Si vous êtes de ceux qui aiment être scotchés aux crashs barrière, vous les avez remarqués. Les photographes en fosse font partie du paysage en festival, Fête du bruit dans Landerneau, qui se déroule du 8 au 10 août 2025, ne fait pas exception. Parmi les habitués des festivités landernéennes, Thomas Kerleroux, alias TKX, fournit l’organisateur Régie Scène. Ses clichés d’artistes, dont une partie a été prise dans les jardins de la Palud, étaient visibles en juillet à la galerie l’Urbatypik, située rue de Lafayette. Sa came, ce sont les photos de concert. « J’ai démarré au Vauban », rapporte le Brestois d’adoption, attablé à une terrasse du Moulin-Blanc, bracelet bleu de la Fête du bruit au poignet.

« Je veux faire des tableaux »

Pas de style particulier. Lui, assure écouter de tout. « Tout, mais pas n’importe quoi, se marre-t-il. Il faut que j’aime pour prendre de la bonne photo ! ». Si la magie n’opère pas sur scène, il préfère ranger l’objectif et se barrer. « C’est sensoriel, la lumière est très importante. Quand je fais de la photo, je veux faire des tableaux. Le jeu de lumières va beaucoup jouer. Et quand tu en vois une momentanément sur le visage d’un artiste, alors tu peux être sûr qu’elle va revenir ».

À force d’appuyer sur le déclencheur de son appareil, il devient plus économe. « Je ne veux plus faire de la photo classique. Fini les clichés avec des artistes qui mangent leur micro », assure-t-il. Maintenant, il veut capturer le non-visible ou le moment où tout relâche. « Je préfère les photos quand le morceau s’arrête ou prendre les artistes dans les loges ».

Thomas Kerleroux, alias TKX, passionné de musique et photographe d’artistes, lors de son exposition à L’Urbatypik en juillet 2025.Thomas Kerleroux, alias TKX, passionné de musique et photographe d’artistes, lors de son exposition à L’Urbatypik en juillet 2025. (Photo d’archives Le Télégramme/Paolo Cadena)Une activité bénévole

Dans l’exercice de sa passion – il n’en retire quasiment pas de revenus –, il doit se faire le plus discret possible, pour ne pas déranger les artistes ou perturber l’expérience du public. Mais parmi les spectateurs, des pratiques l’exaspèrent : la vidéo au téléphone. « Les téléphones polluent les concerts. La vidéo que les gens prennent en festival, le rendu sera pourri et ils ne la regarderont jamais après coup », soupire le photographe.

La photographie de concert, ça ne se fait pas au pif. « J’étudie un peu avant d’y aller. Est-ce que la personne sur scène est gauchère ou droitière ? C’est quoi son jeu ? Par exemple, le nouveau chanteur de Prodigy adore envoyer du bord de la scène, donc si je veux des clichés corrects, il me faut du recul », explique celui qui est conducteur de travaux à côté. Il faut connaître son terrain aussi. Une fois l’accès à la fosse fermé aux photographes, il doit continuer ses clichés depuis le public. Les artistes donnent leurs conditions pour être pris en photo et très souvent, c’est autorisé sans validation pour les trois premiers titres, après zou !

Asaf Avidan, la pluie et l’objectif pété

« Pour les concerts de rap, ça peut être compliqué de prendre de la photo depuis le public », raconte-t-il, avec un frisson dans le dos, sûrement avec des pogos monstrueux en tête. Les mauvaises expériences peuvent aussi venir de la météo bretonne. « Devant Asaf Avidan, en 2021, il y a eu une pluie torrentielle », se remémore-t-il. Le pire ennemi d’un appareil, surtout quand il coûte, parfois plusieurs centaines voire un millier d’euros, c’est l’eau. « Je me suis réfugié avec les autres photographes sous la scène. Mon boîtier, neuf, a percuté le décor. J’ai pété l’écran ».

Le cliché favori de TKX est celui de Joey Starr, lors du passage de NTM en 2018.Le cliché favori de TKX est celui de Joey Starr, lors du passage de NTM en 2018. (Thomas Kerleroux/TKX)

Son cliché favori à Fête du bruit ? Une photo de Joey Starr, tonitruant, lors du passage de NTM en 2018. « Je suis né en 1981, j’écoutais leur groupe, mais aussi IAM ou Solaar. Je les ai tous photographiés ! », affiche-t-il fièrement. Quand Joey Starr est passé à Brest pour tourner sa série « Le Remplaçant », l’hiver dernier, Thomas a pu le rencontrer. « Je lui ai montré la photo lors d’une soirée au Vauban, je lui disais que j’étais super fier. Il a regardé mon téléphone, il m’a répondu qu’il ne voyait rien et m’a proposé de boire un verre », rapporte le fan avec un rire.

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