Le sens de la loyauté de Fabio Quartararo ne fait aucun doute. C’est Yamaha qui a cru en lui et l’a fait monter en MotoGP en 2019, à une époque où la magie qui l’avait fait briller dans le championnat d’Espagne semblait s’être éteinte. Pourtant, dès qu’il est passé sur la M1, l’étincelle est revenue, au point que beaucoup l’ont à nouveau présenté comme le nouveau Marc Márquez.

Sept ans après ses débuts dans la catégorie reine, le Français s’est imposé comme la pierre angulaire du projet Yamaha, dont il est devenu pilote officiel en 2021, pour remplacer Valentino Rossi, avec à la clé son premier titre de champion du monde.

Quartararo a prolongé à deux reprises son engagement avec le constructeur d’Iwata (en 2022 et 2024), et la marque espère désormais une troisième prolongation. Cela permettrait au Français d’enchaîner huit saisons consécutives en bleu et de s’inscrire pari les plus fidèles à Iwata.

Le problème, c’est que cette décision qu’il doit prendre intervient à un moment délicat pour les deux parties : Yamaha est en pleine reconstruction, concentrée sur le développement d’un moteur V4 censé lui rendre sa compétitivité ; et le Niçois se trouve à un carrefour, devant choisir s’il fait une nouvelle fois confiance aux promesses de Yamaha ou s’il passe à un plan B pour piloter une moto lui offrant plus de garanties de résultats.

S’il devait quitter Yamaha, il emprunterait un chemin similaire à celui qu’a pris Marc Márquez lorsqu’il a quitté Honda avant la fin de son contrat pour rejoindre Gresini. La différence clé est que l’Espagnol cherchait alors à se tester pour savoir s’il pouvait encore être compétitif, alors que le Français ne doute pas de ses propres capacités. Ce qui pourrait le pousser à changer d’équipe, ce serait simplement le désir de disposer d’une moto lui permettant de se battre régulièrement pour la victoire.

Se pose aussi la question financière. Márquez pouvait en effet se permettre ce pari grâce aux gains accumulés tout au long de sa carrière. Dans le cas de Quartararo, les quelque 20 millions d’euros qu’il devrait toucher sur 2025 et 2026 l’incitent à envisager les choses différemment.

Fabio Quartararo

Fabio Quartararo

Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

Le départ de Márquez a poussé Honda à réagir, et ce malgré l’absence de l’octuple champion du monde pour mener son projet, et Yamaha ferait bien de retenir cette leçon. Quartararo, lui, ne peut pas se permettre de rester dans l’ombre et il a clairement prévenu que retrouver de bonnes performances serait sa priorité.

Ses déclarations laissent penser qu’il lui sera presque impossible de rester chez Yamaha au-delà de 2026, car lorsque le nouveau règlement arrivera en 2027, il aura déjà 28 ans. Il a maintes fois répété qu’il veut une moto qui lui permette d’emblée de se battre pour la victoire en 2026, sans quoi il partira.

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La question est de savoir dans quelle mesure cet avertissement dissimule une véritable menace, d’autant que Quartararo a déjà critiqué ouvertement le manque de réaction de Yamaha, notamment à l’été 2023, avant de prolonger malgré tout pour deux ans au printemps 2024. Cette prolongation a fait de lui le pilote le mieux payé de la grille pour 2025 et 2026, devant Marc Márquez, Pecco Bagnaia et Jorge Martín, mais elle peine pour le moment à le convaincre sur l’aspect sportif.

Son prochain choix révélera les intentions de Quartararo. Yamaha ne peut lui garantir que des investissements et de l’engagement. De là à savoir si cela se traduira par une moto capable de rivaliser avec les plus rapides de la grille, c’est une autre histoire. Le problème se complique car le Français va devoir prendre sa décision dans les mois à venir, alors qu’il paraît peu réaliste de penser qu’à ce moment-là Yamaha aura pu le convaincre avec des résultats concrets en piste. Le très attendu V4 n’est toujours pas exploité à pleine puissance et aucun des titulaires n’a encore pu l’essayer.

Or, le marché MotoGP s’active de plus en plus tôt et de nombreuses stars envisagent de changer de moto en 2027 (notamment Pedro Acosta et Jorge Martín), à tel point que, d’après les informations de Motorsport.com, certains constructeurs sont déjà prêts à proposer des pré-accords pour sécuriser les pilotes qu’ils ciblent.

Compte tenu de son talent et de son statut, Quartararo reste l’une des plus grandes stars du moment, mais même lui ne peut pas se permettre de prolonger la période de creux qu’il connaît depuis 2022, année de sa dernière victoire et de sa place de vice-champion. Pour le conserver, Yamaha doit apporter les preuves indiscutables de son redressement, que ce soit par l’introduction du moteur V4 ou par tout autre moyen. Cela doit arriver rapidement, sinon on peut difficilement imaginer le Français refaire confiance à une équipe qui, jusqu’ici, n’a pas tenu ses promesses.

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