« C’est scandaleux, lamentable. » Gilles Vincent, maire de Saint-Mandrier et président du Sittomat (1), ne mâche pas ses mots. La dernière étude commandée par le syndicat montre que les habitants sont loin d’être exemplaires en matière de tri sélectif. Trente-cinq tonnes de déchets ont ainsi été analysées. Et il s’avère que deux emballages sur trois retrouvés dans nos poubelles pourraient être triés… mais ne le sont pas.

« Il y a du plastique, du papier, du textile, des biodéchets… Mais le pire, c’est la quantité de verre, s’agace Gilles Vincent. On parle pourtant là d’une matière recyclable à l’infini. Au lieu de ça, le verre finit à l’usine d’incinération de Lagoubran, où il est chauffé à 930 degrés et ne fond pas, avant d’être refroidi. Bref, on consomme de l’énergie pour rien, en plus de ne pas assez trier. » Par rapport à 2018, date de la précédente étude, les volumes d’emballages ménagers recyclables, de vêtements et d’encombrants valorisables dénichés dans les ordures sont même en augmentation.

Ne pas trier coûte cher

D’après le maire de Saint-Mandrier, outre les conséquences négatives sur l’environnement, ces mauvaises pratiques ont des incidences économiques. L’incinération coûte cher, tandis que la collecte sélective permet de toucher des subventions et de percevoir le produit de la revente des matériaux. Tout cela se répercute mathématiquement sur la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (Teom). En d’autres termes: moins de tri, c’est plus d’impôts.

Alors comment faire pour améliorer les choses? « Il nous faut communiquer davantage, explique l’élu. On a lancé une grande campagne avec des affiches impactantes. » Les moyens vont également être mis sur l’augmentation du nombre de colonnes. « En octobre, des points d’apport volontaire de déchets verts seront aussi installés un peu partout. »

En 2026, un seul bac pour les emballages

L’an prochain, une simplification du dispositif pourrait par ailleurs contribuer à améliorer les choses. « L’ouverture d’un centre de tri à La Farlède permettra de passer à un seul bac jaune pour les emballages, qu’ils soient en papier ou en carton, en plastique ou en métal. »

Reste que, pour l’instant, l’aire toulonnaise élargie se trouve « dans la moyenne basse » des territoires qui trient le mieux. Et Gilles Vincent croit savoir pourquoi: « On a beaucoup de fluctuations saisonnières et les touristes ne trient pas. Nombre de commerçants ne jouent pas non plus le jeu. Et il y a toujours ces rumeurs sur le fait que ça ne sert à rien de trier puisque tout part à l’incinérateur. Ce qui est évidemment faux! » L’habitat collectif, avec des copropriétés qui refusent d’installer des bacs dans les immeubles, est un autre problème identifié.

« Pour autant, on n’en est pas encore à mettre des procès-verbaux, soupire Gilles Vincent. Mais nos ambassadeurs du tri vont être progressivement chargés d’identifier les poubelles qui ne sont pas conformes. Et s’il le faut, on donnera l’ordre de ne plus les ramasser… »

1. Le Syndicat mixte intercommunal de transport et de traitement des ordures ménagères de l’aire toulonnaise compte 44 villes pour 640.000 habitants, de Saint-Tropez à Saint-Cyr, en passant par Toulon ou Belgentier.


La composition type d’une poubelle d’ordures ménagères résiduelles.
Document sittomat