La performance du Kilopixel se mesure à son manque de vitesse : avec à peine dix pixels modifiés par minute, il faut plus d’une heure et demie pour rafraîchir entièrement l’affichage. Cette lenteur n’est pas un défaut, mais le cœur même du projet, qui s’inscrit pleinement dans la mouvance du slow tech. Elle rappelle en un sens la philosophie des écrans à encre électronique (e-ink), qui privilégient le confort et la faible consommation sur l’immédiateté, bien que la comparaison technique s’arrête là, tant le mécanisme du Kilopixel est physique et apparent.

La création de Ben Holmen prend véritablement vie grâce à sa dimension interactive. Via le site web dédié, n’importe qui peut soumettre une image en 40×25 pixels et assister, grâce à une retransmission en direct, à sa lente composition sur la toile de bois. Plus qu’un exploit technique, le projet matérialise le concept même de pixel et redonne une dimension physique, presque tangible, à l’image numérique. C’est une œuvre collaborative qui nous questionne avec poésie sur notre culture de l’instantanéité et la nature de nos interactions avec le numérique.