Par

Thomas Blanc

Publié le

12 août 2025 à 6h04

Depuis cinq ans, Benoît Payan (DVG) promet de placer Marseille à l’avant-garde de la protection animale, mais le bilan laisse un goût amer, selon une association. Malgré beaucoup de promesses durant la campagne municipale, certains des principaux acteurs du secteur regrettent « l’absence de politique publique ambitieuse en matière de condition animale ». La gestion des animaux urbains est également souvent critiquée.  L’heure du bilan sonne, il n’est pas catastrophique mais loin d’être flatteur pour la municipalité marseillaise.

L’association Paz, qui défend les intérêts des animaux, réagit aux différentes prises de position faite par la Ville de Marseille tout au long de la période 2020-2025 sur cette thématique. Même, si ce n’est pas une grande réussite, elle n’y voit pas que du mal.

Plusieurs points noirs

Amandine Sanvisens, co-fondatrice de Paz, évoque plusieurs sujets sources de crispations entre la municipalité et les associations de défense des animaux.

En premier lieu celui des pigeons par exemple, dont on estime à 80000 la population à Marseille, Paz juge les méthodes de capture et de stérilisation de ces derniers pratiquées par les services municipaux « cruelles ». « Chaque année, dans la cité phocéenne, 3400 pigeons étaient gazés et 600 stérilisés chirurgicalement », précise d’ailleurs l’association.

La mairie a depuis 2024 mis un terme à cette pratique. Christine Juste adjointe (EELV) au maire chargée entre autres de l’animal dans la ville admet auprès d’actu Marseille des méthodes « de stérilisation qui faisaient augmenter le taux de mortalité de ces oiseaux et qui étaient donc cruelles, tout comme l’euthanasie », anciennement pratiquée également.

La Ville rectifie le tir

Aujourd’hui, la mairie a fait installer huit pigeonniers dans les parcs de la ville dans lesquels ces oiseaux viennent naturellement nicher et pondre et où une équipe vient ensuite stériliser les œufs.

Aussi, l’association regrette que « la Ville de Marseille n’ait jamais pris position contre la pêche au vif alors que d’autres mairies l’ont fait notamment Paris, Saint-Etienne et Strasbourg. »

Une situation confirmée par Christine Juste qui convient du fait qu’il faudrait agir mais que « ce n’est malheureusement pas une compétence de la Ville, je ne peux pas prendre un arrêté pour l’interdire. Nous pouvons seulement sensibiliser au fait que les poissons, comme tout être vivant ont la capacité de souffrir », soutient l’élue.

L’irritation autour des salons d’animaux de compagnies

Le « salon des animaux de compagnie et de leur bien-être », et son successeur « Animal Mania » prenant place tous les ans au parc Chanot cristallise aussi toutes les tensions. À cet évènement, il est possible d’acheter des animaux de compagnie (chien, chat, hamster, etc.) sans le recul légal de sept jours imposé par la loi du 30 novembre 2021.

Ce type de salons marchandise des animaux de compagnie et alimente les abandons.

Amandine Sanvisens
Co-fondatrice de Paz

Sur ce sujet, la mairie est sur la même longueur d’onde, « il n’y a aucun doute à avoir sur le fait que nous sommes très en colère que ce type de salons puisse se tenir à Marseille et nous avons fait la demande à GL Events, qui gère le parc Chanot, que l’édition 2026 soit la dernière », s’insurge également Christine Juste.

Ce salon se tiendra les 10 et 11 janvier 2026. Contactée par actu Marseille, l’entreprise l’organisant n’a pas répondu à nos sollicitations.

Des positions fortes sur certains sujets

Cependant, Paz n’a pas que des griefs à faire à la Ville de Marseille.

Depuis 2024 et la création d’une Charte du bien-être animal à Marseille, la Ville a nommé une délégation à la condition animale qui « veille au respect des droits des animaux et met en œuvre les moyens concrets de protection des animaux » d’après cette dernière. Preuve que la Ville ne délaisse pas ce sujet et reste « engagée contre la maltraitance et pour le bien-être animal » d’après ses services.

C’est peut-être cette corde sensible là qui a fait prendre à Benoît Payan la décision en 2022 de bannir les cirques utilisant des animaux sauvages de Marseille. Ce que Paz décrit comme « une avancée » qu’elle « salue ». En 2021, le maire affichait déjà publiquement son hostilité envers ces spectacles.

Christine Juste, ajoute que la Ville a sur ce point « pris des risques du point de vue légal puisque la loi en vigueur à ce sujet n’est effective qu’à partir de 2028. »

Au coin des bonnes nouvelles se trouve aussi l’épisode de la fin des balades à dos de poney au parc Longchamp, une dynamique depuis suivie par plusieurs villes dont celle de Paris, également dirigée par une coalition de gauche.

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