OTTAWA — Le premier ministre Mark Carney s’est entretenu lundi avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, alors que les dirigeants mondiaux cherchaient à coordonner leur réponse au sommet américano-russe sur la guerre, qui n’inclura pas l’Ukraine.
Le président américain, Donald Trump, et le président russe, Vladimir Poutine, se préparent à se rencontrer en personne en Alaska vendredi.
Dans un compte rendu publié à l’issue de leur appel, le cabinet de M. Carney a déclaré que M. Zelenskyy et lui-même «ont salué le leadership exercé par le président Trump et les États-Unis pour assurer la paix en Ukraine».
«Les deux dirigeants ont souligné que les décisions concernant l’avenir de l’Ukraine doivent être prises par le peuple ukrainien, que les frontières internationales ne peuvent être modifiées par la force, que les efforts diplomatiques doivent être renforcés par une pression continue sur la Russie pour qu’elle mette fin à son agression et qu’il faudra des garanties solides et crédibles en matière de sécurité permettant à l’Ukraine de défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale», a indiqué le cabinet.
Dans une publication sur les réseaux sociaux, M. Zelensky a déclaré que M. Carney et lui-même étaient d’accord sur le fait qu’«aucune décision ne peut être prise sans garanties de sécurité claires».
Il a également dit que le premier ministre canadien et lui avaient convenu que la Russie cherchait à gagner du temps en participant au sommet et ne souhaitait pas sérieusement mettre fin à la guerre.
«Nous partageons le même point de vue, et il est évident que les Russes cherchent simplement à gagner du temps, et non à mettre fin à la guerre, a soutenu M. Zelensky. La situation sur le champ de bataille et les frappes brutales de la Russie contre les infrastructures civiles et la population le prouvent clairement.»
Le dirigeant ukrainien a également indiqué qu’il travaillait à coordonner une réponse avec ses alliés.
Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a invité Volodymyr Zelensky, Donald Trump et plusieurs dirigeants européens à des réunions mercredi.
La liste des invités comprend le vice-président américain J.D. Vance, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, ainsi que les dirigeants français, italien, britannique, finlandais et polonais.
Le cabinet de M. Carney et celui de la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, n’ont pas répondu aux questions à ce sujet.
Le cabinet de M. Merz a noté que les discussions porteront sur «d’autres options d’action pour faire pression sur la Russie» en plus d’aborder «les préparatifs d’éventuelles négociations de paix ainsi que les questions connexes de revendications territoriales et de sécurité».
Intégrité territoriale ukrainienne
La principale inquiétude des dirigeants internationaux est que MM. Trump et Poutine puissent convenir de conditions qui incluraient une perte de territoire pour l’Ukraine.
Le président Trump a suggéré qu’un tel accord pourrait inclure «certains échanges de territoires», mais l’Ukraine et ses soutiens en Europe affirment que rien n’indique que M. Poutine offrira quoi que ce soit en échange.
Les Européens reconnaissent qu’il est peu probable que Moscou ne renonce au contrôle du territoire ukrainien qu’il détient.
«Alors que nous œuvrons pour une paix durable et juste, le droit international est clair: tous les territoires temporairement occupés appartiennent à l’Ukraine, a soutenu Kaja Kallas, chef de la diplomatie européenne. Une paix durable signifie également que l’agression ne peut être récompensée.»
La Russie occupe la péninsule de Crimée depuis 2014. À la suite de l’invasion lancée il y a plus de trois ans, elle a annexé illégalement les régions de Donetsk et de Louhansk à l’est, ainsi que celles de Kherson et de Zaporijia au sud.
«La question du contrôle actuel des Russes (…) sur une partie de l’Ukraine doit être abordée» lors de toute négociation de paix après le sommet en Alaska, a déclaré Mark Rutte sur CBS dimanche. Il a ajouté que les alliés de l’Ukraine «ne pourront jamais accepter cela d’un point de vue juridique».
Dans un communiqué publié samedi, les dirigeants européens ont déclaré que des négociations constructives ne pourraient avoir lieu que dans le cadre d’un cessez-le-feu ou d’une réduction des hostilités, ajoutant que l’Ukraine avait «la liberté de choisir son propre destin».
L’Ukraine réclame des garanties de sécurité qui empêcheraient une nouvelle invasion. Les dirigeants européens estiment également que Kyiv ne devrait pas être limitée quant à la taille de son armée ou à l’équipement militaire qu’elle est autorisée à posséder.
Les membres de l’OTAN ont convenu en 2023 d’un processus permettant à l’Ukraine de devenir à terme un État membre. L’administration Trump a retiré cette adhésion de la table des négociations pour l’instant.
— Avec des informations de l’Associated Press
Sarah Ritchie, La Presse Canadienne