Par
Amandine Vachez
Publié le
10 août 2025 à 10h54
Le sujet intéresse. Preuve en est le nombre de visiteurs croisés au musée, un matin du mois d’août à Lille (Nord). En ce moment et jusqu’au 1er septembre 2025, l’exposition « Fêtes et célébrations flamandes » est installée au Palais des Beaux-arts. Montée par un commissariat d’exposition inédit – le musée lillois, en lien avec le Louvre et les Musées des beaux-arts royaux de Belgique – elle emmène les visiteurs à la découverte des traditions festives flamandes. Fins connaisseurs et public non aguerri devraient y trouver leur compte, tant le parcours d’exposition est joliment mené.
Les fêtes en réponse à la violence d’une époque
L’exposition « Fêtes et célébrations flamandes » fait écho à la saison « Fiesta » de lille3000. ©Amandine Vachez
Dans le sous-sol du musée, une fois passée la fresque qui accueille les visiteurs, la première salle d’exposition a de quoi surprendre, puisqu’on y voit des peintures représentant… des mises à sac et agressions. « Certains visiteurs sont déroutés. Mais il est important de comprendre le contexte politique et social qu’on aborde ici », explique Marie Vidal de la Blache, chargée du développement des publics au Palais des Beaux-arts de Lille. À savoir celui des Pays-Bas Espagnols (16e et 17e siècles), époque où Lille, le Nord et la Belgique notamment, sont sous le joug de la monarchie espagnole.
« Nous sommes dans une époque où il y a des mutineries de soldats espagnols, qui sont eux-mêmes violents avec les populations civiles. Il y a aussi la peste, le début de la guerre de 80 ans… », situe notre guide.
Renverser l’ordre établi et dénoncer
La première œuvre présentée résume à elle seule bien le propos : Les Mendiants, ou Les Culs-de-jatte, de Brueghel (le père). On y voit « des personnes marginalisées qui se fondent dans la foule, lors des célébrations. Elles portent des chapeaux, la ‘figure du fou’ en quelque sorte devient la plus importante. Les fêtes, c’est aussi renverser l’ordre établi », contextualise notre guide. Ce peintre et ses contemporains dépeignent toute la violence de cette époque, ainsi que les temps festifs et excès qui y font contrepoids.
Des fêtes d’apparat aux folies grivoises
Au fil des salles, on voit divers types de célébrations, allant de celles d’apparat, où les grandes têtes espagnoles sont fort représentées, aux plus populaires. On y apprend beaucoup de choses sur les traditions, comme la « joyeuse entrée ». « Les gouverneurs d’Espagne venaient à la découverte des villes. Des grandes portes avec des tableaux, des statues, et parfois des comédiens qui y jouaient étaient construites que pour cette occasion. » Tout le faste de ces traditions est bien représenté dans des croquis, peintures et objets présentés.
Des têtes de géants et autres curiosités sont réunis à Lille (Nord), pour cette exposition internationale et inédite. ©Amandine Vachez
Un peu plus loin, dans une autre ambiance, Les fils Brueghel nous emmènent à la découverte de mariages, kermesses et autres fêtes paysannes, où les excès sont de mise, avec des touches humoristiques bien souvent grivoises.
« C’est ça aussi qu’on aime, dans les peintures flamandes. Cette singularité, et aussi la multitude de détails. »
Marie Vidal de la Blache, du PBA de Lille.
Vous pouvez passer un long temps devant chaque peinture et découvrir des détails cachés, vous laissant surprendre par la précision des coups de pinceau et la multitude des couleurs, remarquablement conservées.
Têtes de géants, peintures, gravures, curiosités
En tout, 147 œuvres sont réunies dans un parcours qui se fait en plusieurs étapes. Des collections du Palais des Beaux-arts et de l’Hospice Comtesse côtoient des prêts prestigieux, venus pour beaucoup de Belgique, mais aussi d’Espagne, d’Autriche, d’Allemagne ou de Suisse. Les peintures sont mises en miroir de livres et d’objets plus ou moins surprenants. Dans cette exposition aux nombreuses surprises, vous n’êtes pas à l’abri de croiser la route d’une grande table de banquet, et même le célèbre peintre Jordaens, qui s’est lui-même représenté dans un tableau aussi impressionnant que saugrenu.
Plongez dans l’ambiance des banquets flamands des 16e et 17e siècles, dans cette exposition surprenante, réunissant une centaine d’œuvres et objets. ©Amandine VachezUne visite classique, familiale ou sensorielle
S’il est possible de découvrir l’exposition en simple visiteur curieux, aidé des cartels ou d’un médiateur du musée, d’autres parcours sont possibles. L’équipe du musée a pensé un parcours famille, dans lequel les enfants sont invités à trouver des éléments sur les œuvres. Un autre, sensoriel, vous attend aussi, avec des cartels originaux permettant d’entrer dans les œuvres « par l’émotion ». Des musiques créées pour l’exposition accompagnent aussi ce parcours. Notez qu’en août, le programme autour de l’expo est chargé, avec des visites flash, contées ou encore des ateliers*. Ces menus détails font le sel de l’expo… à l’image des peintures flamandes !
Exposition visible jusqu’au lundi 1er septembre 2025 au PBA de Lille, place de la République. Fermé le mardi, ouvert le lundi de 14 h à 18 h, puis les autres jours de 10 h à 18 h. Accès : 8/5 euros. *Programmation d’été disponible sur le site officiel du musée.
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