Feu vert des Européens pour le plan « réarmer l’Europe ». Ce jeudi, les dirigeants des Vingt-Sept, réunis en sommet à Bruxelles, ont donné leur feu vert à un plan de la Commission européenne pour renforcer leur défense, a annoncé une porte-parole de l’UE.
Celui-ci vise à mobiliser quelque 800 milliards d’euros, dont 150 milliards sous forme de prêts, pour renforcer les capacités de défense du continent. Ces fonds doivent servir en priorité à investir dans les domaines où les besoins sont les plus urgents comme la défense anti-aérienne, les missiles, les drones et les systèmes anti-drones ou encore les systèmes d’artillerie.
Assouplissement de la règle des 3 %
La présidente de la Commission européenne a également proposé un assouplissement des règles budgétaires pour favoriser des investissements dans la défense. Et ce, sans souci du respect de la règle qui limite leur déficit public à 3 % de leur PIB. « Cela permettra aux États membres d’augmenter de manière significative leurs dépenses de défense sans déclencher la procédure de déficit excessif », a-t-elle déclaré depuis Bruxelles.
La Commission entend aussi utiliser des fonds d’aide aux régions les plus défavorisées de l’UE, les fonds dits de cohésion, pour financer des projets de défense. Le total de ces fonds pour la période 2021-2027 est de 392 milliards d’euros, mais Ursula von der Leyen n’a pas précisé les montants qui pourraient être disponibles pour des investissements dans la défense.
« Un danger clair et immédiat »
Un plan en réponse au tournant de la guerre en Ukraine après l’annonce de Donald Trump de mettre en pause l’aide américaine à Kiev.
« L’Europe fait face à un danger clair et immédiat d’une ampleur qu’aucun d’entre nous n’a connue dans sa vie d’adulte », avait écrit Ursula von der Leyen dans une lettre adressée aux dirigeants des 27, mardi. « L’avenir d’une Ukraine libre et souveraine, d’une Europe en sécurité et prospère, est en jeu », avait-elle assuré dans cette lettre, qui présente un plan en cinq volets destiné à renforcer la défense européenne.
Victoire pour Macron
Avec le renforcement spectaculaire de la défense européenne, Emmanuel Macron peut par ailleurs se targuer de voir validées les idées qu’il prônait de longue date, même si les résistances, liées à la méfiance suscitée par la France et son président, sont loin d’être toutes dissipées. « Le risque pour nous Français, c’est d’apparaître comme étant un peu chauvins et un peu « on vous l’avait bien dit » », a glissé jeudi le ministre des Armées Sébastien Lecornu sur la radio France Inter, au moment où se tenait à Bruxelles un sommet de l’Union européenne pour muscler massivement son effort de défense.
A Bruxelles, de nombreux diplomates européens s’accordent à dire que « Macron avait raison », pour reprendre l’expression de l’un d’eux. « L’Histoire lui donne raison sur l’autonomie stratégique », acquiesce Sébastien Maillard, de l’Institut Jacques Delors. Selon lui, le président français, marqué par la victoire en 2016 de Donald Trump et du Brexit, « a compris tout de suite qu’il devrait faire l’Europe dans un monde de brutes ».
A Paris, on observe des revirements spectaculaires, comme celui de l’Allemagne, mais aussi du Danemark, parmi les plus attachés à l’Otan et à l’alliance avec Washington jusqu’ici, et maintenant déterminé à afficher l’autonomie de l’Europe.