Le sourire d’Anas al-Sharif traverse son visage. Ses cheveux sont proprement peignés. Sa barbe est rasée de près. Il tient ses deux enfants, Sham et Salah, sur ses genoux. Eux aussi sourient. La photo apparaît sur son compte Instagram, juste au-dessus de son testament, publié dimanche 10 août. Un texte qu’il avait écrit en avril, dans l’éventualité où il mourrait sous les bombes, à Gaza. Ce jour est arrivé.

«Si ces mots vous parviennent, sachez qu’Israël a réussi à me tuer et à faire taire ma voix», dit-il de manière posthume à ses 1,6 million d’abonnés. Anas al-Sharif était correspondant pour la chaîne d’information Al-Jazeera et faisait partie des derniers journalistes à raconter la vie dans le nord de l’enclave palestinienne. Il se trouvait dans une tente à proximité du complexe médical Al-Shifa, à Gaza City, lorsqu’il a été pris pour cible par l’armée israélienne. Quelques minutes avant sa mort, Anas al-Sharif couvrait pour sa ch