Vladimir Poutine et Donald Trump vont se rencontrer pour la première fois depuis six ans le 15 août en Alaska pour tenter de mettre fin au conflit en Ukraine. Mais le choix de l’Alaska n’a rien d’anodin.

Près de 10 ans après sa dernière apparition sur le sol américain, le président russe Vladimir Poutine devrait faire son retour aux États-Unis, pour y rencontrer Donald Trump le 15 août. Les deux hommes doivent se retrouver dans l’état de l’Alaska. Un choix pas si surprenant.

L’Alaska, surnommé l’État de la « dernière frontière », est le plus grand des États-Unis. Il s’étend sur plus d’1,5 million de kilomètres carrés, deux fois et demie le Texas. Un large territoire à cheval sur le cercle polaire arctique, qui avant d’appartenir aux Américains, fût une possession des tsars russes.

Cession aux américains en 1867

En 1867, la Russie cède l’Alaska aux États-Unis pour 7,2 millions de dollars. Selon la revue de géopolitique Conflits, au sortir de la défaite de la guerre de Crimée face à une coalition de puissances européennes dans laquelle figure le Royaume-Uni, l’empire Russe préfère se séparer de ce territoire trop difficile à défendre en cas d’invasion des Britanniques, alors présents au Canada. États-Unis et Russie deviennent alors de très proche voisins, séparés uniquement par le détroit de Béring.

Frontière commune

Au point le plus proche, entre les deux îles de la Grande Diomède russe et la Petite Diomède alaskienne, les deux États ne sont distants que de moins de 5 kilomètres.

« La Russie et les États-Unis sont des voisins proches, avec une frontière commune », soulignait M. Ouchakov, le conseiller diplomatique du Kremlin, cité vendredi 8 août par les agences russes, qualifiant le choix de l’Alaska pour la rencontre Trump-Poutine « d’assez logique ».

Proximité culturelle

La proximité historique et géographique est aussi culturelle. Comme le rappelle le site officiel de l’État: « L’Alaska compte de nombreux bâtiments historiques russes. Il existe des églises orthodoxes russes actives dans quelque 80 communautés de l’Alaska, dont beaucoup utilisent encore l’ancien calendrier orthodoxe russe et célèbrent Noël le 7 janvier, selon le calendrier occidental ».

Côté russe la symbolique de l’Alaska est donc peut-être d’un tout autre ordre, comme l’avance Michael McFaul, ambassadeur américain en Russie de 2012 à 2014, sur X :

« Trump a choisi d’accueillir Poutine dans une partie de l’ancien Empire russe. Je me demande s’il sait que les nationalistes russes affirment que la perte de l’Alaska, tout comme celle de l’Ukraine, a été une injustice pour Moscou qui doit être corrigée. »

Mais aux symboles viennent s’ajouter des considérations économiques. « L’Alaska et l’Arctique sont des zones où les intérêts économiques de nos deux pays se recoupent et il y a des possibilités de projets de grande ampleur mutuellement avantageux », relève Iouri Ouchakov, rappelant toutefois que les discussions entre les présidents russe et américain porteraient avant tout sur l’Ukraine.

Chez Donald Trump, « il y a sans doute en tête de liste l’opportunité d’exploiter les gisements d’hydrocarbures du grand nord russe, les Russes n’en ont pas les capacités (…). Donald Trump doit sentir qu’il y a une opportunité business à faire là-bas », conjecture de son côté Ulrich Bounat, analyste géopolitique sur BFMTV.

Mandat d’arrêt de la CPI

Le choix est aussi stratégique: les États-Unis ne reconnaissent pas la juridiction de la Cour pénale internationale (CPI). Or, la CPI a émis un mandat d’arrêt international à l’encontre de Vladimir Poutine en raison de l’invasion russe de l’Ukraine, ce qui complique les déplacements du président russe, qui doit éviter au maximum d’entrer dans l’espace aérien de pays qui pourraient vouloir appliquer ce mandat d’arrêt.