REPORTAGE – Alors que le thermomètre affichait 41,6°C la veille, les températures restent très élevées ce mardi avec 43°C ressentis dans l’après-midi. Habitants et touristes cherchent le moindre îlot de fraîcheur.
«Maman, on peut rester ici tout l’après-midi ?» L’emblématique miroir d’eau du centre-ville de Bordeaux est habituellement le lieu préféré des enfants du Port de la Lune. Mais, sous le soleil de plomb de ce mardi 12 août, même les adultes n’hésitent pas à y tremper les pieds pour se rafraîchir. «C’est l’endroit idéal, mais visiblement, on a tous eu la même idée», sourit Alain, retraité. «On pensait juste rester une petite demi-heure avec les petits-enfants… Ça fait plus de deux heures qu’on est là», confesse-t-il, amusé.
Lundi, Bordeaux a enregistré la température la plus élevée de son histoire. À 16h, La chaîne météo* avait relevé 41,6°C, battant ainsi le précédent record de 41,2°C qui datait du 23 juillet 2019. Cette nouvelle valeur dépasse également celle de la canicule historique de 2003, où le thermomètre avait atteint 40,7°C.
«C’est presque irrespirable»
Bouteille d’eau, casquette, chapeau, brumisateur… Les Bordelais et les touristes se sont donc tous équipés pour lutter contre cette chaleur étouffante. «On n’est venus que pour deux jours, alors on n’a pas beaucoup de temps pour visiter. On fait au mieux et on essaie de marcher à l’ombre. Et puis dès qu’on fatigue ou qu’on a trop chaud, on fait une pause et on s’hydrate», nous confie un couple de touristes allemands. D’autres se sont levés plus tôt que d’habitude. «On a décidé de sortir avec les enfants dès 9h ce matin. On va rester dehors jusqu’à 13h. Après, quand on approche des 40 degrés, ce n’est plus possible pour les enfants, et c’est dangereux», explique Priscilla, mère de famille. «Hier (lundi), on a sorti les enfants au parc de 19h à 21h», raconte-t-elle. Pour faire face à cet épisode de canicule, la mairie écologiste a mis en place des mesures particulières. Les horaires d’ouverture des parcs et jardins sont étendus jusqu’à 23h, tandis que ceux des piscines sont élargis, jusqu’à 20h.
Marie, 23 ans et étudiante en sociologie, est sortie de son appartement du centre-ville pour déguster un café glacé. «Je suis obligée d’être dehors, parce que mon appartement est sous les toits et qu’il fait encore plus chaud à l’intérieur qu’à l’extérieur. Je vais prendre mon mal en patience. Mais ça fait trois ans que j’habite à Bordeaux, et on n’a jamais vu ça ici !» Forcément, la jeune femme s’interroge. «C’est presque irrespirable. On a beau se dire que c’est l’été, ça n’a plus rien de normal. Parfois, je me dis juste que c’est le signe que le climat est en train de basculer sous nos yeux… C’est inquiétant», livre-t-elle.
Un dispositif pour les sans-abri
Dans le centre historique, on aperçoit des queues de 10 à 15 mètres devant les marchands de glaces. Les parasols sont de sortie sur toutes les terrasses des cafés. «Dès que des clients commandent, ils nous demandent systématiquement une carafe d’eau en plus», explique Sofiane, serveur dans un bar, près de la place Saint-Pierre. «Hier (lundi), on a eu du monde le midi, puis à partir de 19h. De 15h à 18h, les rues étaient désertes», affirme le gérant d’un bistrot de la place du Parlement.
Pour les plus vulnérables, comme les sans-abri, la mairie de Bordeaux a ouvert le centre Jean-Moulin, grâce à la mobilisation de la réserve citoyenne métropolitaine, en appui de la sécurité civile et de la Croix-Rouge, ainsi que des partenaires associatifs. Le lieu est naturellement frais grâce à ses murs en pierre, et permet d’accueillir les personnes qui recherchent quelques heures de répit. À deux pas du centre, juste en face de la mairie, un grand camion blanc de la Croix-Rouge complète le dispositif d’urgence destiné aux sans-abri, avec des douches fraîches installées dans le véhicule.
Canicule et feux de forêt
Avec ces températures exceptionnelles, la surveillance de la baignade à Bordeaux-Lac est également prolongée jusqu’à 20h.
Dans le département, la vague de chaleur a favorisé plusieurs incendies de forêt survenus ces derniers jours, notamment à Captieux et Mérignac. Tout le monde, ici, a en tête les terribles incendies de Landiras, en 2022, où 30.000 hectares avaient été brûlés. Au vu des conditions météorologiques, de l’analyse de l’état de la végétation et en concertation avec un comité d’experts, Étienne Guyot, le préfet de la Gironde, a placé le département en «Vigilance rouge feux de forêt», jusqu’à mercredi soir.
*La Chaîne météo est une propriété du Groupe Figaro.