Publié le
10 août 2025 à 7h30
100 photos pour raconter Roubaix autrement, c’est le pari d’un photographe, Hernan Ameijeiras. Pourquoi Roubaix ? Parce qu’il y habite ! Et aussi parce qu’il aime cette ville souvent stigmatisée. Nous l’avons rencontré à l’occasion de la sortie de son livre photos, qu’il présentera à la médiathèque de Roubaix samedi 13 septembre 2025.
Marcher, pour rencontrer
Il aime arpenter les rues de Roubaix avec son appareil photo pour saisir la vie au vol. Hernan Ameijeiras est un photographe « marcheur », ses pieds travaillent autant que ses yeux pour saisir le meilleur cliché. On le voit aussi souvent à vélo traverser la ville ! C’est son côté écolo. C’est peut-être ça, le « slow journalisme », rencontrer les gens dans la rue, prendre le temps de ce dialogue. Justement, on devine, on imagine, dans chaque cliché, la rencontre qui a précédé le moment photographique.
Le livre photos d’Hernan Ameijeiras compte une centaine de photos, émouvantes, tendres, drôles, sans gommer les difficultés de la ville. Avec beaucoup de visages de Roubaisiens des quartiers populaires. ©AS Hourdeaux/Croix du NordPing-pong, poules, bière, valises…
Une table de ping-pong sur le trottoir, des poules traversant la rue, une voiture brûlée, un canapé abandonné, des religieuses, des femmes voilées, un moine bouddhiste, des jeunes à la fête foraine, faisant un foot, ou encore un mariage et des musiciens. Des pieds, des mains, des regards. Des animaux aussi : des poules, un lapin, un perroquet, un ours en peluche aussi ! Des objets : un ballon, un verre de bière, des drapeaux, des valises. Des trottoirs, des briques, mais aussi de la nature, des arbres.
Extrait du livre « Roubaix Pop ». ©Hernan Ameijeiras
Le Roubaix dévoilé par Hernan est coloré, contrasté, poétique, irréel, insolite, parfois bizarre et décalé. Vous croyez connaître cette ville ? Les photos d’Hernan Ameijeiras vont vous surprendre !
-Qui êtes-vous ? Quel a été votre parcours ?
Je suis journaliste, vidéaste et photographe. Je suis originaire d’Argentine, d’où mon accent ! J’ai travaillé dans mon pays pour plusieurs médias comme la Nation, avec des reportages en Europe, en Asie. J’ai réalisé des vidéos pour le National Geographic. Puis, j’ai rencontré l’amour, une Dunkerquoise ! C’est comme cela que je me suis retrouvé en France. On a vécu d’abord à Lille. Roubaix, c’était une ville ‘interdite’ dans l’imaginaire. Puis, finalement, on a emménagé dans le quartier de l’Epeule en 2014, et j’ai découvert « un chaos adorable », le vrai monde quoi. Je m’y retrouve bien, je suis comme beaucoup de Roubaisiens, je viens d’ailleurs. Ici, je suis journaliste indépendant, je travaille pour des agences de presse, le programme Areli, le Louvre Lens Ballet…
Extrait du livre « Roubaix Pop ». ©Hernan Ameijeiras
-Présentez-vous votre livre : pourquoi avoir choisi de mettre en photos Roubaix ?
J’avais l’impression d’avoir quelque chose à raconter de différent de ce qu’on montre de cette ville. Oui, il y a le musée La Piscine et le street art, mais Roubaix, c’est bien plus que ça ! Pour moi, c’est surtout les classes populaires, les quartiers.
Extrait du livre « Roubaix Pop ». ©Hernan Ameijeiras
J’aime cette ville et les gens, j’ai fait un tri dans cinq années de photos. C’est un livre positif, même s’il y a des choses dures. Je ne cache pas les difficultés, l’alcoolisme, la pauvreté, les déchets… Mais je montre que même dans des situations complexes, on peut être heureux dans cette ville. Mon livre dégage une énergie, un espoir.
-Pourquoi ce titre, Roubaix Pop ?
Il y a un jeu de mots humoristique entre le mot ‘populaire’ et le mouvement artistique ‘pop’, porté par Warhol, même si Roubaix en est loin. Par là, je veux montrer mon regard artistique.
Extrait du livre « Roubaix Pop ». ©Hernan Ameijeiras
-Il y a beaucoup de portraits, avez-vous toujours bon accueil ? Car pas toujours facile d’aborder les gens avec un appareil photo…
Je photographie le plus difficile, les quartiers, c’est vrai. Mais je n’ai presque jamais de problème ! Les gens me connaissent, ils me font confiance, même les dealers ! Je suis accepté car cela fait plus de 10 ans que je sillonne les rues. Quand on me le demande, j’envoie les photos aux gens concernés par mail. Ils ressentent que je suis comme eux, mon accent, ça aide beaucoup !
-Que représente la photo pour vous ?
C’est comme respirer ! J’aime regarder autour de moi. Avec la photo, on construit le monde qu’on veut, on le ‘cadre’. La photo est aussi une excuse pour rencontrer les gens. Tu sors ton appareil photo, et tu parles !
-Y a-t-il un message à travers votre ouvrage ? Cherchez-vous à donner une autre image de Roubaix, plus positive ?
Ce serait prétentieux de dire cela. Ce n’est pas mon intention, je raconte juste la ville que j’aime, avec ses vertus et ses défauts. Par exemple le voile, c’est souvent présenté comme inquiétant, moi, j’ai une bienveillance à ce sujet.
-Avez-vous un autre projet d’ouvrage ?
Oui, j’ai un 2e livre photos en préparation, qui sortira en novembre 2025. Le thème sera le Ramadan, mais avec un certain point de vue : de l’intérieur, ce qui n’existe pas comme ouvrage. Je l’ai vécu avec des familles du quartier de l’Epeule, dans 2 mosquées de Roubaix, des bars, des magasins… On y trouvera 150 photos dont 16 portraits, avec quelques paroles fortes. L’esprit maghrébin, méditerranéen, je m’en sens très proche. On crie, on exagère, on bouge les bras, je suis comme ça !
Il présentera son livre à la Médiathèque de Roubaix samedi 13 septembre 2025 à 16 h. Livre à vendre au prix d’environ 35 € (prix libre) à la librairie Combo avenue J. Lebas, au magasin du Musée La Piscine, et auprès du photographe lui-même sur son profil facebook : facebook.com/HernanAmei
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