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De plus, les solutions antimoustiques n’agissent souvent que sur les adultes, sans prendre en compte le véritable problème : les larves. Le moustique vivant dans un périmètre de 30 à 150 mètres, les autorités sanitaires conseillent avant tout de s’attaquer aux points d’eau stagnante, qui regorgent de nids. Ceux-ci pourraient s’avérer être de véritables pièges pour lutter contre le fléau de l’été, grâce à un ami dénommé Poecilia reticulata en latin.
Pour lutter contre les moustiques, il faut commencer par repérer les points d’eau stagnante.
WENDLING Manon/PYRENEES PRESSE
Ce poisson, plus souvent appelé « guppy », c’est « l’arme de destruction massive » qu’utilise Mickaël Pantaleone dans son exploitation agricole. Installé depuis huit ans en Béarn, il promeut la biodiversité « auprès des enfants mais aussi des adultes » dans son Jardin épicurien à Morlanne.
Très utilisé dans les Antilles
« Quand je vivais dans les Antilles, j’ai attrapé la dengue et Zika. Ma compagne a eu le chikungunya. Quand on a vu qu’un cas autochtone est arrivé dans le 64, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose car ce n’est pas avec des insecticides qu’on les stoppera ». C’est alors qu’il se souvient des techniques utilisées en Outre-mer pour lutter contre les moustiques et se procure ces fameux guppys.
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« Là-bas, on le place dans des citernes d’eau qui nous servent à nous laver mais aussi à irriguer. Il peut vivre dans des milieux fermés, des eaux poisseuses et dans l’obscurité la plus totale. À la maison, il suffit d’une bassine, d’une poubelle vide ou d’un seau qui lui servira de terroir. Quand on n’avait pas de guppy dans la cuve de notre serre, c’était farci de moustiques », assure le jardinier Morlannais. La gambusie (son nom dans le Sud Ouest) se nourrit de petits invertébrés. Si elle mange des larves de moustique, elle préfère les vers de vase, les algues ou encore les larves de moustique non piqueur.
Une efficacité remise en cause
Depuis les années 1940, les guppys, qui ne mesurent guère plus de sept centimètres, servent d’antimoustique dans les Antilles et particulièrement en Martinique. Lors de l’épidémie de Zika en 2016, l’Agence régionale de santé de l’île soutenait même la distribution encadrée de guppys pour éradiquer les moustiques chez les détenteurs de réservoirs d’eau et faisait de même à Saint-Martin cette année-là.
Malgré la bataille victorieuse de Mickaël Pantaleone sur ses terres, l’efficacité du « mosquito fish » (son nom anglais) envers les larves de moustiques fait débat au sein de la communauté scientifique. « Des études sur son régime alimentaire » ont montré l’inefficacité de la gambusie « en Corse et en Camargue où elle est présente depuis les années 1920 », indique un rapport de l’Office français de la biodiversité paru en 2023.
« Une arme de destruction massive »
Après avoir vécu dans les Antilles, Mickaël Pantaleone, a monté son jardin épicurien à Morlanne où il cultive toutes sortes d’essences végétales.
WENDLING Manon/PYRENEES PRESSE
Le rapport atteste aussi du caractère envahissant de cette espèce exotique originaire de Floride aux États-Unis. Aujourd’hui largement répandue dans le monde, elle est « en grande partie responsable du déclin des Aphanius, un genre de petits poissons initialement bien présents dans le bassin méditerranéen », rappelle le site spécialisé Fishipédia.
Un risque conscientisé par Mickaël Pantaleone : « Dans notre petit bassin, on est passé de quelques-uns à plusieurs milliers. Il suffit d’une épuisette pour en sortir cinquante », d’où sa volonté d’en partager à qui voudra, avant de s’en débarrasser pour récurer son bassin également envahi de plantes aquatiques. Et de rappeler que son intention d’en céder, ne doit se faire que pour les introduire « dans des milieux en vases clos, loin des milieux naturels. On aimerait lancer un élan citoyen. La lutte contre le moustique concerne tout le monde. »
L’agriculteur reconverti pisciculteur malgré lui suggère de le contacter par mail (jardinepicurien64@gmail.com) ou sur les réseaux sociaux (@jardin_épicurien) pour venir en chercher. « On aimerait qu’un maximum de personnes se sentent concernées, que ça fasse un effet boule de neige »
La fédération de pêche 64 met en garde sur son utilisation
Il reste important de rappeler que le guppy reste une espèce exotique qui peut perturber les écosystèmes locaux. « C’est un poisson très prolifique, alerte Fabrice Masseboeuf, responsable technique de la fédération de pêche des Pyrénées-Atlantiques. Il y en a déjà partout dans le département, parfois au détriment d’espèces locales. Si on se fie aux lois, il faudrait les éliminer. Ce genre d’initiatives sont super, mais peuvent déboucher sur des bêtises. Une fois qu’on a donné le poisson, on ne sait pas ce que les gens peuvent en faire. Cela peut vite devenir incontrôlable. »