Après avoir retrouvé les phases finales de Top 14 et de Champions Cup, Toulon n’a rien révolutionné. Cette stabilité doit permettre, à long terme, aux Rouge et Noir de retrouver le goût des trophées.

« Pour le staff sportif, nous n’avons rien changé. Pour aller plus loin et vite, il faut stabiliser les choses. » Les supporters des Rouge et Noir ont certainement dû se pincer pour croire aux propos de Pierre Mignoni. Pour la première fois depuis la période dorée de Bernard Laporte, Toulon a fait une entorse à sa culture du changement permanent.

Le président Bernard Lemaître a beau répéter qu’il ne travaillait que sur le « temps long » avec une vision de « bâtisseur », l’entrepreneur a déjà été contraint de prendre des décisions (limogeage de Patrice Collazo) ou de les subir (départs de Franck Azéma et de Romain Poite ces dernières saisons). « La dernière année a démontré une capacité à franchir de nouvelles marches, note l’homme d’affaires. On espérait faire un peu mieux. C’est logique dans un esprit sportif. Aujourd’hui, nous savons que pour franchir les deux marches qui nous manquent, il faut aller plus loin. On vit dans ces conditions et cet espoir. On se donne les moyens pour ça. Au sein du club, j’ai la réputation d’être un impatient (sourire). C’est vrai que j’aime aller vite et fort, mais il y a des domaines où nous sommes obligés de prendre patience. Une équipe se construit, tout comme un club. Ça se construit dans la durée et dans le temps, par des petites retouches. Nous sommes en train de le faire, mais nous ne pouvons pas aller plus vite que la musique. Des concurrents ont pris de l’avance. Nous sommes dans une situation, ici, où nous sommes déjà contents d’être dans les trois ou quatre meilleurs clubs de la saison passée. Il faut désormais durer dans cette position, avec l’envie de monter une ou deux marches de plus. »

Se stabiliser dans le top 4 et être ambitieux en Champions Cup

Ce désir de sommet est partagé entre les deux compétitions. « Quand nous sommes à Toulon, expose Mignoni, il faut viser le top 4 en championnat. Il faut être ambitieux, et vouloir chercher les choses comme l’an dernier. Je peux juste vous garantir que l’on va tout faire pour revenir. On doit avoir beaucoup d’humilité par rapport à ce que l’on a fait. On repart à zéro. Pour faire mieux, il faut faire plus un peu tous les jours. On doit faire plus au sein du club, au niveau des joueurs, du staff, de l’administratif. On doit avoir, ensemble, une même vision pour gagner de l’expérience. Il faut s’améliorer. Pour la coupe d’Europe, ça sera pareil. On prend du plaisir dans cette compétition. La poule sera difficile, mais excitante. Il est hors de question de ne pas jouer cette compétition, on jouera à fond toutes les compétitions. On jouera avec nos tripes. »

C’est finalement dans la coulisse, éloignée du rectangle vert, que les changements sont intervenus. Dans l’optique de retrouver « un équilibre économique » et de préparer sa succession, Lemaître œuvre aux côtés de son bras droit Jessica Casanova. Plusieurs collaborateurs ont quitté le navire varois ces derniers mois, dont le dernier en date se nomme Mathias Icard (directeur des revenus depuis 2023). Martin d’Argenlieu a été recruté au poste de directeur général adjoint, et l’intéressé a récupéré une partie du portefeuille. « Il n’y a que Trump qui sait réduire un déficit de 50 % en un an, sourit le président. On sait que ça prendra trois saisons. Nous visons donc l’exercice 2027-2028. Ça passe par ce que j’appelle le cahier de la cuisinière : augmenter les recettes et maîtriser les dépenses. Ces dernières sont inséparables, également, des ambitions sportives du club. Nous sommes dans un rugby assez long […], et on ne peut pas fonctionner avec moins de 40 joueurs. Parmi ces éléments, il faut un niveau qualitatif. C’est aussi contradictoire avec le salary cap. Vous voyez, il y a des éléments à prendre en compte. Nous évoluons dans ce contexte. » Dans ce jeu d’enfants qu’est le rugby, il y a bien des enjeux d’adultes.