Le jardin Compans-Caffarelli, à Toulouse (Haute-Garonne), où l’on retrouve Gaël Maignan, abrite des chênes, des frênes, des pins sylvestres mais aussi des pommiers, des poiriers, des amandiers, un cerisier, des pêchers, des noisetiers… et donc leurs fruits. « La grande majorité des arbres sont comestibles », rappelle l’urbaniste de 21 ans, récemment diplômé en génie urbain de l’École des ingénieurs de la Ville de Paris (EIVP) et créateur de l’application Urbanivore.

Une affirmation qui n’a rien d’une évidence pour nombre de ceux qui côtoient ces arbres au quotidien, mais aussi pour Gaël Maignan, qui reconnaît aisément qu’il était « très mauvais en botanique ». « J’avais un peu honte. Je voulais travailler cela et, en même temps, profiter de mes compétences en cartographie acquises à l’EIVP », explique-t-il.

C’est ainsi qu’il a eu l’idée de créer une application utilisant les données des collectivités pour cartographier les arbres comestibles accessibles dans l’espace public. « J’ai développé un code open source, pour que chacun puisse se le réapproprier. L’aspect technique m’a pris environ un mois. J’ai ensuite été aidé par des amis pour trouver des recettes », détaille Gaël Maignan.

Car non content de localiser quelques dizaines de milliers d’arbres dans sept villes de France, Urbanivore propose pour chaque essence une liste de recettes. De la tarte aux mûres blanches au sirop de fleur de sureau noir en passant par les beignets de fleur de l’arbre de Judée, plus d’une centaine en tout. « On parle beaucoup de végétalisation de l’espace urbain », poursuit l’ingénieur. « Avec les arbres comestibles, cela donne un intérêt supplémentaire pour les habitants. On peut se réapproprier cet espace et cueillir la ville. »

L’intérêt de l’open data

Outre Toulouse, où son père est installé, Gaël Maignan propose cette application pour Paris, Lyon, Bordeaux, Grenoble, Strasbourg et Rennes. « Des personnes m’envoient des jeux de données. Il faut les structurer car elles ne sont pas forcément harmonisées », observe le jeune homme qui ne manque pas d’idées.

Selon lui, les données en open data sont un moyen de communiquer de nombreuses informations et de sensibiliser la population sur les questions liées à l’environnement. « On peut envisager de cartographier les espaces de fraîcheur, par exemple », argumente-t-il. « Mais cela peut être une forme de pouvoir, pour vérifier par exemple la réalité ou l’état de végétalisation dans les villes. »

Passionné d’art, Gaël Maignan souhaite par ailleurs développer un projet mêlant photographie et urbanisme en Grèce et, pourquoi pas, en Ukraine. Il envisage aussi de compléter sa formation à l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg. Un jeune homme plein de ressources, comme nos villes.