Arnaud Joly, nouveau directeur général de l’Anantara Plaza Nice, aime créer des histoires. Mais sans en avoir avec le voisinage. Oui aux soirées d’exception. Non aux nuisances sonores. Or, ces derniers mois, le boucan nocturne causé par l’établissement a fait bien du ramdam. Déchaînant la colère des riverains, réunis en collectif. Même le maire Christian Estrosi est monté au créneau, début mai, mettant en demeure l’hôtel de luxe de stopper ces nuisances sous peine de sanctions.

Arrivé en juillet, Arnaud Joly a d’emblée levé le ton contre la gêne dénoncée dans le quartier: « Je viens de Paris et je sais ce que sont les nuisances sonores. Certes, l’Anantara dispose d’un superbe rooftop, mais un rooftop n’est pas un night-club. Il y a peut-être eu, par le passé, des choix artistiques qui n’étaient pas les bons. »

Déjà des aménagements

Les expériences nocturnes demeurent sur le toit-terrasse: cinéma en plein air, jazz nights swing & soul à l’intérieur du restaurant, Vinyl nights ou soirées rétro chics avec DJ, déambulations musicales entre les tables. Des nuits d’été assorties d’un bémol, assure Arnaud Joly, qui affirme avoir déjà eu « quelques contacts avec le voisinage » et rappelle que ces soirées font partie « d’une programmation déjà actée ». Ce qui n’a pas empêché les aménagements.

D’abord, « 160.000 euros pour refaire, avant mon arrivée, toute l’installation sonore du rooftop afin de diminuer sons et vibrations. » Ensuite? « Un limitateur de décibels à 70, un compteur de décibels pour savoir où on en est, et la présence de mes responsables de service sur site pour vérifier que tout est conforme. »

Le côté boîte de nuit, c’est fini

Concrètement, les événements sur le toit continuent, « mais pas tous les soirs et sans nuisances sonores. Le côté boîte de nuit est terminé. Cela ne va ni avec notre typologie de clientèle ni avec le côté luxe de l’établissement, et on interdit l’utilisation de percussions sur le toit. Dès 23 heures, on passe en ambiance sonore (60 décibels) et, à minuit, on arrête tout ».

Ce dispositif est valable non seulement pour les musiciens et DJ bookés par l’hôtel, mais également pour d’autres événements. Notamment les mariages: « Nous avons inclus des clauses sur la partie sonore avec respect de nos directives et interdiction de retours de sons pour les DJ. C’est contractuel et non négociable. »

Un agent de sécurité pour les sorties tardives

Un problème est toujours sur la sellette: les sorties tardives de personnels par la cour intérieure. « Lorsque les salariés quittent l’établissement, à 2 heures, ils ne font pas toujours attention, notamment en faisant démarrer leurs deux-roues. Des saisonniers ne respectent pas toujours le calme. Aussi nous avons recruté un agent de sécurité pour veiller, tous les soirs de 22 à 3 heures, à ce que les employés fassent attention. »

Tout ce système, mis en place il y a un mois, « a été validé par le groupe. Ce qui montre notre volonté de changer les choses. Pour cette saison et les prochaines, dès avril. Je veux que les riverains apprennent à aimer l’établissement et en devenir clients ».

« Pas là pour vendre des suites » : qui est Arnaud Joly, le nouveau patron de l’Anantara Plaza de Nice ?

Un Parisien. De naissance et d’expérience. Hormis quelques immersions à l’étranger, Arnaud Joly, 45 ans, a fait le principal de sa carrière dans la capitale et le luxe. Toqué d’hôtellerie dès son plus jeune âge. Qui a appris le métier depuis les bases : CAP de pâtisserie et de cuisine, bac hôtelier. La pâtisserie le conduit d’abord à l’hôtel de Crillon aux côtés du chef Christophe Felder. « Il fait partie des gens qui m’ont donné envie de créer du sourire et des souvenirs ».

D’autres prestigieuses enseignes jalonnent son parcours : Royal Monceau, Regina… « Mais il me manquait le côté financier, je devais maîtriser les chiffres. » Mission accomplie pour la marque Sofitel en intégrant le groupe Accor en 2003. « Un groupe avec des structures, des procédures. Cela m’a passionné. Six ans plus tard, j’étais directeur financier du Sofitel Paris-Bercy, où je suis resté une dizaine d’années. Une véritable école. »

L’humain d’abord

Contrôleur financier au Bristol, carrière réorientée vers un groupe de résidences services seniors pour encadrer les directeurs de chaque établissement. Mais l’hôtellerie manque au cœur d’Arnaud. Un manque comblé à l’hôtel Prince de Galles appartenant au groupe Marriott, dont il devient en 2022, après un poste aux finances, directeur des opérations et peut vivre ce qu’il aime par-dessus tout : « L’humain, qu’il s’agisse de la clientèle ou du personnel. » En 2024, le voilà directeur général adjoint.

Pendant ce temps, à Nice, une marque hôtelière peu connue, d’origine asiatique, émerge : Anantara. Arnaud Joly s’intéresse alors à la ville, à son développement, à l’ouverture de plusieurs 5-étoiles. Directeur général de ce vaisseau complètement refait il y a deux ans, il arrive avec le souhait de « développer, montrer un établissement propre qui a de bons résultats, en faire un des plus beaux de Nice et de la Côte d’Azur ». Il aime les vieux bâtiments. Ça tombe bien : l’hôtel a été créé en 1848, déjà pour de l’hébergement touristique. « Un bâtiment qui a une âme donne envie d’écrire des histoires. Je ne suis pas là pour vendre des suites, je préfère vendre des expériences. »