Un total de 466 partisans de l’organisation Palestine Action ont été arrêtés samedi à Londres au cours d’une manifestation de soutien à ce réseau propalestinien, interdit début juillet et classé « organisation terroriste », a annoncé la police londonienne.

Celle-ci a procédé à ces interpellations – un des plus grands nombres pendant une seule manifestation dans la capitale britannique – pour soutien à une organisation interdite.

La police a précisé avoir arrêté ou être en train de le faire toutes les personnes ayant brandi la pancarte Je m’oppose au génocide, je soutiens Palestine Action.

Des manifestants assis au sol avec des pancartes où on peut lire des slogans sympathisants à la Palestine.Ouvrir en mode plein écran

Des manifestants participent à une manifestation propalestinienne intitulée « Lift The Ban » (Lève l’interdiction) sur Parliament Square, le 9 août 2025, à Londres, au Royaume-Uni.

Photo : Getty Images / Alishia Abodunde

Sur place, des manifestants ont porté d’autres pancartes comme Agir contre le génocide n’est pas un crime ou Free Palestine.

Après 22 mois de guerre, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou subit une très forte pression en Israël et à l’étranger pour mettre fin à son offensive dans la bande de Gaza, où plus de 2 millions de Palestiniens sont menacés d’une « famine généralisée », d’après l’ONU.

L’opération israélienne à Gaza a déjà fait 61 369 morts dans l’enclave, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

Du côté israélien, l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 avait entraîné la mort de 1 219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles.

Qu’ils nous arrêtent tous

C’est un impératif moral d’être ici, a déclaré à l’AFP Mathilda, qui ne souhaitait pas donner son patronyme.

S’ils veulent m’arrêter, je ne m’enfuirai pas et je ne me cacherai pas, a ajouté cette septuagénaire arrivée spécialement de Bristol, à l’ouest de Londres, et qui était assise aux côtés d’autres manifestants avec la pancarte de soutien au groupe interdit.

Qu’ils nous arrêtent tous, a renchéri Richard Bull, un londonien de 42 ans dans un fauteuil roulant. Ce gouvernement est allé trop loin. Je n’ai rien à me reprocher.

Un manifestant brandit un drapeau palestinien lors d'une manifestation.Ouvrir en mode plein écran

Un manifestant brandit un drapeau palestinien lors d’une manifestation en soutien au groupe interdit Palestine Action, appelant à la levée de l’interdiction récemment imposée, dans le centre de Londres, le 9 août 2025.

Photo : Getty Images / HENRY NICHOLLS / AFP

De nombreux drapeaux palestiniens étaient visibles dans la foule, à quelques pas de laquelle étaient alignées des voitures de police, a constaté une journaliste de l’AFP.

Les forces de l’ordre avaient mis en garde les participants contre les potentielles conséquences pénales de leurs actes.

Les personnes arrêtées n’ont pas opposé de résistance, beaucoup formant un V de la victoire avec leurs doigts, sous les applaudissements d’autres manifestants, a constaté une journaliste de l’AFP.

Une manifestante se fait transporter les doigts en signe de paix.Ouvrir en mode plein écran

La police avait averti que tous les manifestants risquaient d’être arrêtés.

Photo : Getty Images / HENRY NICHOLLS / AFP

Une organisation jugée terroriste

Palestine Action a été ajoutée début juillet à la liste des organisations considérées comme terroristes au Royaume-Uni, après des actes de vandalisme perpétrés par ses militants, notamment sur une base de l’armée de l’air.

Le groupe Defend Our Juries organise depuis des manifestations pour protester contre cette interdiction, jugée disproportionnée par l’ONU.

Nous continuerons tant que le gouvernement tentera de faire taire ceux qui dénoncent sa complicité dans des crimes de guerre.

Une citation de Defend Our Juries par communiqué

Nous sommes déjà de plus en plus nombreux à nous préparer pour la prochaine vague d’actions en septembre.

Un vieil homme se fait escorter par la police.Ouvrir en mode plein écran

L’organisation Palestine Action a été interdite en vertu de la loi antiterroriste au Royaume-Uni datant de 2000.

Photo : Getty Images / HENRY NICHOLLS / AFP

L’arrestation de manifestants par ailleurs pacifiques constitue une violation des obligations internationales du Royaume-Uni de protéger les droits à la liberté d’expression et de réunion, a dénoncé l’ONG Amnesty International samedi sur X.

Le gouvernement britannique affirme que les sympathisants de Palestine Action ne connaissent pas la vraie nature de ce mouvement. Ce n’est pas une organisation non violente, a assuré la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper, disant disposer d’informations inquiétantes sur ses projets.

Plus de 200 de ses partisans avaient déjà été interpellés avant la manifestation de samedi, selon Tim Crosland, un représentant de Defend Our Juries.

Trois personnes ont été inculpées en vertu de la loi antiterroriste jeudi pour avoir exprimé leur soutien à Palestine Action, une infraction passible de jusqu’à six mois de prison.

L’appartenance à un groupe interdit ou l’incitation à le soutenir peut quant à elle valoir jusqu’à 14 ans de prison.

L’interdiction de Palestine Action a donné lieu à une action en justice entamée par Huda Ammori, cofondatrice en 2020 de cette organisation qui se présentait comme un réseau d’action directe visant à dénoncer la complicité britannique avec l’État d’Israël, en particulier sur la question des ventes d’armes. La justice britannique doit examiner ce recours en novembre.