Un homme de 60 ans a été mis en examen pour « tentative de meurtre » et placé en détention provisoire, dimanche, après avoir grièvement blessé le maire de Villeneuve-de-Marc, Gilles Dussault, mercredi.

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Publié le 10/08/2025 19:15

Mis à jour le 10/08/2025 19:16

Temps de lecture : 6min

Gilles Dussault, maire de Villeneuve-de-Marc (Isère), a été agressé le 6 août 2025 par un individu qui a ensuite tenté de le renverser en voiture, avant de s'encastrer dans un mur. (GUILLAUME DREVET / LE DAUPHINE / MAXPPP)

Gilles Dussault, maire de Villeneuve-de-Marc (Isère), a été agressé le 6 août 2025 par un individu qui a ensuite tenté de le renverser en voiture, avant de s’encastrer dans un mur. (GUILLAUME DREVET / LE DAUPHINE / MAXPPP)

L’affaire a fait réagir les habitants comme la classe politique. Le maire d’un village isérois a été violemment agressé mercredi par un homme qui a pris la fuite. Après trente-six heures de cavale, le sexagénaire, a été arrêté vendredi.

A la suite de sa garde à vue, il a été mis en examen pour « tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique » et placé en détention provisoire, a annoncé le procureur de Grenoble, dimanche 10 août. Etienne Manteaux a livré de nouveaux détails sur cette violente agression lors d’une conférence de presse. Franceinfo fait le point sur les premiers éléments de l’enquête.

Le maire a été attaqué à l’arme blanche sur la voie publique

Gilles Dussault est maire depuis 2014 de Villeneuve-de-Marc, une commune de 1 171 habitants située entre Lyon et Grenoble. L’homme de 63 ans débroussaille du lierre devant sa maison, sur la voie publique, mercredi après-midi, lorsqu’un habitant s’approche de lui, et sans lui dire un mot, le frappe avec « un morceau de ferraille », transperçant son poumon. En tentant de se défendre, le maire est blessé au bras, avant que son agresseur ne prenne la fuite, a relaté dimanche le procureur, Etienne Manteaux.

Le fils de l’édile, alerté par une voisine, arrive sur le lieu de l’agression et appelle les secours. A 16h48, il voit arriver un véhicule qui fonce sur eux. Les deux hommes parviennent à éviter sa trajectoire et la voiture percute un mur. Le conducteur sort du véhicule et échange des coups avec le fils du maire, avant de se sauver, abandonnant sa voiture sur place.

Le suspect a été arrêté sans résistance, après s’être caché dans les bois

Alertés vers 17 heures, les gendarmes ont déployé « immédiatement de gros moyens », selon le procureur de Grenoble, sans parvenir à retrouver le suspect dans la soirée. La section de recherche de Grenoble a été déployée dès jeudi matin.

Selon les gendarmes, l’agresseur s’est caché dans les bois, non sans avoir pris la précaution d’enfiler une « tenue commando ». Repéré par une habitante d’un village voisin, il est finalement arrêté sans résistance, trente-six heures plus tard, vendredi à 11h30, dans des bois de la commune de Charantonnay, à 14 kilomètres des lieux de l’agression. Il « n’était pas armé » et « n’a opposé aucune résistance » lors de son interpellation sur la voie publique, selon un communiqué du procureur de Grenoble.

Le suspect reconnaît les coups, mais nie l’intention de tuer 

L’homme de 60 ans, habitant de Villeneuve-de-Marc, n’a pas d’antécédent judiciaire. Lors de ses auditions, il a déclaré aux enquêteurs avoir « pété un plomb » à cause d’un conflit avec la mairie, lié à l’effondrement du toit d’un bâtiment municipal sur son abri de jardin en 2022. Le litige s’est « enkysté » et a « manifestement généré chez cet homme un sentiment d’injustice », a expliqué Etienne Manteaux. 

Selon le procureur, le suspect fait preuve d’un « vécu persécutif », « une tendance à la réinterprétation de ce qu’il vit ». Il est persuadé que le maire exerçait une « surveillance » sur lui et voulait « racheter » son terrain. A son domicile, deux couteaux ont par ailleurs été retrouvés sous son oreiller, ce qu’il a expliqué par une volonté de « se défendre », assurant que sa sœur, morte en avril, aurait été « assassinée ».

Il a également estimé que, juste avant son passage à l’acte, le maire l’avait regardé « avec un sourire sadique ». « C’est l’accumulation des choses qui m’a fait péter un plomb », a-t-il aussi dit aux enquêteurs, expliquant avoir saisi « une ferraille dans son atelier » avant d’aller frapper le maire.

« Conscient » de ses actes, selon le procureur, il nie toute intention d’avoir voulu toucher un organe vital ou de tuer. S’il est revenu avec sa voiture, quelques instants après l’agression, c’est « pour voir ce qu’il avait fait », a-t-il déclaré, assurant que le maire et son fils s’étaient « jetés » sur son véhicule, a également complété Etienne Manteaux. Le procureur de Grenoble avait requis la mise en examen du suspect pour « double tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique » et « tentative de meurtre » sur le fils du maire.

La victime, hospitalisée, est tirée d’affaire

Gilles Dussault a été hospitalisé en urgence absolue à Lyon mercredi soir. Son pronostic vital a été un premier temps engagé, avant d’être levé jeudi. Souffrant de « trois plaies, dont deux au thorax et une plaie défensive », l’édile a depuis pu être entendu par les enquêteurs et a confirmé le déroulé des faits rapporté par les premiers témoins, a précisé vendredi le parquet de Vienne. Ses blessures lui valent une incapacité totale de travail (ITT) de quinze jours. Dimanche, le procureur de Grenoble a confirmé que « ses jours ne sont plus en danger aujourd’hui, et on peut espérer qu’il sorte de l’hôpital dans les jours à venir ». 

Le fils du maire a été hospitalisé mercredi soir à Vienne en urgence relative. Il « souffre de blessures moins significatives », essentiellement des griffures et des brûlures, selon le magistrat, qui a fait état de treize jours d’ITT le concernant.

De nombreuses réactions politiques

Cette agression a fait réagir de très nombreux politiques, et jusqu’au sommet de l’Etat. « Quand un élu est attaqué, c’est la Nation qui est à ses côtés. Quand on s’attaque à ses représentants, la République se doit d’être sévère et intraitable », a réagi Emmanuel Macron, mercredi, sur X

Sur X également, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a condamné jeudi « avec la plus grande fermeté l’agression violente de Gilles Dussault ». « Le degré de violence de cet acte, qui s’ajoute aux nombreuses agressions d’élus au quotidien, doit conduire les pouvoirs publics et les citoyens à réagir immédiatement », a déclaré l’Association des maires de France dans un communiqué.