Par

Charlotte Lesprit

Publié le

11 août 2025 à 6h32

Porté par plusieurs élus médocains, tous bords politiques confondus, et soutenu par le collectif citoyen Tram/Train Bordeaux-Lacanau, l’ambitieux projet ferroviaire pourrait bien être quelque peu freiné par les conclusions de l’étude commandée par Bordeaux Métropole à l’Agence d’urbanisme Bordeaux Aquitaine (A’urba). Selon cette dernière, il serait préférable de renforcer le réseau de cars qui permet de relier le littoral à la métropole. « Une solution à court terme », estime Christian Feytout, président de l’association rassemblant 200 usagers confrontés quotidiennement à la congestion des routes et vivant dans des zones enclavées dans lesquelles il faut parfois deux heures pour réaliser 40 km jusqu’à Bordeaux.

Un investissement de 400 à 600 millions d’euros

Quel serait le coût d’une liaison ferroviaire entre Bordeaux et Lacanau ? L’agence d’urbanisme avance un ordre de grandeur, estimant l’investissement entre 400 et 600 millions d’euros. Ce montant comprend le matériel roulant ainsi que les infrastructures, dont le kilométrage — et donc le coût — peut varier selon les différentes options de trajet envisagées. Les villes impliquées : Brach, Salaunes, Le Temple, Lacanau, Sainte-Hélène et Saumos.

Un véritable bassin de vie

Si Lacanau est une station balnéaire qui vit toute l’année, Salaunes accueille Airbus et Sainte-Hélène, Adam Pack, leader français des caisses en bois, sans compter toute l’activité sylvicole autour du pin. De véritables bassins d’emplois, et donc d’habitations, pris en compte dans cette étude qui s’est appuyée sur des données de téléphonie mobile.

Ces dernières ont permis d’observer que ce sont 13 400 déplacements quotidiens qui ont lieu entre la métropole et le corridor allant de Salaunes à Lacanau. Ils passent à 10 000 en basse-saison et jusqu’à 25 000 lors des week-ends de juin et septembre. Une part importante de ces flux (4 000 à 5 000 déplacements quotidiens) est jugée « stable toute l’année » et « concentrée entre l’ouest de la métropole et les communes de Salaunes et Sainte-Hélène ».

Un ratio issu du benchmark

Dans son projet de faisabilité d’une ligne ferroviaire, A’urba s’appuie sur un ratio en zone urbaine de 17 millions d’euros par kilomètre (8 à 20 km selon les scénarios) et un coût moyen de 8 millions d’euros le kilomètre en zone non urbaine (28 à 38 km selon les différents tracés). Pour Christian Feytout, président du collectif citoyen Tram/Train Bordeaux-Lacanau, c’est bien là que sont les limites de l’étude qu’il qualifie « d’exploration ». « C’est du benchmark car A’urba a comparé des solutions qui pourraient être équivalentes », déplore-t-il.

Un point que l’agence ne conteste pas, puisqu’elle s’est notamment appuyée sur le coût de l’extension du tramway vers Blanquefort (2018), ainsi que sur d’autres projets récents menés en zone urbaine, comme celui du tramway de Valenciennes.

« On lancé ce projet de tram-train il y a dix ans déjà. Depuis, le dossier a été un peu enterré. Le bus ne sera pas la réponse car il passe par la route et il n’est pas une option décarbonnée. De plus, en augmentant les fréquences s’ajoute la contrainte de créer des voies dédiées. Ce qui représente un coût. »

Christian Feytout
président d’un collectif citoyen qui milite pour le tram-train

Selon Christian Feytout, « les sommes prévues pour élargir les routes afin d’y faire passer des bus pourraient tout aussi bien financer une infrastructure ferroviaire en parallèle de la départementale 6 ». Pour ce militant, même électrique, le bus « reste une solution partielle » et « peu ambitieuse », qui « n’est pas à la hauteur des besoins du Médoc ».

Cliquez ici pour visualiser le contenu

Des déplacements jugés insuffisants par A’urba

De son côté, A’urba souligne que « les volumes de voyages captables sont très inférieurs à ceux observés sur d’autres corridors français ou européens ». À titre de comparaison, des villes comme Nantes, Mulhouse ou encore Cadix (en Andalousie) comptabilisent entre 4 000 et 8 000 voyages par jour.

Dans le Médoc, l’étude évalue ce chiffre à une moyenne de 940 voyages quotidiens en 2023, avec des pics à 1 750 durant l’été et les week-ends. En se projetant à l’horizon 2035 — avec une croissance démographique estimée à 30 %, une hausse des déplacements de 15 % et une part modale de 7 % — le train léger atteindrait environ 1 080 trajets par jour, avec des pointes à 2 015, mais des creux évalués à 805 déplacements quotidiens entre novembre et mars.

Même si A’urba reconnaît « l’avantage d’image » et « le gain de temps » qu’offrirait une ligne ferroviaire (105 minutes pour un Lacanau-Gare Saint-Jean en direct par exemple), elle affirme toutefois qu’environ 1 000 voyages quotidiens pourraient être captés par une offre de transports collectifs réévaluée, notamment sur la ligne 421, qui, avec plus de 150 000 voyageurs annuels, reste l’une des plus fréquentées de Gironde.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.