Donald Trump a dit, lundi 11 août, vouloir « tâter le terrain » lors de sa rencontre prévue vendredi avec Vladimir Poutine, dont Volodymyr Zelensky et les dirigeants européens redoutent qu’elle ne débouche sur une issue défavorable à l’Ukraine.

Le président américain est resté vague sur ses attentes, disant espérer une rencontre « constructive » en Alaska et soulignant au passage, sur un ton approbateur, qu’il était « très respectueux » de la part de son homologue russe de se déplacer ainsi en territoire américain.

Il a glissé une remarque propre à inquiéter le président ukrainien et ses alliés européens, en se disant « un peu contrarié que (Volodymyr) Zelensky dise ‘je dois avoir une autorisation constitutionnelle’ pour céder des territoires. « Car il y aura des échanges de territoires », a-t-il prédit, alors que l’armée russe occupe actuellement environ 20 % du territoire ukrainien.

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A entendre Donald Trump, la rencontre de vendredi, sa première en personne avec Vladimir Poutine depuis 2019, doit permettre à terme un sommet entre les chefs d’Etat ukrainien et russe. « Au bout du compte je vais les mettre tous deux dans une pièce, j’y serai ou je n’y serai pas, et je pense que cela va se régler », a dit le républicain de 79 ans. Il a aussi indiqué, et ce n’est pas la première fois, qu’il pourrait aussi se désintéresser totalement du conflit déclenché par l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.

« Peut-être que je dirai ‘Bonne chance, continuez à vous battre’. Ou peut-être que je dirai ‘Nous pouvons trouver un accord' », a lancé Donald Trump, qui a rompu avec la stratégie de soutien à l’Ukraine de son prédécesseur Joe Biden dès son retour à la Maison-Blanche, le 20 janvier. Dans un curieux lapsus, il a dit, par deux fois, que la réunion avec Vladimir Poutine aurait lieu « en Russie », plutôt qu’en Alaska – territoire cédé par la Russie aux Américains au XIXe siècle.

Pression des Européens

Volodymyr Zelensky l’a une nouvelle fois appelé à ne pas céder aux exigences du chef du Kremlin. « La Russie refuse d’arrêter les massacres et ne doit donc pas recevoir de récompenses ou d’avantages. Et ce n’est pas seulement une position morale, c’est une position rationnelle », a écrit le président ukrainien sur Facebook.

Les Européens, que Donald Trump s’est engagé à contacter sitôt sa rencontre avec Poutine finie, s’efforcent de leur côté de peser sur le président américain, à l’humeur notoirement fluctuante, d’ici vendredi.

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« Les Ukrainiens doivent avoir la liberté de décider de leur avenir », ont insisté mardi les dirigeants des pays de l’Union européenne – dans un texte auquel la Hongrie ne s’est pas associée -, tout en saluant « les efforts du président Trump pour mettre fin à la guerre ».

Donald Trump a par ailleurs été invité à se joindre aux dirigeants de plusieurs pays européens – France, Royaume-Uni, Italie, Pologne et Finlande -, de l’UE, de l’Ukraine et de l’Otan pour une visioconférence mercredi. Il s’agira, selon l’Allemagne, de réfléchir à d’éventuelles « actions supplémentaires » pour « exercer une pression sur la Russie » mais aussi à « la préparation de possibles négociations de paix » et aux questions « relatives aux revendications territoriales et aux garanties de sécurité » qui en découlent.