Le matador nîmois, au destin flamboyant et tragique, est le cœur d’un ouvrage collectif, « 6 cargos noirs, Nimeño II ». Le livre est récompensé par le prix de la Féria du livre de Millas, ce samedi 9 août.

L’émotion et la littérature se sont mêlées pour célébrer un pan de mémoire taurine. Le prix de la Féria du Livre a été remis à l’éditeur Bruno Doan, fondateur des Éditions Atelier Baie, ce samedi à Millas. Organisé par le Comité d’animation culturelle de Millas, en partenariat avec le Centre Méditerranéen de Littérature, ce prix distingue chaque année une œuvre marquante consacrée à la tauromachie. Cette édition a récompensé un ouvrage collectif d’exception : « 6 Cargos Noirs, Nimeño II », réunissant plusieurs auteurs dont le célèbre Jacques Durand, ancien chroniqueur taurin pour Libération pendant vingt-cinq ans. « On n’a jamais pu définir ce qu’était vraiment la corrida : un sport, une passion… Finalement, Libération l’a qualifiée d’indéfinissable, et c’est sans doute au plus proche de la vérité. C’est un moment qui se vit », confie-t-il.

Sa vie, flamboyante et tragique, incarne cette ligne fragile où la passion côtoie la mort

Le livre dresse le portrait de Nimeño II, torero mythique qui marqua l’histoire des arènes françaises dans les années 1980. Mais le 10 septembre 1989, dans les arènes d’Arles, un toro nommé Pañolero le projeta violemment, le laissant tétraplégique. Brisé dans son corps mais pas dans son âme, il lutta contre le handicap avec acharnement. Mais après deux ans de combat et comprenant qu’il ne pourra plus exercer sa raison de vivre, il mettra fin à ses jours le 25 novembre 1991. Sa vie, flamboyante et tragique, incarne cette ligne fragile où la passion côtoie la mort.

Bruno Doan rappelle combien la réalisation de cet ouvrage fut un défi : « À l’époque où le numérique n’existait pas, retrouver les archives fut un travail de fourmi. Mais avec de la persévérance, le projet a été mené à son terme ». Ici, il ne s’agit pas de juger une pratique, mais de comprendre un destin. C’est avant tout l’histoire d’un homme habité par une passion si ardente qu’elle devint le fil rouge de sa vie… et la cause de sa mort. Nimeño II n’était pas seulement un torero, il était un poète de l’arène, un funambule marchant chaque jour sur le fil tendu entre la gloire et le drame. Et ce fil, il l’a suivi jusqu’au bout, jusqu’au moment où le destin, l’a tranché. Le destin d’un homme raconté par d’autres passionnés… Ceux qui l’ont vu briller, qui l’ont vu tomber, et qui, des années plus tard, gardent dans leurs voix ce frisson intact. Ceux qui parlent de lui comme on parle d’un frère ou d’un héros, avec cette tendresse mêlée de respect qui ne s’éteint jamais.