Par
Hugo Hancewicz
Publié le
11 août 2025 à 19h06
Après plus de quarante ans d’un fonctionnement inchangé, la vie municipale parisienne s’apprête à connaître un tournant majeur. Validée par le Conseil constitutionnel le jeudi 7 août 2025, la réforme de la loi PLM (Paris-Lyon-Marseille) met fin au système hérité de 1982, qui conférait aux maires d’arrondissement un siège automatique au Conseil de Paris. À sa place, un double scrutin qui, dès mars 2026, imposera aux électeurs de désigner séparément leurs conseillers d’arrondissement, chargés des affaires locales, et leurs conseillers municipaux à la mairie centrale. Une rupture institutionnelle qui bouleverse les équilibres établis. Dans toutes les formations politiques, de la gauche à la droite, les états-majors s’interrogent sur l’impact de ce découplage. À quelques mois du scrutin et à la veille de l’ouverture officielle de la campagne, une question domine : les cartes sont-elles redistribuées dans la capitale ?
« Un formidable retour en arrière »
Officiellement, la réforme entend « améliorer la représentation des diverses sensibilités politiques » et renforcer la démocratie locale. Elle vise également à limiter le cumul des mandats, en séparant clairement le pouvoir de gestion des arrondissements de celui exercé au niveau central. Mais cette recomposition institutionnelle pourrait aussi introduire une gouvernance plus éclatée. Un scénario qui inquiète Les Républicains (LR). Le parti redoute que « le Conseil de Paris soit extrêmement politisé avec l’arrivée des extrêmes dans l’assemblée ».
Pour Jack-Yves Bohbot, secrétaire départemental LR à Paris, la perte potentielle du siège pour les maires d’arrondissement s’apparente à un recul. « Leur pouvoir va être affaibli, c’est un formidable retour en arrière », estime-t-il. LR, qui détient six mairies d’arrondissement, craint de voir ses figures expérimentées – Philippe Goujon, Jean-Pierre Lecoq ou encore Geoffroy Boulard notamment – privées d’un rôle direct auprès de la mairie centrale.
Des partis politiques avantagés ?
À l’inverse, certains voient dans la réforme une ouverture historique. Le Rassemblement national, en particulier, espère franchir la porte du Conseil de Paris, grâce notamment à l’abaissement à 25 % de la prime majoritaire pour la liste arrivée en tête, contre 50 % actuellement. « Les différentes tendances politiques pourront être représentées grâce à ce nouveau système », se réjouit Rémy Durrieu, délégué départemental adjoint du RN à Paris.
Pour le parti à la flamme, l’enjeu est double : accroître sa visibilité dans les arrondissements et envoyer des élus d’opposition à la mairie centrale. « En terme politique, ça permet de recentrer l’élection autour d’un candidat à la mairie centrale et de voter directement pour son maire d’arrondissement, c’est une très bonne chose », poursuit-il. Le fameux « une voix, un vote », mis en avant par le texte.
Une gauche réticente à la loi PLM
Hostile dans son principe, la gauche parisienne reste critique vis-à-vis de la nouvelle loi PLM. Emmanuel Grégoire, candidat socialiste à la municipale, insiste sur la nécessité de préserver l’équilibre institutionnel. « Dans ce nouveau cadre, je souhaite réaffirmer ma volonté d’œuvrer au renforcement de la démocratie locale, notamment en maintenant le rôle des arrondissements, relais de démocratie essentiels aux Parisiennes et aux Parisiens », écrit-il sur X.
Dans un registre plus offensif, Ian Brossat (PCF), également candidat, voit dans cette réforme une manœuvre taillée sur mesure pour la droite parisienne. Selon lui, « le Conseil constitutionnel a validé le tripatouillage électoral conçu pour arranger les affaires de Mme Dati ». Une situation qui, insiste-t-il, impose une réponse claire. « La gauche doit en tirer toutes les conséquences : union de la majorité municipale dès le premier tour ! », tranche-t-il.
Reste à déterminer qui saura tirer profit de cette nouvelle configuration. Pour Jack-Yves Bohbot, qui siège déjà au Conseil de Paris et est vice-président du groupe de Francis Szpiner, une chose est sûre : « La mairie centrale sera un vote très politique et l’étiquette va compter ».
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