À Nice, on a le soleil, la mer… mais aucun couteau régional. C’est cette carence que Boris Martello, 35 ans, a voulu combler. Ancien ingénieur, il a tout quitté pour créer la Lameta, une lame enracinée dans le terroir niçois.
L’idée? Elle a germé lors de ses randonnées. « Partout où j’allais, les gens avaient leur couteau régional. En Corse, par exemple, ils ont la Vendetta. Et nous, à Nice? Rien », raconte Boris. L’ingénieur, alors en poste à l’Agglomération Cannes-Pays de Lérins, se met alors à cogiter.
Pendant cinq ans, il mène une « double vie »: « En parallèle de mon boulot, j’ai testé des machines et des logiciels, cherché les bons partenaires. Ce furent cinq années de galères mais surtout de persévérance « , souffle-t-il. Et en octobre 2024, le voilà qui saute enfin le pas, démissionnant de son travail pour lancer sa marque (« lameta » veut dire « petite lame » en niçois).
Un travail d’orfèvre
Dans son atelier perché à La Trinité, Boris travaille seul. Chaque pièce qui sort passe plusieurs heures entre ses mains. « Un couteau représente environ cinq heures de travail, réparties sur trois jours », précise-t-il.
Le manche? Taillé dans de l’olivier local, souvent centenaire. « C’était une évidence: il y en a partout ici. Chaque morceau est unique par son veinage », dit-il en caressant un bois blond strié. La lame? Forgée à Thiers, capitale de la coutellerie française. Le tout, ajusté au dixième de millimètre près.
Rien n’est laissé au hasard: « Il y a l’aigle et la couronne du comté, un cachet avec le logo de la ville… Même les pochettes cadeaux reprennent les couleurs des façades du Vieux-Nice ».
Un hommage à sa ville natale
« J’aime ma région. La Lameta est une déclaration d’amour à notre territoire », confie Boris. Et, comme le veut la tradition, une pièce accompagne chaque lame: « On ne doit jamais offrir un couteau sans une pièce, pour ne pas couper le fil de l’amitié ».
Pour son créateur, pas question que la Lameta dorme sous vitrine: « J’aimerais qu’elle vive. J’ai envie qu’elle parte dans le Mercantour, qu’elle coupe le saucisson de l’apéro sur la plage… », sourit-il. Alors, il pense à tout: « Ma petite fierté, c’est l’option de mettre un message dans le manche. On le scanne avec notre téléphone, puis un joli mot et une photo s’affichent ».
Un parcours semé d’embûches
Seul dans son atelier, il a su garder la flamme. « Il y a eu des doutes. Personne ne me connaissait. Il a fallu gagner leur confiance, reconnaît-il. J’ai eu des problèmes pour recevoir les machines. Avec le contexte géopolitique, les bateaux ont eu six mois de retard. »
Les commandes sont ouvertes depuis quelques semaines sur le site de la maison Martello (1). À condition de s’armer de patience: « Ce n’est pas: je commande un jour, je reçois le lendemain. Il faut compter un peu plus de temps », prévient-il.
Pour un canif nissart, comptez 145 euros. Un tarif que Boris Martello assume parfaitement: « C’est du 100% français, artisanal et de qualité. Et je travaille aussi sur d’autres produits régionaux, plus accessibles: des planches à découper, des tire-bouchons… ». Son rêve? Ouvrir une boutique dans le Vieux-Nice, à deux pas des ruelles colorées qui l’ont inspiré.