En 2025, la mode impose les tapers, dégradés et barbe
taillée tous les trois jours. Les paddocks, remplis de Superstar,
n’y font pas exception, même si Jack Miller peut parfois arborer la
moustache, ce qui colle bien avec son personnage. Aujourd’hui, nous
allons revenir sur les traces d’un pilote relativement méconnu de
nos jours mais qui a fait les grandes heures du mondial… et en
side-cars !

Né en 1954, sa carrière sur trois roue débute en 1975 sur les
fameux attelages BMW. La firme bavaroise dominait le
championnat du monde depuis les années 1950, mais doucement, les
habitudes changeaient tout comme les forces en présence
.
L’ère Deubel était terminée en Grands Prix, mais les Allemands
conservaient la mainmise sur le championnat. Ainsi, Streuer et son
coéquipier Johan Van Der Kaap gravissent les échelons au niveau
national et sont titrés en 1978 sur un Schmid-Yamaha. En cette même
année, il réalisent leurs début en mondial. La catégorie est très
respectée dans le paddock, et nombreux sont les fans à attendre la
fin des courses deux-roues pour voir évoluer ces engins un peu
étranges.

Contrairement à Alain Michel, par
exemple, l’apprentissage est plus long pour Egbert Streuer. Pendant
plusieurs années, il monte en puissance avec Van Der Kaap mais ce
dernier prend sa retraite à la fin de l’année 1980.
L’équipe était désormais dotée d’un LCR (pour
Louis Christen Racing), la référence suisse ultime dans le monde du
side-car. Streuer embarque différents singes au cours de l’année
1981, et c’est un an plus tard que se présente Bernard Schnieders à
ce poste. À Silverstone, la sauce prend enfin ; la paire de
Néerlandais s’impose pour la première fois. À l’époque, il faut
faire face à Rolf Biland. Le Suisse, peut-être le meilleur pilote
de side-car de tous les temps, est un adversaire coriace.
En 1983, ce dernier est titré devant nos deux
larrons.

 

moustache

Ici, à
droite, vous vous en doutez déjà. Photo : ANEFO

 

Puis, l’ère de domination débute. En 1984, Streuer et Schnieders
sont intouchables et profitent de l’absence du binôme
Biland/Waltisperg sur la majorité des courses de l’année. Werner
Schwärzel, champion du monde 1982, ne peut rien faire. Désormais
couronnés, ils repartent pour un tour. Cette fois, c’est beaucoup
plus serré. Biland décroché, Schwärzel pousse et contient
Streuer
. Au fil de la saison, les deux tandems n’arrivent
pas à se départager. Tout se joue en Suède, du côté d’Anderstorp.
Si l’attention est focalisée sur l’exploit de Freddie Spencer, qui
valide ici son mythique doublé 250cc/500cc avec une nouvelle
victoire, personne n’en oublie le dénouement insoutenable en
side-car. Streuer est plus rapide, c’est certain, et bénéficie de
la meilleure dynamique… mais pointe derrière au classement.
Seul objectif : la victoire. Heureusement, il
réalisent une course sans anicroche et s’imposent, tandis que
Schwärzel/Buck sont deuxièmes. Égalité parfaite, 73 points partout.
Mais grâce à une meilleure vitesse intrinsèque, les
Hollandais sont de nouveaux champions du monde.

En 1986, nouveau défi. Alain Michel et Jean-Marc Fresc, le duo
français qui va bien, monte encore en puissance. Là encore,
impossible de départager les deux équipages sur toute une saison.
La finale se profile à Hockenheim. Coup de théâtre ; le casque
d’Alain Michel, alors en tête du championnat, a mal été rattaché
après une interview donnée avant le départ pour TF1 ! Se
démenant comme un beau diable, les français terminent 5e mais ne
peuvent rien faire contre la tornade Egbert Streuer, qui
n’en demande pas tant
. De nouveau a égalité, les deux
formations sont départagées au nombre de victoires et une fois de
plus, les Néerlandais en profitent.

Mais les bonnes choses ne durent qu’un temps. Désormais, il y a
un nouveau shérif en ville ; Steve Webster.
Le Britannique éteint la saison 1987, mais laisse une seule
victoire au duo Streuer/Schnieders ; la plus belle de toute,
au TT Assen. Malgré qu’il soit le meilleur pilote
« moto » de l’histoire du pays, il ne s’était encore
jamais imposé dans la « cathédrale ».

 

moustache

Ici en
1984, dans le side-car n°2, aux côtés du mythique duo
Biland/Waltisperg. Photo : ANEFO

 

Les saisons se ressemblent, et nouveau coup dur fin 1988, quand
Bernard Schnieders décide de quitter le navire.
Geral de Haas le remplace. Jusqu’en 1991, Egbert Streuer reste fort
et candidat à la victoire mais il lui manque toujours un poil de
vitesse pour prendre les rennes du mondial. Même avec un moteur
Krauser en 1991, il fait toujours figure d’épouvantail sur le
podium du général, à 37 ans passé.

Puis, en 1992, il raccroche le cuir… sur une victoire,
ce qui n’est pas si courant. Désormais accompagné
par Peter Brown, il remporte un 22e succès en Afrique du Sud même
si la situation n’est plus viable. Les side-cars n’intéressent plus
le public comme avant dans cette nouvelle ère des Grands Prix, et
les sponsors se font rares. D’ailleurs, quatre ans plus tard, la
disparition de la catégorie dans le cadre du championnat du monde
moto est actée.

Même s’il n’a pas le palmarès d’un Biland, Egbert Streuer était
une grande figure du paddock, connu pour ses qualités de
metteur au point et son pilotage soigné. Rendez-vous compte ;
il n’a connu que deux abandons dans toute sa carrière au plus haut
niveau. Personne n’a oublié le fameux sponsor « Lucky
Streuer », en référence au cigarettier. Comme souvent dans la
discipline, il transmit la passion à son fils Bennie, qui
réussit à décrocher le titre mondial en 2015 accompagné par Geert
Koerts.

Connaissiez-vous ce pilote ? Dites-le nous en
commentaires !

 

Biland
devant Streuer, à Assen en 1984. Photo : ANEFO

 

Photo de couverture : ANEFO