Une minute manquante

Le ministère américain de la Justice a rendu publiques près de onze heures d’images filmées à l’extérieur de la cellule. Mais entre 23 h 58 et minuit, une minute entière manque à l’enregistrement. De quoi nourrir, encore, les soupçons de ceux qui pensent qu’Epstein a été éliminé pour le faire taire.

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Cotrin raconte avoir vu défiler, avenue Foch, Bill Clinton, le prince Andrew, Woody Allen, Ehud Barak ou Peter Mandelson. Dans toutes ces années, il jure ne jamais avoir vu de mineures. « Les filles lui donnaient des massages, lui coupaient les ongles, ça s’arrêtait là », assure-t-il. Sa compagne, Maria Gomes de Melo, présente sur plusieurs séjours, confirme.

Une confidence sur Trump

Parmi les souvenirs qui l’ont marqué, celui d’une conversation, fin 2016. Epstein revient à Paris quelques jours après l’élection présidentielle américaine et lui lance : « Trump m’a demandé de travailler pour lui dans le nouveau gouvernement. » Cotrin le félicite. « Non, je n’ai pas accepté », répond Epstein. De quoi relancer la pression sur le président américain, alors que ses liens passés avec Epstein continuent d’alimenter les spéculations, malgré ses dénégations répétées.

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Embauché en 2001, Cotrin dit avoir été le seul salarié permanent de la résidence parisienne. Il cuisinait aussi pour les dîners d’Epstein à l’étranger. « Ça pouvait être pour Bill Gates, ou Ehud Barak. » Depuis la mort de son employeur, il peine à retrouver du travail. Le souvenir du dernier trajet vers l’aéroport ne le quitte pas. « Parfois, je me dis que j’aurais dû avoir un accident avec lui, pas grave, juste assez pour l’empêcher de partir. Peut-être que tout aurait été différent. »