The Pickup // De Tim Story. Avec Eddie Murphy, Peter D’avison et Keke Palmer.
Quand on lance The Pickup sur Amazon Prime Video, on s’attend instinctivement à retrouver l’énergie débordante d’Eddie Murphy, cette capacité à transformer une intrigue banale en un pur moment de cinéma grâce à son charisme et à son humour. Malheureusement, le film ne déploie jamais pleinement ce potentiel. Ce n’est pas un naufrage, mais c’est loin d’être un retour en grâce. L’idée de départ avait pourtant de quoi intriguer : Eddie Murphy et Pete Davidson dans la peau de convoyeurs de fonds embarqués dans un braquage rocambolesque. Un tandem supposé fonctionner sur le principe du buddy movie, avec échanges piquants et situations absurdes. Sur le papier, c’est une formule qui a déjà prouvé son efficacité dans les années 80 et 90, que ce soit dans L’Arme fatale ou Bad Boys.
Ce qui devait être un simple braquage tourne au cauchemar quand deux convoyeurs de fonds que tout oppose, Russell et Travis, se retrouvent pris dans une attaque menée par une criminelle redoutable, Zoe, dont les intentions dépassent largement le butin. Pris au piège dans une spirale de chaos, le duo improbable devra composer avec le danger, leurs différences, et une journée qui ne cesse d’empirer.
Ici, le film ne prend jamais. Les dialogues donnent l’impression d’être récités plus que vécus, et l’humour tombe souvent à plat. Le résultat est un partenariat qui, au lieu d’électriser l’écran, semble forcé et désynchronisé. Le récit est d’une simplicité extrême : un transport d’argent, une attaque de malfrats maladroits, et une course-poursuite en chaîne. On pourrait s’en contenter si le film assumait pleinement sa légèreté, mais The Pickup hésite en permanence entre la comédie décontractée et l’action pure. Cette indécision lui fait perdre du rythme. Les rebondissements, déjà vus des dizaines de fois, s’alignent mécaniquement.
On retrouve la structure typique des productions calibrées pour le streaming : ouverture dynamique, péripéties en accéléré, quelques scènes d’action efficaces, puis un dénouement prévisible. Aucun twist marquant, aucune prise de risque narrative. Là où The Pickup garde un minimum d’intérêt, c’est dans certaines séquences d’action. Les poursuites en voiture sont plutôt bien filmées et quelques idées visuelles viennent dynamiser un scénario par ailleurs plat. Cependant, même ces moments manquent de personnalité. La réalisation, signée Tim Story, reste fonctionnelle. Elle se contente de cocher les cases d’un cahier des charges sans insuffler la patte qui aurait pu distinguer le film d’une production générique de plateforme.
En plus de Murphy et Davidson, le film aligne des noms connus comme Eva Longoria, Keke Palmer et Andrew Dice Clay. Pourtant, aucun n’a réellement l’occasion de briller. Les personnages secondaires semblent là pour meubler entre deux scènes d’action, et leurs dialogues ne leur donnent que peu d’épaisseur. Paradoxalement, Keke Palmer s’en sort le mieux grâce à une énergie plus sincère, mais son temps à l’écran reste trop limité pour rééquilibrer l’ensemble. La plus grande frustration vient sans doute d’Eddie Murphy lui-même. Ici, il donne l’impression de jouer sur une seule tonalité, comme s’il traversait le film sans y investir toute son énergie. Pour un acteur qui a su, dans le passé, transformer les films les plus faibles en moments mémorables, cette absence de flamme se ressent d’autant plus.
Certes, il reste agréable à regarder, et quelques répliques rappellent son humour d’antan, mais dans l’ensemble, on a le sentiment qu’il se contente d’assurer le service minimum. L’un des rares points de charme réside dans la nostalgie qui se dégage du projet. The Pickup rappelle ces comédies d’action d’antan, où le réalisme passait après le pur divertissement. Le problème, c’est que cette nostalgie n’est pas accompagnée d’un renouvellement des codes. Au lieu de se réinventer, le film se contente de reproduire des recettes connues, ce qui le rend daté plutôt que vintage. Regarder The Pickup, c’est un peu comme grignoter un paquet de chips devant la télé : ça occupe, ça se consomme sans effort, mais ça ne laisse aucune trace une fois terminé.
Ce n’est pas un film qui agace profondément, mais ce n’est pas non plus une œuvre qui donne envie d’en parler le lendemain. Pour un visionnage du dimanche soir, sans attente particulière, il fait le job. Mais pour un spectateur en quête d’un vrai moment de cinéma, il risque de paraître bien fade. Ce qui ressort, c’est surtout l’incapacité du film à choisir une direction claire. Veut-il être une parodie assumée des films de braquage ? Un thriller comique ? Un film d’action débridé ? En essayant de cocher toutes ces cases, il finit par n’en remplir aucune complètement. Le mélange des genres, au lieu de créer un cocktail savoureux, donne un résultat tiède, qui peine à provoquer des rires ou à faire monter l’adrénaline.
Au moins, The Pickup ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas. On sent que le film a été pensé pour un visionnage en streaming, sans ambition de cartonner en salles. Cela lui évite l’écueil des productions qui veulent rivaliser avec les blockbusters sans en avoir les moyens. La durée courte (94 minutes) empêche aussi l’ennui total. Mais cette concision ne compense pas le manque d’âme du projet. The Pickup n’est ni un désastre ni une réussite. C’est un divertissement fonctionnel, lisse, sans éclat, qui s’oublie aussi vite qu’il se regarde. Ceux qui veulent retrouver l’Eddie Murphy charismatique des grandes années risquent d’être déçus. Ceux qui cherchent juste un film léger pour meubler une soirée y trouveront peut-être leur compte.
Il reste l’impression d’une occasion manquée, celle de remettre Murphy au centre d’une comédie d’action digne de sa légende. En attendant, il faudra espérer que ses prochains projets lui redonnent l’envie — et les moyens — de briller.
Note : 4/10. En bref, Eddie Murphy sur pilote automatique dans une comédie d’action trop sage.
Sorti le 6 août 2025 directement sur Amazon Prime Video