Ce vendredi 8 août à Kiev, les Ukrainiens ont rendu hommage à Victoria Roshchyna, journaliste tuée après avoir passé plus d’une année en captivité russe. La journaliste indépendante, qui enquêtait sur le sort des Ukrainiens vivant dans les territoires occupés, n’avait pas survécu aux tortures dont elle a été l’objet. La Russie a confirmé sa mort en septembre 2024, mais son corps mutilé n’a été rendu à ses proches qu’en février 2025.

Au cœur de Kiev, en la cathédrale Saint-Michel-au-Dôme-d’Or, une foule de journalistes, de proches et d’amis est venue rendre hommage à Victoria Roshchyna, journaliste morte à 27 ans sous la torture de ses geôliers russes. La jeune femme a disparu lors d’un reportage en août 2023 dans la région méridionale de Zaporijjia, territoire partiellement occupé par Moscou depuis trois ans d’invasion de l’Ukraine. Un an plus tard, elle appelle ses parents depuis une prison russe : il restera comme leur seul contact avec elle. En octobre 2024, ils reçoivent une lettre du ministère russe de la Défense indiquant que Victoria Roshchyna est décédée le 19 septembre.

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Sur la place de l’Indépendance à Kiev, ce 8 août, ses collègues ont souligné toute la détermination qui animait Victoria, et qui lui avait valu la reconnaissance de la profession.

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« Victoria était une personne qui ne connaissait pas le mot « non ». En fait, tout le monde disait qu’il ne fallait pas aller dans les territoires occupés. Personne à la rédaction n’était prêt à assumer cette responsabilité, mais elle voyait cela comme sa mission, elle savait qu’elle y irait tout de même », a témoigné l’un de ses collègues au micro de notre correspondante à Kiev, Emmanuelle Chaze.

« Nous avons beaucoup discuté avec elle du fait qu’il était possible de travailler, d’écrire sur les territoires occupés sans y être, sans passer la frontière, car cela la mettait en danger, et elle avait déjà survécu à la première captivité, confie un autre. Mais elle ne voulait rien entendre, elle disait : « Je suis la seule à pouvoir le faire et je le ferai, car tout le monde a oublié les habitants des territoires occupés, mais moi non, je ne les ai pas oubliés ! » »

Sur la place de l’Indépendance, les proches, amis et collègues de Victoria Roshchyna se sont agenouillés devant la dépouille de la journaliste. Ils espèrent que son calvaire aux mains des Russes ne sera pas oublié. À ce jour, 29 autres journalistes ukrainiens sont emprisonnés en Russie, où l’on craint qu’ils soient sujets aux mêmes tortures subies par Victoria Roshchyna.

La journaliste collaborait avec plusieurs médias ukrainiens et internationaux. Sa mort a suscité l’indignation de l’Union européenne et de nombreuses ONG de défense des droits humains.

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