Son parcours rappelle celui emprunté par Pierre Gasly et Liam Lawson avant lui. Après plusieurs saisons de Formule 2, Ayumu Iwasa est rentré au Japon, son pays natal, pour découvrir l’exigeante Super Formula, le championnat de monoplaces nippon. Pierre Gasly avait fait le même choix en 2017, après son titre en GP2 acquis fin 2016. Faute de place immédiatement disponible chez Toro Rosso, le Normand avait rejoint le Japon, terminé 2ᵉ du championnat et décroché sa chance en F1 en fin de saison.

Liam Lawson a suivi un chemin similaire : troisième de F2 en 2022 derrière Felipe Drugovich et Théo Pourchaire, le Kiwi a intégré la Super Formula, s’imposant dès sa première course puis terminant 2ᵉ du championnat – comme Gasly – derrière Ritomo Miyata, désormais pilote ART GP en F2. Lawson a ensuite profité de la blessure au poignet de Daniel Ricciardo fin 2023 pour effectuer ses débuts en Formule 1 et lancer une carrière qui retrouve depuis peu un certain élan après un court et infructueux passage chez Red Bull.

Grâce à ses liens avec Honda et au haut niveau de la Super Formula, Red Bull a souvent envoyé ses jeunes pousses s’aguerrir dans la discipline nippone, en attendant qu’un baquet se libère en F1. C’est désormais au tour d’Ayumu Iwasa d’emprunter cette voie. À 23 ans, le natif d’Osaka compte deux saisons de Formule 2 (5ᵉ en 2022, 4ᵉ en 2023), avant de revenir courir au Japon en 2024 tout en conservant le soutien de Red Bull et son rôle de pilote de réserve pour les deux écuries du giron autrichien. Souvent aperçu en Essais Libres, il semblait écarté de la course à un volant de titulaire, mais ses récentes performances pourraient lui redonner une (petite) chance d’y croire.



La Super Formula, El Dorado des jeunes pilotes Red Bull

Cinquième du championnat pour sa première saison en Super Formula en 2024 (3 podiums), Ayumu Iwasa a rempilé pour une seconde campagne encore plus prometteuse. Ce dimanche, il a enfin remporté sa première victoire à Sugo, revenant à cinq points du ledaer Sho Tsuboi, tenant du titre et tout récent essayeur F1 avec Haas lors d’un TPC à Fuji. Plus impressionnant encore : sur les huit premières courses, il a abandonné deux fois, et lors des six autres, il a systématiquement terminé sur le podium. De quoi faire de lui un candidat naturel et crédible au titre alors qu’il reste quatre manches à disputer (deux à Fuji, deux à Suzuka).

S’il venait à être sacré, pourrait-il raviver ses rêves de Formule 1 ? Peut-être, car la situation contractuelle du quatuor Red Bull reste floue. Max Verstappen, engagé jusqu’en 2028, a confirmé son intention de rester malgré l’intérêt de Mercedes, mais l’identité de son futur équipier n’est pas arrêtée. En difficulté, Yuki Tsunoda pourrait partir en fin de saison – voire avant – si ses performances ne s’améliorent pas nettement. « Notre évaluation des pilotes a traditionnellement lieu après la pause estivale. Pour l’instant, tout est ouvert. Nous regardons les performances, qu’elles soient positives ou négatives », assurait Helmut Marko après le Grand Prix de Belgique, laissant planer le doute sur l’avenir du Japonais.

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En cas de départ de Tsunoda, Isack Hadjar serait le candidat naturel pour le remplacer. Le Français impressionne pour ses débuts en Formule 1, et le voir dans une Red Bull n’est qu’une question de temps. Il faudrait alors lui trouver un successeur chez Racing Bulls, et Arvid Lindblad (18 ans) apparaît comme le choix logique. Red Bull a même demandé une Super Licence anticipée pour lui permettre de rouler avant ses 18 ans (qu’il a finalement fêtés le 8 août, Ndlr).

Lindblad encore trop tendre ?

Toutefois, si le Britannique est pétri de talent, est-il vraiment prêt pour la F1 ? Sa saison de découverte en F2 est marquée autant par des coups d’éclat (victoires en Sprint en Arabie saoudite et en course principale en Espagne) que par des passages à vide (seulement 13 points sur les 8 dernières courses). À quatre manches du terme, il est 7ᵉ du championnat, à 62 points de Leonardo Fornaroli, leader. Son ascension rapide rappelle celle de Kimi Antonelli, 6ᵉ de sa seule saison de F2, et qui montre ces dernières semaines qu’il n’est pas encore totalement prêt pour la F1.

Red Bull n’aurait-elle pas intérêt à patienter ? À laisser Lindblad parfaire sa formation une année supplémentaire en F2, avec le titre pour objectif ? C’est la stratégie qu’Helmut Marko avait adoptée avec Isack Hadjar, discret 14ᵉ de sa première année en F2 avec Hitech, avant de se battre pour le sacre jusqu’à la dernière manche l’an passé face à Gabriel Bortoleto. Donner du temps à Lindblad serait un compromis raisonnable pour un pilote qui, à peine âgé de 18 ans, a encore l’avenir devant lui. Cela libérerait un baquet chez Racing Bulls, et Ayumu Iwasa apparaîtrait alors comme le candidat naturel. Les autres membres de l’académie Red Bull – Pepe Martí et Oliver Goethe – ne semblent pas en mesure d’atteindre la F1, mais le Japonais prouve qu’il maîtrise la Super Formula, où un titre pourrait nettement jouer en sa faveur.

Il ne serait pas irréaliste de le voir débarquer aux côtés de Liam Lawson, dont les récentes performances devraient lui assurer sa place pour 2026. À moins que Red Bull ne décide de rapatrier Yuki Tsunoda à Faenza pour profiter de son expérience… Mais après quatre saisons pleines chez AlphaTauri puis Racing Bulls (2021-2024), le Japonais n’aurait guère intérêt à reculer ainsi. Son compatriote Ayumu Iwasa pourrait donc obtenir sa chance pour une saison, en attendant l’arrivée programmée d’Arvid Lindblad. Dès lors, fin 2026, il lui faudrait avoir prouvé qu’il est meilleur que Liam Lawson pour espérer prolonger l’aventure.